Une trentaine d'associatifs et de travailleurs sociaux ont fait pression lundi matin de 7h à 9h pour que le préfet ne ferme pas les gymnases Bellecombe et Clémenceau, ouverts depuis 9 jours aux sans-abri. "Il n'en était pas question", a répondu la préfecture qui a promis d'ouvrir un nouveau centre d'hébergement d'urgence vendredi, une centaine de places supplémentaires jusqu'à la fin de la trêve hivernale. Mais celui-ci ne sera pas ouvert aux demandeurs d'asile. (Actualisé à 16h avec le courrier envoyé au préfet).
"On leur a dit de revenir à 17h30", s'est félicitée Gilberte Renard du collectif Rrom, en parlant des 107 sans-abri hébergés au gymnase Bellecombe dimanche soir. Ce matin, dès 7h, elle était sur place, avec une quarantaine d'autres militants lyonnais. Des membres de Médecin du monde, du Secours Catholique, de l'Alpil, de Classes, de la LDH et du réseau des professionnels de l'urgence sociale, venus gentiment chahuter leurs collègues de l'Armée du salut, chargés, par le préfet, de gérer l'accueil des sans-abri au gymnase Bellecombe, ouvert, dans le cadre du plan grand froid, depuis le 26 novembre.
Les sans-abri, accueillis de 9h à 17h30 tous les jours, prenaient eux tranquillement leur petit-déjeuner, attablés près des lits simples qui leur servent de couchettes, dans une atmosphère très bien chauffée. Habitués à fréquenter les militants qui leur viennent en aide quotidiennement, ils n'étaient pas gênés par leur présence, au contraire. Menacés, selon les associatifs, d'une remise à la rue dès ce lundi soir, ils espéraient rester au chaud grâce aux eux.
"C'est la fête à la grenouille, déclarait un militant dépité. Le préfet se fie à la température (au plan grand-froid, ndlr) pour fermer les hébergements d'urgence, nous demandons l'ouverture du gymnase au moins jusqu'à vendredi. Ensuite, des places pourraient être ouvertes dans un autre foyer", expliquait-il à 8h. Un appel au maintien de l'ouverture des gymnases lancé ce lundi, doublé d'une lettre signée par huit associations déposée vendredi dans la boite-aux-lettres du préfet pour lui proposer "des solutions à court, moyen et long termes" (1).
Un autre militant regrettait aussi que les centres d'hébergement d'urgence soient fermés la journée. La cinquantaine d'enfants accueillie au gymnase Bellecombe dit-il "sont obligés d'aller trainer la journée au centre commercial de la Part-Dieu (pour ceux qui ne sont pas scolarisés, ndlr)". A 11h, assurée du maintien de l'ouverture des gymnases les soirs de la semaine, Gilberte Renard temporisait : "c'est déjà mieux que rien".
Une nouvelle structure de 100 places ouverte vendredi
A midi, la préfecture répondait qu'il n'avait jamais été question de fermer les gymnases ce lundi, "même avec la remontée des températures". Ils resteront ouvert jusqu'à jeudi soir compris, pour une fermeture vendredi matin. D'ici là, une centaine de places nouvelles ouvriront "dans un ancien internat". Le préfet tait encore son nom car la convention n'a toujours pas été signée. Mais les militants parlaient déjà ce matin de Saint-Irénée.
La préfecture précisait que l'internat serait ouvert jusqu'au 31 mars, fin de la trêve hivernale, mais qu'il ne serait pas ouvert aux demandeurs d'asile, pour eux "un autre dispositif spécifique sera mis en place".
Dimanche soir pourtant, selon les chiffres de la préfecture, 107 personnes ont passé la nuit au gymnase Bellecombe, 99 au gymnase Clémenceau, dont 50 à 70 % de demandeurs d'asile. 87 personnes ont été hébergées à l'hôtel en urgence (trois chambres payées par la préfecture n'ont pas été occupées), 14 à la Halte de nuit et 3 à Gabriel Rosset (où 35 lits étaient disponibles).
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(1) Le courrier envoyé au préfet :
"A la suite du rassemblement du jeudi 2 décembre à 17 h. organisé par le réseau des professionnels de l'urgence sociale, une réunion de coordination inter-associative a eu lieu sur la question de l'hébergement avec des représentants de l'ALPIL, CLASSES, LDH, Médecins du Monde, Réseau des Professionnels de l'urgence Sociale. (Fondation Abbé Pierre absente).
Il a été proposé :
- d'adresser dès le vendredi 3/12/10 en début d'après midi un courrier au Préfet comportant des demandes,
à court terme :
. le maintien des personnes dans les lieux d'accueil (type gymnase) quelle que soit la température et au minimum
jusqu'à l'ouverture du Centre Saint Irénée (prévue le 10/12/10), (1)
. un accueil en continu dans les gymnases (24h/24h) et autres lieux où sont installés des lits de fortune.(1)
à moyen terme :
. la réquisition de lieux pour une mise à l'abri de toute personne à la rue et ce "quelle que soit sa situation
administrative", en citant quelques lieux adaptés :
- clinique du Parc, clinique de Monplaisir, clinique de la Roseraie à Vénissieux, polyclinique des Minguettes
à Vénissieux.
- les immeubles de plus de trois logements soumis à la taxe à la vacance.
- les immeubles et terrains vacants appartenant aux collectivités locales.
Et afin d'envisager ensemble des stratégies à long terme :
. la mise en place d'une concertation continue réunissant Etat, institutions, collectivités territoriales, élus concernés
et associations pour établir un diagnostic partagé et élaborer des solutions pérennes pour le logement et
l'accompagnement de ces personnes.
. la création de sutructures adaptées qui proposent à ces hommes, ces femmes, ces familles et ces enfants un
accompagnement médico-social de qualité.
Signatures de cette lettre :
ALPIL (Association Lyonnaise pour l'Insertion par le Logement), CLASSES (Collectif Lyonnais pour l'Accès à la Scolarisation et le Soutien aux Enfants des Squats), Fondation Abbé Pierre, LDH (Ligue des Droits de l'Homme),
MDM (Médecins du Monde), Réseau des professionnels de l'urgence sociale, Réseau personne dehors, Secours Catholique.
Il a été proposé également
Si les demandes sur court terme ne sont pas "honorées", notamment si les gymnases ferment lundi, d'organiser une mobilisation inter-associative et médiatique au gymnase Bellecombe lundi matin.à 7 h.
(1) à préciser que l'article 73 de la loi MOLLE stipule que : "Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d'hébergement d'urgence" et que "toute personne accueillie dans une structure d'hébergement d'urgence doit pouvoir y bénéficier d'un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu'elle le souhaite, jusqu'à ce qu'une orientation lui soit proposée. Cette orientation est effectuée vers une structure d'hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation".