La conférence de presse était ubuesque hier au rectorat de Lyon. Les autorités locales de l'Education nationale ont eu bien du mal à s'expliquer sur le résultat des votes des conseils d'école pour la réforme des rythmes.
On s'attendait à ce qu'il vienne à son secours, finalement c'est presque Gérard Collomb qui a prêté main forte, hier, à la rectrice et à l'inspecteur d'Académie. Tous deux, incapables de justifier clairement le vote des conseils d'école de la ville de Lyon, ils ont dû admettre benoitement devant la presse, et en particulier devant les deux journalistes du Progrès qui ont mené l'enquête, que les résultats des votes des conseils d'école sur les rythmes scolaires publiés dans un premier temps par la ville, étaient faux, car des directeurs d'école s'étaient trompés.
Deux directeurs d'école se sont trompés à Lyon 1er
" Que voulez-vous que je vous dise, la directrice de l'école Doisneau (Lyon 1er) m'a écrit ce jour-même pour me dire qu'elle s'était trompée, qu'elle nous avait donné un vote favorable à l'expérimentation, alors que c'était un vote contre ! Que voulez vous que j'y fasse ? Vous voulez que je la licencie, c'est ça !!! " s'est exclamé à bout de nerf, le Dasen, harcelé de questions par Murielle Florin et Sophie Majou du Progrès. Idem à Victor Hugo (Lyon 1er) où le directeur a oublié un vote dans le décompte des voix, celle du DDEN (représentant de l'Education nationale) qui avait voté contre.
Pour finir, et suite à l'enquête du Progrès qui avait révélé un résultat différent de celui donné par la ville de Lyon pour le vote des conseils d'école sur les rythmes scolaires, l'erreur ne viendrait donc pas de Gérard Collomb et des services de la ville, mais bien des directeurs d'école eux-mêmes. Deux directeurs ont envoyé de faux « PV », par erreur, à leur circonscriptions. Erreurs qu'ils ont donc rectifiées ces tout derniers jours, suite à l'enquête du Progrès. "Estimez-vous heureux" a semblé direhier Françoise Moulin-Civil à la presse. La rectrice peu habituée à ce genre d'exercices de transparence a dit aux journalistes : "nous n'étions pas obligés de vous donner les chiffres ! ". Le maire, Gérard Collomb est venu à son secours, accusant les journalistes de leur faire perdre leur temps "avec leurs enquêtes à la Sherlock Holmes". Une scène surréaliste. "La République a mis des centaines d'années pour réussir à organiser des élections démocratiques. En la matière, l’Éducation nationale a encore des progrès à faire, mais je ne doute pas que ces prochaines années les choses s'amélioreront et j'y veillerai" a dis le maire de Lyon, omnipotent.
Le vote n'était pas obligatoire, l'avis si
Pour ce qui est des autres points de désaccords avec l'enquête de nos confrères du Progrès, Jean-Louis Baglan a expliqué que si certains des votes n'étaient pas rendus publics - certaines cases du tableau envoyé par le rectorat jeudi étaient vides - c'est que le vote n'était pas obligatoire en conseil d'école. Seul l'avis signé du directeur d'établissement et pris en conseil d'école devait être rendu, pas obligatoirement le vote. Certaines écoles n'auraient donc pas voté, mais seulement "discuté" du sujet de la réforme des rythmes, en conseil d'école. Le chef d'établissement aurait ensuite envoyé un PV signé au rectorat. Et l'inspecteur de citer le code de l’Éducation et son article 411.1 pour se justifier. Un argument un peu tiré par les cheveux puisque certaines voix ont pu être données à la presse hier, à l'école Cavenne (Lyon 7e) notamment, et ce malgré l'explication de Jean-Louis Baglan. L'inspecteur d'académie qui venait d'expliquer à la presse que la répartition des voix n'était pas toujours possible dans certains groupes scolaires, entre école maternelle et école primaire.
Quoiqu'il en soit, le décompte des voix des conseils d'école donné hier par le rectorat sera le dernier, a conclu le maire de Lyon. La ville s'engage ainsi pour trois ans dans une expérimentation qui sera évaluée "six mois avant la fin" a expliqué la rectrice. Anne Brugnera, la nouvelle adjointe aux affaires scolaires de la ville ira plus loin. Elle a promis la mise en place de comités de suivi et d'évaluation dès la rentrée.
La décision prise sur la mise en oeuvre de la réforme des rythmes scolaires à Lyon est choquante sur le fond ET sur la forme. Pas formidable, le début du 3ème mandat de M. Collomb ... Quant au discours de Mme Moulin Civil, rectrice (donc haut fonctionnaire parmi les plus 'haut gradés' de la République), il laisse pantois ! Là aussi sur le fond et sur la forme ...
L'absence d'instructions de l'Inspecteur d'Académie, pourtant attendues dans les écoles, n'a pas permis d'organiser un vote serein. Mais c'est la consultation même qui est surtout contestable. Demande-t-on aux militaires de se prononcer sur la politique de défence du pays? Non , bien sûr. C'est au peuple souverain de se prononcer sur l'organisation de l'école. A défaut, c'est l'injustice, le désordre, puis la violence.
Défense...bien sûr.
Après être passé en force sur les dossiers du Gd Stade et de la Métropole, Collomb continue d'en faire à sa guise… Il n'avait pas prévu que le Progrès ferait son boulot. C'est vrai que cela n'arrive pas souvent, il n'est plus habitué. Serait-ce la clé pour un retour à davantage de démocratie et de transparence ?
Ahurissant! Je connais un directeur d'école de Lyon qui vient d'être sanctionné parce qu'il avait transmis à ses collègues, au moment de la discussion ( et donc avant la décision) une proposition conforme à l'esprit et à la lettre de la Loi sur la refondation de l'école, en critiquant le projet d'expérimentation de la Mairie qui, elle, foule du pied les principes même de cette loi.