Gérard Collomb reçoit en grandes pompes, mardi et mercredi, le président de la deuxième puissance économique mondiale.
Ce mardi 25 mars, pour la journée mondiale de la procrastination, Gérard Collomb ne remettra certainement pas au lendemain ce qu'il fera aujourd'hui. Ce 25 mars est bien trop important. Le maire de Lyon accueille Xi Jinping, le président chinois.
Pour sa première visite en Europe et son premier déplacement officiel en France, le président de la République populaire de Chine s'arrête donc à Lyon. Arrivée prévue à 18h40 à l'aéroport Saint-Éxupéry, avec son épouse Peng Liyuan, la « Carla Bruni chinoise ». Le couple présidentiel sera reçu par le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius et le maire de Lyon Gérard Collomb.
La délégation chinoise, largement composée de chefs d'entreprise, restera un jour et demi en ville, avant de s'envoler à Paris où François Hollande leur réserve un accord solennel.
2 secrétaires du PC, 1 vice-président et 1 président
La Chine et Lyon, c'est une vieille histoire. Au 19e siècle, Lyon recevait déjà Li Hong Zhang, un homme d'État de premier plan de la fin de l'empire Qing. En 1975, Louis Pradel accueilli Den Xiaoping qui allait devenir, trois ans plus tard, le dirigeant de la République populaire de Chine. En 1977, l'épouse de Zhou Enlai (premier ministre de Chine) se rendit dans la capitale des Gaules, suivie neuf ans plus tard de Hu Yaobang, secrétaire général du parti communiste chinois, de Jian Zemin, président de la République populaire de Chine en 1999 et, en 2001, de Ju Hintao, alors vice-président.
Gérard Collomb monte donc en gamme. Après l'accueil, il y a quatorze ans (huit mois après son élection à la tête de la mairie de Lyon) du vice-président chinois Hu Jintao, le maire de Lyon (cinq jours avant sa très probable ré-réélection) reçoit le président chinois en personne. Il sera d'ailleurs le seul maire de France à avoir les honneurs de Xi Jinping. Jamais un pays n'a envoyé aussi souvent ses plus hauts représentants.
L'énorme coup de pouce de Mérieux
Le maire de Lyon peut remercier Alain Mérieux, président de BioMérieux. Car c'est l'ancien élu de Michel Noir et vice-président de Charles Millon au conseil régional, à la tête de la plus ancienne et plus belle réussite industrielle lyonnaise, qui a réussi le coup de force de faire faire un crochet au président chinois. LXi Jinping et le capitaine d'industrie lyonnais se connaissent bien pour s'être rencontré à plusieurs reprises.
Entre les entreprises Mérieux et la Chine, il existe en effet une longue tradition d'échanges. Leur collaboration a débuté en 1978 par les vaccins, en 1978, puis, à partir de 1994, elle s'est étendue au domaine du diagnostic médical, de l'immunothérapie, des contrôles de sécurité alimentaire et plus largement à la lutte contre les maladies infectieuses. Alain Mérieux a aussi milité pour établir une coopération scientifique et économique pérenne avec la municipalité de Shanghaï. Des laboratoires de recherche mixte associant équipes chinoises et collaborateurs de l'Institut Mérieux ont également vu le jour ces dernières années.
Loup en croûte à l'Hôtel de Ville
C'est dire si les dirigeants chinois sont attachés à l'ancienne capitale de la soie. Mercredi, à 9h00, le président chinois se déplacera à Marcy-l'Étoile pour visiter les laboratoires de son "ami" Mérieux, avant de repartir à Lyon pour visiter l'Institut franco-chinois, créé en 1921, et inaugurer le Centre pour la promotion des relations entre la Chine et Lyon et le musée de l'Institut franco-chinois de Lyon.
Dès ce soir, sous les ors de l'Hôtel de Ville, Gérard Collomb recevra le président Xi Jinping, son épouse et 150 convives, dont de très nombreux patrons d'entreprises cotées lyonnaises et certaines majors du CAC 40. Car pour la France, et Lyon (lire Lyon-Chine en chiffres), le voyage du président Jinping n'a qu'un seul objectif : rééquilibrer les échanges franco-chinois dans les domaines tels que le nucléaire, l'aéronautique ou la santé. S'exprimant pour la première fois dans un média occidental (Le Figaro), depuis son accession à la présidence chinoise il y a un an, Xi Jinping défend le principe d'un "partenariat mutuellement profitable (…) gagnant-gagnant". "Grandes économies du monde, la Chine et la France sont très complémentaires et partagent de larges intérêts communs, écrit-il. Il y a donc lieu pour elles de libérer pleinement leur potentiel de coopération, en approfondissant l'intégration des intérêts dans les secteurs traditionnels comme le nucléaire, l'aéronautique, l'aérospatiale et l'automobile (…) et en développant des projets phares dans de nouveaux secteurs comme l'agroalimentaire, la finance et le numérique."
Pas sûr en revanche que Gérard Collomb lui parle beaucoup démocratie et respect des droits de l'homme....