Ecole primaire vestiaire Vénissieux 2014
© Tim Douet

Rentrée scolaire : comment rassurer un enfant anxieux ?

L’anxiété fait partie intégrante de la vie de l’enfant. Normale, inévitable, elle accompagne naturellement certaines phases de son développement et l’aide même à adopter un comportement adapté face à certaines situations. Que peut-on faire pour aider son enfant à ne pas se laisser envahir et à bien gérer son stress, notamment en cette période de rentrée ?

Les causes de l’anxiété sont multiples chez l’enfant. Chaque étape de sa vie, chaque changement, peut être source de stress, puisqu’il va devoir s’adapter. Aux alentours de 9 mois, le bébé va connaître l’angoisse de la séparation. En grandissant, il devra faire face à différentes peurs (des bruits, du noir, des monstres…) inhérentes à son développement, qui ne manqueront pas de l’insécuriser.

L’entrée en crèche, puis à l’école, un changement de nounou, un déménagement… sont autant d’événements forts dans la vie d’un enfant qui ne manqueront pas de déclencher chez lui une certaine dose d’anxiété. La pression scolaire et la quête de performance sont de plus en plus présentes chez des enfants dont l’emploi du temps est souvent bien lourd, surchargé d’activités extrascolaires. En effet, dès l’école primaire, les enfants sont stressés par les rythmes qui leur sont imposés, les devoirs, les évaluations…

Les écoliers qui surinvestissent leur scolarité sont plus particulièrement concernés par le stress scolaire. Ils se mettent la pression, sont hyper exigeants avec eux-mêmes, ont peur de mal faire. “Mon fils aîné, Charles, est en CE2. Il s’est mis subitement à avoir des problèmes d’endormissement, puis il se réveillait en pleine nuit et mettait parfois deux heures à se rendormir…, explique Charlotte, mère de quatre enfants. On l’a beaucoup questionné, et il nous a expliqué qu’il se faisait du souci pour ses évaluations, qu’il craignait d’avoir de mauvaises notes ! Pourtant, on ne lui a jamais mis la pression ! On l’a beaucoup rassuré, mais rien n’y faisait. Du coup, nous avons consulté un homéopathe, et tout est rentré dans l’ordre en quelques jours.”

D’où vient l’anxiété ?

Pourquoi un enfant vit-il bien les événements stressants, alors qu’un autre aura du mal à les surmonter ? “La manière de gérer l’anxiété chez l’enfant est multifactorielle, explique Aurélie Crétin, psychologue en thérapie comportementale et cognitive à Lyon. Tout d’abord, l’enfant naît avec un tempérament de base, plus ou moins anxieux. Au niveau physiologique, hormonal, les enfants ne sont pas tous égaux. Certains ressentiront plus ou moins fortement les alarmes du stress. Enfin, l’enfant apprend à être anxieux en fonction des situations qu’il va rencontrer et des réactions de son entourage ; si les parents passent leur temps à dire “Attention !”, à surprotéger leur enfant, celui-ci apprend que le monde est dangereux et aura du mal à gérer son anxiété.”

“Quand j’ai eu ma fille aînée, j’étais assez stressée avec elle, je l’ai pas mal surprotégée, je ne voulais pas que quelqu’un d’autre la prenne dans les bras…, explique Bénédicte, mère de trois enfants. Aujourd’hui, Valentine a 8 ans, et elle est assez anxieuse. Elle est inquiète pour ses notes, elle a toujours peur d’être en retard à l’école, a besoin de savoir à l’avance comment vont se passer les choses…”

Évidemment, les événements que l’enfant va rencontrer dans sa vie peuvent le rendre plus sensible au stress : un deuil, un divorce, un parent au chômage… Encore une fois, les attitudes de ses parents face à ces situations lui montreront une façon de fonctionner et l’aideront, ou pas, à se sentir quand même en sécurité.

Les symptômes

En premier lieu, un enfant stressé éprouve des sensations physiques désagréables : le cœur qui s’emballe, des tremblements, des maux de ventre… Autant de signaux que lui envoie son corps et qui lui signifient un problème. Son comportement peut changer : coléreux, en retrait, agité… Chaque enfant exprime à sa manière son anxiété.

Souvent, l’enfant anxieux présente de l’anxiété anticipatoire. “Il se fait des scénarios catastrophes, envisage les pires hypothèses, explique la psychologue.
Tout en prenant ses pensées pour
la réalité. Avec souvent pour conséquence un évitement des situations redoutées.” Il est donc important
d’aider l’enfant à affronter ses
peurs par étapes, sous peine de
lui envoyer le message qu’effectivement la situation qu’il cherche à éviter risque de mal se passer.
Pis, certains enfants ont peur… d’avoir peur ! C’est le cas s’ils ont déjà été confrontés à une situation difficile qui s’est mal passée, et qu’ils vont automatiquement généraliser.

“Si une situation s’est bien passée cinquante fois et très mal passée une seule fois, l’enfant anxieux va focaliser sur le seul point négatif et appréhender de revivre le même événement”, souligne Aurélie Crétin.

“Il y a un an, j’ai perdu de vue mon fils dans un square. J’ai mis plusieurs minutes pour le retrouver. J’étais paniquée, explique Stéphanie, mère de Victoria (9 ans) et Jérémy (3 ans). Depuis, ma fille est toujours sur le dos de son frère, elle le surveille en permanence, ne veut plus qu’on aille au square, sauf si je garde son frère sur les genoux. Elle a peur que je le perde au supermarché. On a beau la rassurer, ça ne marche pas. On a fini par consulter quelqu’un. Même si elle s’est un peu détendue aujourd’hui, on est quand même obligés de lui rappeler régulièrement que c’est nous qui nous occupons de son frère, pas elle.”

Comment aider l’enfant anxieux

“Mais non, tout va bien, ne t’inquiète pas, ça va bien se passer…” Le premier réflexe de chaque parent est de rassurer l’enfant. Ce qui marche si l’enfant n’est pas trop anxieux. En revanche, si le stress est trop fort, ou que l’enfant est de nature anxieuse, ça ne fonctionnera pas.

“En premier lieu, l’enfant doit se sentir entendu, explique Aurélie Crétin. On essaie de comprendre ce qui l’inquiète, de rentrer avec lui dans sa peur. Ensuite, il faut lui donner des informations relatives à son stress – comment marche le tonnerre, y a-t-il beaucoup de chances qu’un voleur entre dans la maison… – dans le but de l’aider à trouver des pensées alternatives aux scénarios catastrophes qu’il échafaude.”

Dans le cas d’une situation que l’enfant appréhende, il faut poursuivre un objectif : qu’il réussisse à se dire que cela peut bien se passer, et qu’il accepte la petite part d’incertitude liée à cette situation. Car, évidemment, on n’est jamais sûr à 100 % que ça va bien se passer. “Il faut l’aider à trouver des solutions, voir avec lui ce qu’il pourrait mettre en place pour se rassurer, pour qu’il ait moins peur, recommande la psychologue. Si, par exemple, un enfant est anxieux à l’idée d’être sans ses parents, on peut en discuter avant avec lui pour voir ce qu’il pourrait faire si jamais il a le trac : prendre son doudou, discuter avec un copain…”

Quand l’enfant fait des efforts, il ne faut surtout pas oublier de le féliciter, même si le résultat n’est pas parfait. Cela lui permettra d’engranger du positif pour les prochaines situations.

Lorsque l’anxiété devient de plus en plus intense et de plus en plus fréquente, qu’elle s’installe sur plus de deux ou trois mois, elle peut s’accompagner de certaines régressions, sur le plan du sommeil, de l’alimentation, de la scolarité ou encore des relations avec les copains. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à consulter, pour aider l’enfant à sortir de cette spirale infernale.

Cet article est paru dans la rubrique Education du mensuel Lyon Capitale en 2014.

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