Tout au long d'un discours terne, elle n'a rien proposé de concret pour les quartiers populaires.
"Et elle veut être Présidente !" ironise l'une. "Elle était sûrement fatiguée" tempère sa copine. C'est peu dire que Ségolène Royal a déçu ce samedi à Villeurbanne. Invitée d'honneur du 9e Parlement des banlieues, elle a servi d'un ton monocorde un discours général sans saveur, et surtout vide de proposition concrète. Le discours de Ségolène Royal paraissait tellement décalé par rapport aux attentes, tellement lointain, qu'au bout de quelques minutes les gens papotaient entre eux, baillaient, ou quittaient carrément la salle. La prestation "un peu consternante" de la candidate contrastait étrangement avec celle, brillante, du bouillant Karim Zéribi qui l'avait précédée à la tribune. Le président du Parlement des banlieues et fondateur d'Acp avait pourtant tout fait pour faire comprendre à Ségolène Royal qu'elle devait enfin "dire des choses" et sortir des généralités. "Ségolène, ne nous décevez pas !" avait-il lancé fortement avant de lui laisser la parole.
Ségolène Royal a souri mais pas entendu. C'est à peine si la candidate parlera des quartiers. Elle n'a pas cité, et encore moins repris à son compte une seule des "30 propositions du manifeste pour les quartiers populaires", fruits du travail de l'association.
Zéribi annule son soutien public
Karim Zéribi, ovationné par près de 2 000 participants, attendait bien sûr beaucoup de la venue de Ségolène Royal. Masquant mal une certaine gêne, il s'est confié à Lyon Capitale à la sortie du meeting : "Elle est venue, c'est une marque de respect. Elle a légitimé notre démarche. Mais on est en droit d'attendre plus de la gauche. Elle a dit que les quartiers ne seront pas traités différemment alors que moi je pense qu'il faut un électrochoc". Zéribi ne veut pas prononcer le mot de déception même s'il fait remarquer : "Après son discours, je n'ai pas dit : Le Parlement des banlieues est derrière Ségolène Royal. Je n'ai pas dit : "C'est notre candidate"". Or Karim Zéribi nous l'avait confié, il avait prévu ce soutien public si la candidate avait eu un discours "à la hauteur". "C'est vrai, il n'y a pas d'enthousiasme béat pour Ségolène et c'est par mon discours que la foule a été soulevée (...) Certains m'ont dit qu'ils avaient eu mal pour elle..."
Azedine Haffar, président de l'Aneb, association des élus de banlieues, est encore plus direct : "Je suis franchement déçu. Elle a parlé en donnant-donnant : Donnez-moi votre voix et je verrai ce que je ferai pour les quartiers. Beaucoup de gens l'ont perçu comme ça. C'est autre chose qu'on attendait !"
Il y a quelques semaines, Ségolène Royal affirmait vouloir faire des banlieues le cœur de son programme. A Villeurbanne, sur ce thème des quartiers populaires, la candidate a montré un cœur aussi sec que le programme.
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