Ce mercredi 15 juin, Laurent Wauquiez a présenté son plan régional pour l’industrie du futur, en conclusion de l’événement “Industries 2020 first !”. Devant une centaine de patrons, le président du conseil régional a déroulé ses projets façon keynote, où il n’y avait rien à voir, mais tout à faire.
Le paradoxe Wauquiez continue. L’hyperactif, plus intelligent qu’il ne le laisse paraître, est prêt à sortir des énormités en jouant sur les instincts les plus primaires puis faire preuve d’une vision moderne sur des sujets complexes. Mercredi matin, chez Jean-Jacques Bourdin, il propose que les personnes fichées S soient placées en centre de rétention avant qu’elles ne passent aux actes, projet irréaliste pour beaucoup.
Le show
Quelques heures plus tard, le voilà de retour sur Lyon pour présenter son programme pour l’industrie du futur. Selon ses propres mots, “futur” a été ajouté pour ne pas faire peur, car le terme industrie seul serait repoussant en France. Devant une centaine de patrons, Laurent Wauquiez s’est livré à l’exercice façon keynote (présentation). Style détendu, où le seul élément strict était la cravate.
Le président du conseil régional enchaîne les propositions, rappelant régulièrement le “mauvais” bilan de la précédente mandature pour mieux souligner ce qu’il va faire. Beaucoup de temps perdu en parlote inutile, et surtout à la limite du redondant quand l’heure est à l’action. Laurent Wauquiez semble toujours en campagne, mais peine parfois à montrer les muscles au-delà des petites phrases. En témoigne son introduction, où il explique qu’il envoie ses membres des services administratifs dans les entreprises de la région pour apprendre à mieux manager et travailler. La salle jubile, le président du conseil régional déroule les formules : “Notre priorité, c’est l’emploi. C’est vous, les entreprises, qui créez l’emploi. Vous êtes notre priorité.”
Les propositions entre les formules
Ses propositions pour l’industrie du futur ne sont pourtant pas dénuées d’intérêt. Cependant, elles sont perdues dans les effets de style permanents et l’on peine à savoir ce qui dépassera le statut des promesses. En attendant que tout soit mis en place, il faudra le croire sur parole.
Le président du conseil régional affirme que, début 2017, il mettra en place une agence économique unique, avec un seul guichet pour répondre aux entreprises en matière de formation, d’exportation, d’investissement et d’implantation à l’étranger. Grâce à cette force de frappe, les entreprises de la grande région ne passeront plus, assure-t-il, à côté des financements européens et seront mieux aiguillées. Là encore, l’entreprise est sa référence : la gestion de cette agence sera basée sur un modèle privé, avec indicateurs de performance. Fini les bureaux à l’étranger avec une dizaine de personnes pour aider les entreprises (référence évidente à Erai), le président veut labelliser des cabinets qui feront ce travail. Comment ? Il faudra attendre.
Une école avec Michelin
Convaincu qu’on “chasse mieux en meute”, Laurent Wauquiez souhaite que les entreprises se rapprochent et que la synergie se fasse entre les “clusters”. Pour le financement des entreprises, il s’est opposé à l’idée d’un fonds d’investissement et ne veut pas “payer à perte”. Interrogé par Lyon Capitale sur les outils disponibles, il répond : “L’objectif est d’avoir tout le panel des aides : prise de participation, prêt à taux zéro. Une seule obsession : il faut que ça marche et que ça soit une réussite pour l’emploi.” In fine, le concret, mais encore au futur, sera à chercher du côté de la formation. Laurant Wauquiez a annoncé un projet d’école en partenariat avec Michelin pour délivrer des formations aux métiers industriels en tension. La structure rentrera dans le cadre du programme d’investissement d’avenir. Le président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes refuse que “la France devienne une société de consommateurs” où l’on ne produit plus rien. Il va falloir faire plus que des paroles pour éviter ce destin en matière industriel. Le secret d’une bonne keynote, c’est de bien parler, d’être détendu, mais surtout de montrer et ne pas trop promettre, sinon ce n’est que du marketing… ou de la politique.