Trois jours après le dépôt par RESF de 58 dossiers de demandes de régularisation pour des sans-papiers à Lyon, le préfet a promis d'observer leurs demandes, au cas par cas, mercredi prochain. Il a prévenu également que le plan froid prendrait "définitivement fin" dimanche soir, remettant ainsi 268 étrangers à la rue à Lyon dont "beaucoup d'enfants".
Après deux mois de silence obligatoire à cause de la période électorale, le préfet du Rhône, Jean-François Carenco, est sorti ce matin de sa période de réserve invitant la presse à discuter de l'actualité. Attendu sur le problème récurrent des sans-abris à Lyon, il a indiqué que le plan froid, prolongé par la ministre Duflot jjusqu'au 31 mai et prolongé depuis dans le Rhône pour les familles avec enfants en bas âge se terminerait "définitivement" le 1er juillet. 268 personnes seront alors remises à la rue dimanche soir dans le Grand-Lyon, "tous étrangers en situation irrégulière ou en attente de droits, sinon ils auraient droit à un logement" a précisé le préfet. Sans papiers, difficile de trouver un logement à Lyon, même si les enfants sont scolarisés.
Concernant les 58 dossiers de demandes de régularisation déposés mercredi soir par RESF à la préfecture, une manifestation de soutien était organisée devant les grilles du bâtiment au même moment (voir photos), le préfet a indiqué qu'il observerait les dossiers au cas par cas mercredi prochain lors d'une réunion.
''Jeunesse sans-papiers, jeunesse volée !''
''Le changement, c'est maintenant !'' Mercredi dernier, quelque 150 personnes ont manifesté leur soutien aux 58 familles sans-papiers dont les dossiers ont été déposés à la préfecture, plus tôt dans la journée. ''J'espère que le gouvernement socialiste infléchira la politique menée jusque là'' déclare Guy Fischer, sénateur du Rhône. Mais sans y croire vraiment. Le jour même, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a déclaré au quotidien Le Monde qu'il n'avait pas l'intention d'augmenter le nombre de régularisations, à savoir 30 000 par an. ''Bruno André (directeur de cabinet du préfet, ndlr) nous a fait savoir qu'aucune décision ne sera prise avant d'avoir pris connaissance de la circulaire qui serait en préparation'' explique Mireille Peloux, militante RESF. Certaines familles sont sous le coup d'une OQTF (obligation de quitter le territoire français) et ne passeront sans doute pas l'été en France, malgré la mobilisation.
"Les familles ne passeront pas l'été à l'école Montbrillant"
S'agissant des deux familles hébergées depuis le 31 mai à l'école Montbrillant (Lyon3e) par des parents d'élèves et du personnel enseignant, le préfet a répondu n'avoir "jamais été sollicité par ces familles". "J'ai fait ma petite enquête, a-t-il répondu, tout ce que je peux vous dire c'est qu'elles ne passeront pas l'été à l'école". Les parents d'élèves "hurlent dans le désert, mais quand les vacances arriveront, il n'y aura plus personne", a commenté le préfet.
"Le droit au logement inconditionnel n'existe pas" a terminé le préfet précisant qu'il existe des dérogations pour les personnes y compris sans-papiers "en situation de détresse manifeste". En 2012, le préfet Carenco a ainsi dû faire face à 26 recours déposés contre ses décisions de loger ou non des personnes étrangères sans papiers. "J'en ai perdu 15 , j'en ai gagné 11" a-t-il commenté ce matin, "ce qui correspond à 94 personnes logées pour un temps". La justice administrative n'ayant donc pas toujours la même lecture de la "détresse manifeste" que le préfet.
Enfin, concernant les familles enfermées au centre de rétention administrative (CRA) de Lyon en attente d'expulsion, le préfet a précisé qu'il n'y avait pas d'enfants mineurs logés au CRA de St Exupéry actuellement du fait de ses services. Jean-François Carenco a précisé qu'il attendait la circulaire promise par le ministre de l'Intérieur pour savoir se ces enfermements d'enfants étaient légaux ou pas.
Bonjour, Ces personnes ne sont pas 'sans papiers'. Les seuls papiers qu'elles n'ont pas est une carte de séjour valide, ce qui constitue une infraction et ce dans tous les pays du monde. Elles bénéficient néanmoins de la sécurité sociale - AME - sans avoir jamais cotisé (spécificité française...). Quant aux logements sociaux, il y a déjà des listes d'attente longues comme le bras. Faut-il comprendre que les fraîchement régularisés vont couper la file d'attente ?
Monsieur le préfet CARANCO, dont j'apprécie par ailleurs la démarche raisonnée et raisonnable, semble oublier une chose dans son argumentation : une personne étrangère en attente de droits (c'est à dire dont le dossier est en cours auprès de la Préfecture, auprès de l'OFFPRA ou auprès de la CNDA, doit pouvoir être hébergé par l'Etat dans lequel il fait cette demande. la cour européenne l'a rappelé il n'y a pas si longtemps ... et, nous sommes nombreux à pouvoir vous prouver que, même pour ces familles, le 115 répond inlassablement, jour après jour, qu'il n'y a pas de place pour ces familles, surtout si ces familles n'ont pas d'enfants en bas âge. Alors, pourquoi des centres d'hébergement sont fermés quand des familles entières sont à la rue en attente d'une réponse des services officiels ?
Nous sommes en période de crise, des pays arabes et d'autres aussi, sont plus riches que nous et nous accueillons encore des émigrés et régularisons des personnes en situations irrégulières. Quand les gens en auront marre de payer, que va t-il se passer ?