Le ministère des Transports a confirmé l'engagement français à réaliser le projet. Mais il espère que l'Union européenne apportera son aide aux tronçons nationaux concernés par cette nouvelle ligne voyageurs et fret. Le commissaire européen des Transports préfère pourtant parler "d'optimisation" des budgets alloués plutôt que d'augmentation.
Retropédalage ou mauvaise information du Figaro ? Le ministère des Transports a réagi à l'information selon laquelle la France remettrait en cause la réalisation du Lyon-Turin (lire ici). Vendredi dernier, le ministre Frédéric Cuviller a reçu un appel de son homologue transalpin. Le Français s'est voulu rassurant : le projet est sanctuarisé par deux accords internationaux, l'un d'eux ayant été signé en janvier dernier. "Il n'y aucune modification des engagements pris au niveau international", a conclu le ministre italien, cité par Il Sole 24 ore. Version confirmée par le ministère des Transports que nous avons joint. "Si le schéma national des infrastructures de transport sera revu, cela concerne les lignes grande vitesse nationales. Pas le Lyon-Turin", nous informe une collaboratrice du ministre.
En apparence, le problème est donc clos. Il ne l'est pourtant pas totalement. Car les autorités françaises confirment souhaiter une participation financière supérieure de l'Europe. Le coût du projet est sujet à interprétations. Selon Lyon Turin ferroviaire (1), la réalisation des deux tubes, des deux gares de St-Jean de Maurienne et de Suze ainsi qu'un tunnel de raccordement côté italien (1,5 km) engage 8,5 milliards d'euros (chiffres 2010). D'après le ministère français des transports, le montant s'établit plutôt à 12 milliards d'euros, considérant l'inflation estimée sur toute la durée du chantier - plus de dix ans. Sur ce montant, la part payée par la France serait comprise entre 2,5 et 4 milliards d'euros. L'Union européenne financera, elle, 40% du total.
Pour la France, c'est le tronçon national qui est le plus onéreux : 10 milliards d'euros. Car sur cette partie, elle ne pourra, en principe, compter que sur l'Etat et les collectivités locales. Le journal Torino Cronacaqui relate que l'an dernier, les délégations des deux Etats avaient proposé au commissaire aux Transports qu'il s'engage à financer 10 à 20% du coût des tronçons nationaux. Le commissaire Siim Kallas a déjà répondu : "La ligne grande vitesse Lyon-Turin est avant tout un projet franco-italien et les fonds doivent surtout provenir de l'Italie et de la France. Le rôle de la Commission ne peut être que modeste", peut-on lire dans Il giornale del Piemonte.
Nous l'avons contacté ce jeudi. "La commission européenne va travailler avec la France et l'Italie pour s'assurer que le soutien de l'Union Européenne à ce projet-clé transfrontalier sera optimisé pour aider ces deux pays à sa mise en oeuvre. Une telle aide peut être trouvée par les derniers appels à projets que la commission prévoit de lancer d'ici à la fin de l'année, dans le cadre des perspectives financières actuelles. Cela permettra à la Commission, en coopération avec les Etats membres, d'optimiser le soutien financier actuel et de préparer la nouvelle période", nous indique-t-il. Nouvelle période qui intéresse le ministère des Transports. C'est en effet dans le cadre du programme pluriannuel 2014-2020 que le gouvernement français espère "gratter" un peu de budget européen. "C'est prématuré d'en parler mais il peut y avoir une subvention européenne sur ce tronçon français", explique-t-on au ministère des Transports.
(1) Filiale commune de Réseau ferré de France et de rete ferroviaria italiana.