Depuis ce lundi matin, le Virgin Megastore de Lyon propose 50 % de remise sur l’ensemble du magasin. Une cinquantaine de personnes étaient présentes dès l’ouverture, se ruant sur les bonnes affaires et n’hésitant pas à harceler les vendeurs pour obtenir le Graal du jour : un iPad à petit prix. Ambiance.
La nouvelle a fait le tour des réseaux sociaux, dimanche 12 mai : à partir de lundi, les boutiques Virgin Megastore bradent leur stock et proposent 50 % de remise dans tous les magasins, à l’exception des livres et chèques-cadeaux. Les détenteurs de la carte de fidélité bénéficient pour leur part de 20 % supplémentaires. Alors que la chaîne traverse une crise sans précédent et que le tribunal doit étudier les offres de reprise le 23 mai, l’opération vise clairement à vider les stocks.
Une cinquantaine de personnes à 9h59
Ainsi, une cinquantaine de personnes se pressaient devant le magasin de Lyon, ce lundi matin, peu de temps avant l’ouverture des portes. La tension est alors déjà palpable. Certains font des bras d’honneur aux caméras de surveillance. D’autres pestent, car “les vendeurs auraient eu le droit de se servir en priorité”. Le ton est donné : les gens ici présents n’ont que faire de la crise qui touche Virgin et sont là pour faire de bonnes affaires. Les portes s’ouvrent à 10 heures. C’est la cohue, les gens se précipitent dans le magasin. Tout le monde n’a qu’un mot à la bouche : iPad.
La quête de l’iPad
Les consoles de jeux vidéo sont immédiatement accaparées, mais les tablettes de la firme à la pomme ne sont pas en rayon. Immédiatement, la foule se dirige vers les vendeurs qui partent chercher les tablettes, en stock aux étages supérieurs. À leur retour, ils n’ont pas le temps de les distribuer à ceux qui les ont demandés et sont dévalisés en quelques secondes. Ils tenteront bien de contrôler le flux, mais c’est peine perdue. L’ambiance est tendue, l’excitation à son comble.
Acheter pour revendre
Un homme ayant récupéré un iPad 4 64 Go à 350 euros (au lieu de 700) est interpellé par un jeune qui lui propose 400 euros immédiatement. Il refuse poliment avant de recevoir d’autres offres. Alors que les clients ne sont pas encore passés en caisse, des négociations ont déjà lieu dans le magasin. Des sommes en liquide s’échangent discrètement et les produits passent d’une main à l’autre. Un de ces revendeurs de l’immédiat nous confie qu’il pensait proposer ses achats sur le site de petite annonce leboncoin.fr. Il n’aura pas besoin de le faire. Les produits qu’il a récupérés ont déjà de nouveaux propriétaires. Un homme, la cinquantaine, montre le carton d’un lecteur Blu-Ray : “Vous pensez que je peux en tirer combien ? Je ne sais même pas à quoi ça sert.”
Des rayons vidés en quelques minutes, sauf celui des CD
Les rayons high-tech et jeux vidéo sont rapidement vidés de leur contenu. Paradoxalement, celui des disques au premier étage est désert, malgré des réductions identiques. Symbole d’un des pôles qui a marqué la perte de Virgin, la musique sur support physique n’intéresse plus personne. Un vendeur reste confiant : “Tout devrait partir d’ici le 25 mai”, date de la fin de l’offre. Plus loin, l’une des libraires regarde la curée avec émotion et se confie : “Ça me fait mal au cœur de voir ça. C’est difficile.” Une vingtaine de minutes après l’ouverture des portes, la tension est loin d’être retombée, bien au contraire. Le personnel, pris à partie, est suivi de près par des dizaines de clients n’ayant toujours qu’un seul mot à la bouche : iPad.
Vendeurs au bord de la crise de nerfs
Harcelé, un vendeur perd ses nerfs : “J’ai déjà poussé une gueulante tout à l’heure. Arrêtez de me suivre ! Il n’y a plus d’iPad.” Un client, se sentant lésé, attend qu’il se soit éloigné pour passer sa colère : “Ils ont tout gardé pour eux !” Quelqu’un lui fait alors remarquer que, si c’est vrai, c’est légitime : “Ils sont bientôt au chômage.” À quoi le client agacé répond : “Ils ne vont pas se plaindre : ils vendent aujourd’hui, et je contribue en achetant ici” (sic). Un autre vendeur craque à son tour : “Calmez-vous, on dirait que vous voulez de la viande.” Perdue dans ce chaos, une jeune demoiselle était simplement venue acheter un nouveau chargeur pour son ordinateur portable. Elle rebroussera chemin. Ce n’est pas le jour pour faire des emplettes normales.
Un parfum de fin du monde
Une demi-heure après l’ouverture, le rayon high-tech a été pillé. Il reste bien quelques accessoires, enceintes ou casques, mais les produits les plus importants sont partis depuis longtemps. Les négociations de particulier à particulier continuent aux caisses. Les butins sont protégés. Les paniers débordent. Les plus organisés étaient venus avec de grands sacs, désormais garnis d’électronique. À l’entrée, plusieurs affiches improvisées indiquent qu’il n’y a plus d’iPad. Cela n’empêchera pas les clients de continuer de poursuivre les vendeurs désespérés. Virgin devrait bientôt fermer. Il ne devrait plus y avoir grand-chose dans le magasin d’ici à mercredi. Un parfum de fin du monde flotte au 41 rue Édouard-Herriot.
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Quoi de surprenant ? le libéralisme n'est il pas avant tout le règne de l'égoïsme et du fric ? quoi de surprenant que les vautours n'aient aucune préoccupation du sort des salariés ? La crise accentue ces comportements, chacun pour soi et si l'on doit marcher sur la tête de son voisin pour gagner 30€ sur E Bay, aucun état d'âme..... jusqu'au jour, ou l'on est soi même concerné.
La cause de ces comportements outranciers n'est pas le libéralisme mais le manque d'éducation.Il serait tellement plus simple de reconnaître que tout le monde veut du fric et tellement plus sain, à l'instar des Américains, de l'admettre. Mais on a aussi tellement répété que tout le monde a des circonstances atténuantes, que beaucoup ont perdu tout sens de l'éthique. Perdu ou jamais eu? De plus, c'est le règne de la bêtise à l'état pur. C'est écoeurant, mais représentatif de la société française.
ben quand on lit ce qu'il s'est passé réellement ça fait un peu peur car là on est pas sur des produits de première nécessite. Qu'en cas de famine les gens se battent pour survire ça peut de comprendre, que l'on s'invective pour un téléphone ou des enceintes, j'avoue ne plus comprendre mes congénères sachant que derrière tout ça c'est des personnes qui se retrouvent sur le cas, case chômage. Pas de respect! honte à vous. Lisa de Guadeloupe