Le squat de Villeurbanne, l’Oblik, organisé autour de plusieurs activités, affiche sa volonté de s’intégrer à la vie locale. Ses occupants viennent de perdre leur procès intenté par la ville et doivent quitter les lieux sans délai.
Un groupe d’une quarantaine de personnes a élu domicile dans une usine désaffectée de Villeurbanne, depuis fin décembre 2015. Dans cet immense bâtiment appartenant à la ville, chaque pièce a trouvé sa fonction. Au premier étage, dans la cuisine, quelques squatteurs discutent entre eux. La pièce est remplie de canapés en cuir, de chaises en rotin et de tables en bois. Les étagères regorgent de livres et “La petite encyclopédie de l’art” est posée sur une des tables. “L’art”. C’est un peu le maître mot de toute cette bande de copains. L’Oblik n’est pas seulement leur squat, il représente également un projet culturel.
Au rez-de-chaussée, les graffs colorés habillent les murs et se baladent de pièce en pièce. Les habitants de l’Oblik ont essayé, depuis leur arrivée, de mettre en place de nombreuses activités ouvertes à tous. “Ce que l’on veut, c’est mettre en contact des personnes différentes, issues de milieux différents”, explique Simon, l’un des premiers arrivés à l’Oblik après avoir été expulsé d’un autre squat. Résultat, les hangars sont truffés de petites salles destinées à la musique, aux arts martiaux ou encore à la sérigraphie.
Les squatteurs de l’Oblik ont des projets pour leur avenir dans les locaux. “Chacun peut apporter ses compétences et les partager. Deux ferrailleuses ont mis en place un atelier et nous ont créé un four. On y fait des pizzas meilleures qu’au restaurant !”, plaisante Simon. Quant à lui, dans le terrain en friche derrière l’usine, il a imaginé un jardin cultivé selon les principes de la permaculture. En attendant qu’une serre prenne place au milieu du potager, il s’occupe soigneusement de ses plants dans une pièce dédiée : “Le but, c’est que d’autres participent aussi au projet.”
“On valorise un lieu vacant et pourri”
Les hangars abritent un foyer, lieu de rencontres privilégié entre les occupants de l’Oblik et les gens de l’extérieur puisqu’il est ouvert à tous, deux fois par semaine. Il n’est pas rare que plusieurs personnes voire des associations, attirées par le gigantesque espace, demandent à pouvoir l’utiliser. “Une équipe de roller derby vient s’entraîner dans nos locaux. On accueille aussi un groupe de samba.” Une chorale vient également de se monter. “On essaie de valoriser un lieu vacant et pourri”, raconte Simon. C’est d’ailleurs pour cela qu’il aimerait simplement qu’on “leur foute la paix”.
Mais l’Oblik est expulsable. La mairie de Villeurbanne leur a intenté un procès le 4 avril dernier pour réclamer leur départ immédiat. Le verdict est tombé dans la soirée du lundi 25 avril : les squatteurs ont perdu et devront quitter l’usine dès que l’ordonnance du tribunal sera publiée. Un soulagement pour la mairie, qui s’estime satisfaite, “au regard des désagréments causés par le squat sur le secteur et les risques de sécurité”.
Si les squatteurs nient avoir provoqué toute nuisance, ils étaient cependant conscients que la sécurité pourrait jouer en leur défaveur.
“Ce quartier résidentiel n’est pas adapté à une occupation de ce type”
La mairie explique n’avoir pas souhaité trouver un terrain d’entente avec les occupants de l’Oblik à propos de leur expulsion, “inévitable” selon elle. Pourtant, elle aurait essayé de “les accompagner vers la sortie en bonne intelligence”. Une démarche irrecevable pour les habitants dont certains auraient répondu avec véhémence aux huissiers. Même le caractère culturel du squat n’a pas changé la position de la mairie. “Cette ancienne usine est un site industriel, pas une salle de spectacle”. En ajoutant que “le quartier résidentiel n’était pas adapté à une occupation de ce type”.
Quand nous avons rencontré Simon et les autres occupants, ils ne connaissaient pas encore le rendu du tribunal. “Si on perd, on ne sait pas si on fera appel, puisqu’on devra de toute façon partir immédiatement”.
Quant à leur avenir, les squatteurs l’estiment encore flou. “Il faut voir le niveau de fatigue qu’on aura après le procès. Soit on fera un squat discret, soit une habitation comme l’Oblik”, imagine Simon. Mais ils ont une seule certitude. “De toute façon, il faut bien que l’on habite quelque part”.
Merci pour cet articleNous ferons un barbecue chez nous, le mercredi 04 mai à partir de 17h (13 rue du Canada), l'occasion de discuter des suites de l'occupation et des activités au vu du résultat désolant du procès (nous tentons toujours de prendre contact avec la mairie, mais il ne semble pas y avoir de répondant).Nous tenons également à commenter la citation de la mairie : “Cette ancienne usine est un site industriel, pas une salle de spectacle”. En ajoutant que “le quartier résidentiel n’était pas adapté à une occupation de ce type”Cette déclaration nous intrigue puisque la mairie aurait, il y a peu, proposé au CCO de Villeurbanne de déménager dans ces mêmes locaux, avec l'idée qu'ils partagent le loyer et les batiments avec d'autres associations...
Je suis choquée par les 'arguments' de la mairie de Villeurbanne ( quartier résidentiel, bla bla bla ) alors que l'on parle de culture au sens large. Par contre les rodéos de scooter, les deals de drogue, les radicaux barbus dans le quartier du Tonkin ne les dérangent pas, il ne s'agit pas d'un quartier assez 'résidentiel' sans doute ?