Procès Siné : le procureur demande la relaxe

Le procureur a demandé la relaxe du dessinateur Siné accusé d'incitation à la haine raciale. Médiatique le premier jour avec l'intervention de témoins comme BHL ou Bedos, le procès a souvent été celui de Charlie Hebdo, du conflit entre Val et Siné ou celui de propos tenus par Siné en 1982. La partie civile, la Licra, a tenté de dresser le portrait d'un Siné d'extrême droite quand l'accusé prévenait qu'il ne courberait jamais l'échine. L'avocat de Charlie Hebdo a trouvé une formule dans sa plaidoirie résumant bien le procès Siné à Lyon : 'c'est une famille qui se déchire'. Le tribunal devra pourtant trancher dans un mois non sur un divorce mais sur une incitation à la haine raciale. Réponse le 24 février

13 h 24 : les avocats de Siné ont le sourire. 'Il s'agissait d'un procès bête et méchant', pointe Me Lévy. 'Le terme d'antisémite a été galvaudé, instrumentalisé pour virer Siné de Charlie Hebdo et rendre services au président de la République', accuse Me Tricaud. La partie civile regrette, elle, de son côté que la manière dont le parquet a traité le procès. 'J'aurai aimé que l'on s'intéresse au vrai problème. Que les curseurs de limites à ne pas dépasser évoluent avec la société. On parle d'une jurisprudence de 1952 sur l'antisémitisme raisonnable. Nous sommes en 2009'.

13 h 18 : Fernand Schir, le président de la sixième chambre du tribunal correctionnel de Lyon, met fin à l'audience. Il donne rendez-vous aux deux parties le 24 février pour rendre le jugement. Le fait marquant de la matinée et sûrement de tout le procès aura été l'intervention du procureur demandant la relaxe de Siné. Pendant deux jours, les débats ont plus tournés autour de la personnalité de Maurice Sinet, alias Siné, plutôt que sur les chroniques et leur caractère d'incitation à la haine raciale. Le linge sale de Charlie Hebdo vient d'être lavé en public pendant deux jours. Dans un mois, le tribunal rendra un jugement fort en terme de jurisprudence. L'affaire Siné n'est pas tout à fait finie.

12 h 53 : dernier acte du procès : la plaidoirie Me Lévy, l'un des deux avocats de Siné. Son intervention se transforme en charge contre Philippe Val : 'il s'est mal conduit, déshonoré, il n'a assumé aucune responsabilité'. Sur les chroniques en elle-même, Me Lévy reprend les arguments du procureur, qui a demandé la relaxe de Siné, pour défendre son client. 'La chronique du 2 juillet ne parle que de Jean Sarkozy. Elle n'attaque pas la communauté juive'.

12 h 12 : les avocats de la défense commencent leurs plaidoiries. Me Tricaud s'emporte contre les raccourcis de la partie civile, ses retours en arrière, les omissions sur le passé de Siné. 'Siné ne s'attaque pas à une communauté religieuse mais à quelques pratiques individuelles, ce qui lui paraît être une multiplication des signes ostentatoires. Ce qui lui pose problème, c'est la montée du communautarisme. Il ne dénonce qu'une partie des pratiques d'une communauté', développe-t-il. Juridiquement, il appuie sa plaidoirie sur la jurisprudence du procès des caricatures de Charlie Hebdo. Et de politiser le débat en évoquant l'amitié entre le président de la Licra et Nicolas Sarkozy comme la toile de fonds de ce procès.

11 h 47 : l'avocat de Charlie Hebdo, Me Malka, plaide en qualité de civilement responsable. Il commence par pointer du doigt le fait qu'il défend habituellement Siné, que Me Lévy, l'avocat de la défense, défend habituellement Dominique Sopo, témoin de la partie civile la veille, et et qu'il est ami avec Bernard Henri-Lévy. Avant de résumer : 'ce que vous avez devant vous, c'est une famille qui se déchire'. Il ne manque toutefois pas de protéger Philippe Val en accablant Siné, continuant ainsi son travail commencé lors de la première journée d'audience. 'Ethiquement, je réprouve les propos de Siné', souligne-t-il. Le procès Siné aura aussi, par moments, été celui de Charlie Hebdo et de Philippe Val.

11 h 14 : Siné peut compter sur un soutien qu'il n'attendait pas forcément : le procureur. 'Dans la première chronique, il ne m'apparaît pas que Siné stigmatise une communauté religieuse', analyse-t-il. Au sujet de la chronique sur Jean Sarkozy du 11 juillet, le procureur estime que le terrain judiciaire concerné n'est pas celui de l'incitation à la haine raciale mais de l'outrage ou de la diffamation. 'On n'a pas le droit de sortir des phrases de leur contexte satirique. Nous sommes sur le terrain du droit pénal et il ne se réduit pas à la morale. La chronique est politiquement incorrecte mais aujourd'hui tolérerait-on les écrits de Coluche ou Desproges. On attendait aussi Siné sur des propos de 82 qui incitaient, eux, à la haine. Le procès n'a pas été fait en 82, il ne faut pas lui faire payer ses propos de 82. Je vous demande de bien vouloir relaxer Siné', requiert-il.

11 h 05 : Me Jakubowicz conclut sa plaidoirie en demandant au juge de dire que 'la ligne jaune a été franchie'. Fidèle à sa ligne de conduite depuis le début du procès, l'avocat de la Licra a dressé le portrait d'un dessinateur qui a une obsession contre les juifs, d'extrême droite, habitués des dérapages. Il se réfère autant aux propos du dessinateur qu'à sa personnalité. Avant de le qualifier de tribun politique et plus seulement de caricaturiste.

9 h 54 : les plaidoiries commencent avec celle d'Alain Jakubowicz, avocat de la Licra. 'Hier, nous avons dit des choses essentielles sur la photographie de notre société et je regrette que Maurice Sinet ne soit pas là aujourd'hui', déplore-t-il. Me Jakubowicz attaque son exercice de style en relisant les chroniques de Siné et en insistant sur le fait que les témoins appelés par Siné étaient 'aveuglés' par leur lien d'amitié avec Siné.

9 h 50 : Siné quitte le tribunal et repart à Paris.

9 h 30 : Me Lévy, avocat de Siné, annonce au juge Schir que son client vient de faire un malaise et qu'il ne sera présent à l'audience.

9 h 27 : dans les couloirs du tribunal correctionnel de Lyon, Siné se sent mal. Assis sur un banc, il demande l'intervention des pompiers. Le dessinateur passe habituellement 16 heures par jour sous assistance respiratoire. Hier, il n'en pas a eu et manque de force à l'heure d'affronter le deuxième jour de son procès. Les pompiers le placent sous assistance respiratoire. L'entourage de Siné avoue que le dessinateur va rentrer sur Paris.

Résumé de la première journée du procès :

21 h 35 : le dernier témoin de la journée vient de s'exprimer à la barre. Le président de la sixième chambre du tribunal correctionnel de Lyon suspend l'audience jusqu'à demain matin. Après une journée riche en empoignade d'avocats, les débats n'ont pas grandement avancé. Durant toute l'audience, le procès a mélangé l'histoire de l'antisémitisme en France, la situation au Proche-Orient, l'extrême droite, Charlie Hebdo et Siné et ses chroniques dont la justice doit trancher sur leur caractère d'incitation à la haine raciale. Me Jakubowicz, avocat de la Licra, la partie civile, a tenté durant la journée de dresser le portrait d'un Siné d'extrême droite. 'C'est le fantasme de Me Jakubowicz', a laconiquement commenté Me Lévy, l'un des avocats de Siné. Le conseil de la Licra a souvent interrogé les témoins cités par la défense en leur demandant de donner leur réaction si les propos de Siné avait été tenu par Jean-Marie Le Pen. 'Le masque de Monsieur Sinet est tombé, c'est un bon gros raciste et antisémite. Il ne supporte pas de voir des femmes voilées. Nous sommes dans le premier degré digne du FN de la grande époque. Ses témoins, des amis de 50 ans, ont été touchants mais il n'y a pas d'immunité car il est de gauche', a résumé Alain Jakubowicz. De son côté, les avocats et témoins de la défense ont tenté de dresser le portrait d'un dessinateur engagé contre le racisme. 'La partie civile n'a rien à tirer des propos de Siné et ressasse des vieilles merdes de 1982', a insisté Me Tricaud, l'un des avocats du fondateur de Siné Hebdo. Le procès reprendra mercredi matin à 9 heures 30 avec les plaidoiries des avocats et le réquisitoire du procureur.

21 h 16 : le témoignage de la linguiste, citée par la défense, touche à sa fin. 'Voyez-vous une dimension antisémite dans l'article du 11 juillet', lui demande Fernand Schir, le président de la sixième chambre du tribunal correctionnel de Lyon. La linguiste répond par la négative.

20 h 57 : le dernier témoin, une linguiste se présente à la barre. Elle décrit la première chronique comme suivant le fil conducteur de l'habillement et des femmes. 'La première partie est violente, typique de la satire. On est dans la démesure, l'indignation. Nous ne sommes pas dans le vraisemblable, le réalisme. Siné n'est pas dans du projet mais du fantasme. Tout le journal relève de la satire, on sait ce que l'on va lire dans Charlie Hebdo', commente-t-elle.

20 h 02 : Siné déambule lentement dans les couloirs du tribunal correctionnel de Lyon. 'Je suis HS', confie-t-il. Il n'en dira pas plus ce soir. Pendant toute l'audience, il est resté assis sur sa chaise regardant droit devant lui les juges. Il a gardé son manteau et très peu communiqué avec ses avocats. De son côté, Me Tricaud, son avocat, se plaint : 'on ne parle pas des faits'.

19 h 49 : la journée n'est pas encore terminée. Le juge veut entendre tous les témoins et demande une suspension d'audience de 15 minutes.

18 h 47 : le bal des témoins continue. La partie civile, la Licra, appelle Dominique Sopo à la barre. Le président de SOS Racisme réfute l'argument de la défense selon lequel Siné dénonce les intégristes religieux. Pour lui, dans les chroniques publiées dans les colonnes de Charlie Hebdo, Siné incite à la haine raciale en agitant 'le balancement entre les arabes défavorisés et les juifs favorisés'.

19 h 14 : la défense cite Sid Ahmed Ghozali pour 'redorer' le blason de Siné. L'ancien Premier ministre algérien dresse le portrait de son ami, de son frère, Siné. 'Je ne lui connais que des amis arabes, juifs ou noirs, que des femmes juives. Si je devais le résumer en un mot, je dirai anti-raciste. Bob Siné est un humaniste'. Après Sid Ahmed Ghozali, qui se déclare musulman à la barre, c'est Marc Feld, un architecte et ami de Siné, qui s'installe à la barre en se présentant assez rapidement comme juif. 'Au fond, Siné est un juif d'honneur', conclut-il.

18 h : dès ses premiers mots à la barre, Guy Bedos déclenche quelques rires dans la salle d'audience. C'est la seconde fois qu'il vient témoigner en faveur de son ami Siné dans un tribunal après 1982 (voir l'article sur notre site Siné déconne). Entre Bedos et l'avocat de la partie civile, Me Jakubowicz, le ton monte : 'Ce matin, Maurice Sinet a dit : 'chez moi à Noisy-le-Sec, j'ai l'impression d'être à la mosquée et au marché, nous sommes moitié-moitié. Qu'en pensez-vous ?'. La réponse de Bedos ne se fait pas attendre : 'Tu m'emmerdes'. La suite du témoignage se fera dans une ambiance plus bon enfant. 'Siné est un provocateur, un malade de la provocation. Et il vous a encore montré ce matin qu'il peut aggraver son cas. Siné l'humoriste, il faut savoir le lire. L'humour est une langue étrangère et parfois il faut des sous-titres', souligne l'humoriste. Avant d'ajouter : 'Quelque chose me heurte, on pourchasse l'antisémite comme le faisait Mac Carthy avec de pseudos communistes. Mais que l'on recherche les vrais antisémites'.

17 h 16 : Juste après le départ de Bernard Henri-Lévy, la salle d'audience se vide. Le procès redevient en quelques minutes moins glamour et médiatique. A la barre, Gérard Filoche, co-fondateur de SOS Racisme, succède à BHL et exprime son incrédulité de témoigner au procès de son ami dessinateur : 'Je n'aurai jamais cru que Siné serait un jour accusé de ce dont il est accusé aujourd'hui'.
16 h 48 : Bernard Henri-Lévy clôture son témoignage en faisant référence au capitaine Dreyfus, 'c'est toujours la même histoire' et en appelant à la condamnation de Siné : 'S'il n'y a pas de condamnation et que l'on peut dire impunément les trois assertions de Siné, c'est un signal épouvantable que l'on enverra à notre pays'.

16 h 25 : après un peu moins de deux heures de témoignage, Philippe Val quitte la barre. L'avocat de la défense l'a accusé d'avoir accablé son client en conclusion de son audition. Le juge annonce le report des plaidoiries à mercredi. La fin de journée de mardi sera consacrée à l'audition des autres témoins de la défense et de la partie civile. BHL, témoin médiatique, cité par la Licra se présente à la barre et répète dans les grandes lignes ce qu'il avait déclaré à la presse quelques heures plus tôt (voir 14h18). Il critique les stéréotypes 'riche-juif' véhiculés dans la chronique de Siné. 'Ce stéréotype jette le feu dans la tête des gens', déclame-t-il.

14 h 46 : le juge convoque les témoins. Philippe Val, directeur de la publication de Charlie Hebdo, ouvre le bal. Sans le moindre regard pour son ancien salarié, il répond aux questions et se désolidarise de Siné. Il ne se ménage pas lui-même : 'J'ai une responsabilité, j'aurai du relire la chronique en tant que directeur de la publication(...) Je savais parfois qu'il avait parfois des problèmes sur des questions de xénophobie ou de racisme. Je suis souvent intervenu pour remplacer une phrase ou un paragraphe dans une chronique de Siné', rappelle Philippe Val. Quelques instants plus tard, interrogé par Me Jakubowicz, il en remet une couche : 'ses propos sont moralement et éthiquement condamnables'. Le témoignage de son ancien patron accable Siné. 'Je réprouve ce que dit Siné dans cette chronique', ajoute le directeur de la publication de Charlie Hebdo.

14 h 30 : l'audience reprend avec un nouvel interrogatoire sur la personnalité et la carrière de Siné. Le vieux dessinateur reprend l'intégralité de ses distinctions et de ses amis. Il garde la même ligne de conduite et dit qu'il continuera de sévir dans la presse. 'Je refuse de plier l'échine', glisse Siné. Me Jakubowicz continue de dépeindre un dessinateur d'extrême droite et le pousse à reconnaître que les femmes voilées le dérange. Siné répond toujours : 'je me bats contre les inégalités'.

14 h 18 : arrivée de BHL entouré de cinq gardes du corps. Le philosophe a répondu présent à l'appel de la Licra qui l'a cité comme témoin. 'Les propos de Siné tombent sous le coup de la loi. Dans le climat actuel, ses propos sont irresponsables et indignes. On ne peut pas dire d'une femme qui porte le voile qu'on va lui botter le cul, dire d'enfants qui ne mangent pas de porc qu'on va leur jetter un plat de saucisse dans la figure et qu'une conversion au judaïsme est un moyen de s'enrichir et de grimper l'échelle sociale. Ces trois assertions sont la ligne jaune à ne pas franchir entre le rire de bon aloi et le racisme. Il est possible et bien de critiquer les religions mais s'attaquer à des personnes en espérant créer un effet de répulsion ou de rejet, cela s'appelle du racisme et de l'antisémitisme. C'est navrant car Siné est un bon dessinateur mais ses propos sont inacceptables et je trouve bien que la Licra se soit élevé contre les propos de Siné'.

12 h 18 : après une matinée d'audience, Me Alain Jakubowicz improvise une conférence de presse où il continue sur la lancée de son interrogatoire avec Siné : 'les masques tombent aujourd'hui. Siné apparaît comme le gros beauf qui utilise des arguments d'extrême droite quand il dit : 'il y en a de partout'. Sa véritable personnalité apparaît. La société a changé, on ne peut plus faire de blagues grasses sur les blacks, les youpins ou les bicots. Dans ses propos, il y a les prémices d'une incitation à la haine raciale, un vision passéiste de la société. Si Jean-Marie Le Pen avait tenu de tels propos, personne ne s'offusquerait de ce procès. Il n'y a pas d'impunité pour Monsieur Sinet'.

12 h 05 : Me Jakubowicz interroge Siné sur ses chroniques et ses intentions. Il revient sur les déclarations précédentes du dessinateur : 'Quand vous dites, il y en a partout au supermarché, de qui parlez-vous', 'vous avez reconnu que vos propos étaient condamnables en acceptant de signer la lettre d'excuse que vous a demandé Philippe Val'. Siné garde son style provocateur et argotique mais semble moins à l'aise. Juste avant que le juge ne suspende la séance le temps d'une pause déjeuner, Me Jakubowicz souligne la présence de Maurice Sinet, alias Siné, à une soirée de la liste Euro-Palestine dont il établit la parenté avec Dieudonné et reprend des articles de presse évoquant Siné faisant siffler des patronymes juifs. Après des questions de procédures en début de matinée, l'audience se politise et entre dans le vif du sujet. Siné ne se démonte pas, la défense de la partie civile non plus.

11 h 54 : les débats prennent une tournure sérieuse. Le juge demande à Siné si l'on peut rire de tout. 'Si les gens n'aiment pas qu'ils n'achètent pas. Quand je vois la messe le dimanche matin sur France 2, je suis bouleversé tellement je suis choqué. Je ne voulais pas exhorter à la haine raciale. Les bras m'en tombent quand je vois la mauvaise foi des gens qui me poursuivent', répond Siné.

11 h 44 : Siné est à la barre. Il répond aux questions du juge sur ses chroniques. Le vieil homme ne se départit pas de son humour et de son goût de la provocation mais n'élude pas les questions du juge. 'Il s'agit de propos humoristiques destinés à faire rire, sourire. Je ne tiens pas une chronique dans le Monde Diplomatique. Je reconnais tous mes propos mais ils attaquent des intégristes qui arborent des symboles interdits par la loi. J'ai écrit tout ce qui figure dans les chroniques et cela a fait rire des gens. Sauf mon patron. Les propos que l'on me reproche sur Jean Sarkozy, je les ai copié d'une phrase prononcée par Patrick Gaubert le président de la Licra qui m'attaque aujourd'hui. Je suis un militant pour les minorités. Je ne me sens pas coupable. Je suis fier de mes convictions et je n'en changerai pas'. Concernant la chronique du 11 juin, Siné se défend avec insistance disant qu'il vise les intégristes religieux. Avec son verbe habituel : 'quand je dis patate, c'est gentil dans ma bouche'. Sur Charlie Hebdo, il se lâche : 'Val voulait appeler Voltaire et Spinoza. Charlie Hebdo c'était un journal rigolo. Je me moque des curés, des patrons, des militaires mais jamais des pauvres, des immigrés. Je suis anti-religieux. C'est une profession de foi et je continuerai. Ce n'est pas un procès qui va m'arrêter'.

9 h 50 : Siné se présente devant le juge et répond aux questions relatives à son état civil. Le juge lui présente les faits reprochés et lui lit 'ses' chroniques de Charlie Hebdo qui l'ont mené jusqu'à l'audience de ce mardi matin. Un extrait de l'une d'elle : "Plus je croise les femmes voilées qui prolifèrent dans mon quartier, plus j'ai envie de leur botter violemment le cul ! J'ai toujours détesté les grenouilles de bénitier catholiques vêtues de noir, je ne vois donc pas pourquoi je supporterais mieux ces patates à la silhouette affligeante et véritables épouvantails contre la séduction !" Ainsi que celle concernant Jean Sarkozy : "Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit !'. L'enquête de personnalité se révèle assez sommaire. L'accusé paraît assez détendu.

9 h 33 : devant l'entrée de la sixième chambre du tribunal correctionnel de Lyon, Patrick Gaubert, le président de la Licra, explique pour quelles raisons son association attaque Siné en justice. 'Des barrières ont été franchies mais cela ne fait plus rire. Aujourd'hui, les mots ont une autre signification. Nous sommes ici car Siné n'a pas respecté l'autre et il a tort. On peut rire de presque tout mais pas des arabes et de la manière dont ils s'habillent. Si des musulmans ne se sentent pas bafoués, c'est qu'ils n'ont pas lu les chroniques de Siné. Siné crache sa haine de l'autre en se moquant. On ne peut pas accepter ce genre de propos. Aujourd'hui, ce procès est un vrai symbole : celui de ce que l'on ne peut plus dire', déclare Patrick Gaubert.

9 h 24 : arrivée de Siné au tribunal de Lyon. Il est flanqué de quelques uns de ses témoins et soutiens. Les flashes crépitent et Siné pose de bonne grâce. A ses côtés, l'humoriste Guy Bedos prend déjà sa défense : 'Il est tellement déplacé de le juger pour incitation à la haine raciale. Il est athée et je ne savais pas que c'était un délit. Je vois surtout de la mauvaise volonté de la part de certains qui ont voulu l'écarter. Siné m'a donné envie d'aller plus loin dans l'humour satirique'. Escorté par une cohorte de photographes, Siné avance lentement jusqu'à la sixième chambre du tribunal correctionnel de Lyon où il est jugé pour incitation à la haine raciale.

Paul Terra

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