Diego Rivera et les cubistes, Antonin Artaud et María Izquierdo, Breton et Frida Kahlo, Modotti et Cartier-Bresson… “Los Modernos” au musée des Beaux-Arts illustre les influences croisées entre les artistes mexicains et français, du début du XXe siècle jusqu’aux années 1960. Attention, le voyage à Mexico est ouvert jusqu’au 5 mars, mais l’autoportrait de Frida choisi pour l’affiche ne sera visible que jusqu’à la mi-janvier.
La nouvelle exposition temporaire du musée des Beaux-Arts s’inscrit dans la continuité de celle présentée à Mexico sous le même titre, “Los Modernos”, en 2016. Elle confirme le développement des collaborations du musée lyonnais à l’international, après Shanghai, Johannesbourg, Édimbourg et Karlsruhe. Réunissant les collections lyonnaises et celles du Museo Nacional de Arte (Munal) de Mexico, elle illustre dialogues et ruptures entre deux scènes de l’art moderne de 1900 à 1960. En trois dossiers : le cubisme, l’influence des artistes mexicains sur le mouvement surréaliste en France et les regards croisés entre photographes mexicains, américains et français, à travers 300 œuvres, dont une centaine de photographies.
Métissages et écarts
Ces “Dialogues France-Mexique” rappellent les leçons du néo-impressionnisme, du fauvisme, du cubisme, du surréalisme et des recherches abstraites au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit de montrer les métissages et les écarts d’une scène à l’autre et comment les artistes mexicains sont parvenus à se libérer progressivement d’une tradition culturelle empruntée à la France, pour poursuivre les buts qui étaient les leurs.
Parmi les artistes présentés :
– pour la scène française : Pierre Bonnard, Albert Gleizes, Georges Braque, Robert Delaunay, André Derain, Henri Matisse, Fernand Léger et Pierre Soulages
– pour la scène mexicaine : Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros, José Clemente Orozco, Germán Cueto, Carlos Mérida, Rufino Tamayo, María Izquierdo, Saturnino Herrán, Gerardo Murillo (Dr. Atl), Mathias Goeritz…
L’internationale cubiste
Le premier dossier de l’exposition a été conçu autour de Diego Rivera et des liens que l’artiste mexicain a noués tout particulièrement avec le cercle cubiste en parvenant à proposer une synthèse entre les cubismes de Pablo Picasso, de Georges Braque et d’Albert Gleizes. Rivera fait un usage inattendu des couleurs qui traduit, pour les critiques de l’époque, son “tempérament de Mexicain”. Ángel Zárraga rejoint aussi Paris en 1911 et sera séduit par la géométrie et la décomposition des formes cubistes tout en accordant un rôle majeur à la couleur.
Rencontres surréalistes
La fascination exercée par le Mexique sur les artistes, critiques, écrivains et poètes français liés au surréalisme constitue le deuxième dossier de cette exposition. À la différence de Guillaume Apollinaire, qui n’est jamais allé au Mexique, Antonin Artaud (1936) et André Breton (1938) y séjournent. Artaud est venu au Mexique pour fuir la “culture rationaliste de l’Europe”. Il découvre notamment la personnalité artistique de María Izquierdo. Quant à Breton, il y fait deux rencontres capitales : le photographe Manuel Álvarez Bravo et la peintre Frida Kahlo. Il est également fasciné par l’art précolombien et les objets d’art populaire.
Objectifs croisés
Le troisième dossier approche la photographie mexicaine au XXe siècle à travers les regards croisés de Manuel Álvarez Bravo, Edward Weston, Tina Modotti, Paul Strand, Henri Cartier-Bresson et Bernard Plossu. L’exposition illustre comment ces photographes se sont rapprochés des avant-gardes nées après la Première Guerre mondiale.