A deux jours de Noël et alors qu'une quarantaine de personnes dorment chaque soir dehors en moyenne dans l'agglomération lyonnaise, le préfet du Rhône a consenti mardi 22 décembre à recevoir les acteurs du mal logement.
C'est lui qui à la charge de l'hébergement des sans-abris dans le Rhône, c'est à lui que revient cette compétence et à personne d'autre. Pourtant, depuis plus d'un an les associations se battent pour qu'il applique la loi (*) : le préfet du Rhône délégué à l'égalité des chances.
Des nuits d'hôtel à défaut de solutions pérennes
Francis Vuibert a réussi le tour de force mardi 22 décembre de réunir pendant plus de deux heures trente, 24 associations et syndicats, ainsi que tous les représentants de l'Etat et des collectivités territoriales concernés de près ou de loin par l'hébergement d'urgence à la préfecture. Un mois après les déclarations du secrétaire d'Etat chargé du logement, Benoist Apparu et un an après la demande des associations et syndicats lyonnais qui le pressaient de prendre des mesures; le préfet s'est engagé oralement à maintenir les nombre de nuitées d'hôtel payées par l'Etat pour loger les personnes sans solutions (**).
Les associations lui auraient même fait mettre par écrit cet engagement. Plus aucun SDF ne devrait rester à la rue la nuit jusqu'à la fin de l'hiver. « Depuis le 11 décembre, début de la période de grand froid, des nuitées d'hôtels ont été réservées, permettant d'accueillir à ce jour plus de 150 personnes supplémentaires », a précisé la préfecture par communiqué au sortir de la réunion.
Fluidité versus augmentation des moyens
L'accent a été mis sur la nécessaire « coordination » des acteurs pour permettre la « fluidité » des services d'hébergement d'urgence dans le Rhône. Un discours qui passe mal auprès des acteurs du mal logement et des travailleurs sociaux dont une partie sont en grève (lire notre article sur la mobilisation des associations et des syndicats).
Le préfet a proposé officiellement aux associations de travailler en concertation sur le sujet à partir de janvier, des groupes de travail pourraient être mis en place comme le secrétaire d'Etat le préconise. Les associations conditionnent leur participation à la tenue des promesses du préfet et exigent la création de deux centres d'hébergement d'urgence, d'une quarantaine de places chacun, dans les plus brefs délais pour offrir des solutions durables aux SDF.
(*)l'article 4 de la loi Dalo interdit la remise à la rue des personnes sans-abris depuis un an. Mais dans les faits, celle-ci n'est pas appliquée. Les associations renvoient tous les jours des SDF à la rue par manque de places. Les associations préférant effectuer un turn-over plutôt que de refuser systématiquement des personnes.
(**) Chaque soir, selon les relevés du 115 (dispositif centralisé d'attribution des places en foyer), une quarantaine de personnes se voient refuser une solution d'hébergement d'urgence et sont obligées de dormir dehors à Lyon en moyenne. Ces chiffres ont été divisés par trois depuis début décembre. Les associations et les syndicats demandent des places supplémentaires depuis l'hiver dernier.