Un dispositif unique piloté par le préfet, Jacques Gérault. Aujourd'hui, toute personne qui immigre en France doit signer un Contrat d'accueil et d'intégration (le CAI) qui les incite à apprendre le Français. Mais dans le Rhône, le préfet Gérault a rendu obligatoire que les deux conjoints signent ce contrat et suivent des cours de Français. D'ici à la fin de l'année, la préfecture prévoit que 6000 personnes se présentent au Diplôme initial de langue française (le DILF, qui requiert la connaissance de 300 mots de vocabulaire). Jusque là, environ 1000 personnes par an suivaient des cours à travers des organismes de formation. Du coup, pour faire face à cette demande, Jacques Gérault dit avoir besoin du volontariat. "C'est une démarche citoyenne. Ces volontaires vont donner des cours par groupe de 5 ou 6. Très rapidement des liens vont se créer. L'objectif n'est pas seulement d'apprendre le français mais d'essayer de s'engager dans une vraie démarche d'insertion".
Des volontaires ou des formateurs diplômés
Problème : les formateurs en place ont le sentiment de se faire flouer. Jusqu'à présent, il fallait en effet, pour enseigner aux étrangers, un Master 1 (une maîtrise) en Français langues étrangères (FLE). La CFDT est montée au créneau alors que d'autres constituaient un collectif pour lutter contre le dispositif préfectoral. Elodie, 27 ans, au chômage : "Nous avons fait quatre ans d'étude et maintenant on fait appel à des volontaires formés en 38 heures. Il ne suffit pas de savoir parler une langue pour pouvoir l'enseigner. D'autant plus que l'on est face à des personnes aux origines culturelles très diverses et souvent analphabètes".
Cette opposition ne démonte pas le préfet : "la centaine de volontaires retraités de l'éducation nationale ont passé 30 ans de leur vie à enseigner, pour la plupart le français. Quant aux fonctionnaires, ils ont souvent bac+4 ou bac+5. Au bout de leur formation, tous passent un examen pour vérifier leur capacité".
Les organismes de formation appuient leurs employés dans cette fronde, en pointant un autre problème : chaque année, ils doivent répondre à des appels d'offre pour obtenir l'agrément qui permet d'enseigner le français aux étrangers. Avec ce nouveau dispositif, ils redoutent que l'Etat gère l'apprentissage du français en interne, en faisant appel à des volontaires. La Fédération des centres sociaux a aussi décidé de se mobiliser contre cette expérience. Elle appelle ses adhérents à refuser de "collaborer" avec la préfecture en ne mettant pas à disposition leurs locaux. Denis Ladoux, son vice-président, soulève un autre un point : "le renouvellement du titre de séjour sera bientôt soumis à l'obtention d'un diplôme, le DILF. Cela nous gêne profondément" Face à toutes ces critiques, le préfet Gérault reste inflexible et entend bien mener l'expérimentation jusqu'à son terme. Il se veut aussi rassurant : il promet 2 millions pour le financement et du travail pour tout le monde. Un premier bilan du dispositif devrait avoir lieu en juin avant son extension possible aux autres départements.
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