Il provoque pourtant "la colère" et "la grande déception" des associations réunies dans la campagne Trop, c'est Trop, "pour le respect du numérus clausus", qui ont posé le problème sur la place publique. Et pour cause, Rachida Dati vient d'enterrer une promesse faite dans Lyon Capitale (cliquer ici) par le candidat Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle : ne mettre qu'un seul prisonnier par place en prison. Cet objectif est repoussé de cinq ans. L'animateur de la campagne, Bernard Bolze, lance un appel aux députés pour qu'ils réintègrent cette promesse.
Lyon Capitale : Rachida Dati vient de présenter son projet de loi "pour diminuer la surpopulation carcérale". Il prévoit le développement des peines alternatives, mais abandonne l'objectif de la cellule individuelle...
Bernard Bolze : Pour nous, si ce texte devait rester en l'état, ça serait une grande déception. Et une double hypocrisie : il ne tient pas compte de la promesse du candidat à la présidence de la République, faite dans Lyon Capitale et reprise ensuite dans différents journaux (Le Monde, Le Figaro...). Si les parlementaires l'acceptaient, ce seraient aussi une grande hypocrisie. Ou alors il faut qu'ils annoncent qu'ils ne sont pas pour l'encellulement unique. Y compris à gauche.
La gauche ne monte pas au créneau ?
Non, elle est absente. Je dirais même pire : tous les arguments contre notre affaire sont ceux de Badinter. Il cause un très grand tort à la question de la prison. Il estime que le principe du numerus clausus restreint l'appréciation des magistrats et est contraire au principe d'égalité devant la loi. Faisons donc subir un traitement "cruel, inhumain et dégradant" à tous les détenus, comme ça ils seront bien tous égaux ! En mars, à Valence, un homme de 19 ans a été tué par son codétenu... On ne compte plus les morts ! C'est extrêmement grave. Ça me rend furieux. Je garde espoir, car cette loi n'est pas encore votée. On a jusqu'à l'automne pour les faire changer d'avis.
La loi prévoit des avancées sur les peines alternatives à la prison, grâce par exemple au bracelet électronique...
Toutes les mesures annexes n'ont aucun sens si on ne désengorge pas les prisons. Sinon, la "prison à ciel ouvert", ça consiste simplement à mettre de plus en plus de monde sous contrôle judiciaire. Le tout pour de moins en moins de sécurité, puisqu'on fabrique une machine à récidive. Autre nouveauté, les surveillants vont devoir prêter serment. Ils s'engageront au respect absolu des personnes. Mais ce respect absolu est disqualifié d'avance par les textes qui permettent la surpopulation carcérale. J'espère qu'ils vont refuser de prêter serment.