Malgré un budget légèrement en retrait par rapport aux précédentes, l’édition 2017 des Assises internationales du roman nous promet une passionnante semaine de rencontres et de découvertes littéraires. Qui s’ouvre ce lundi par un grand entretien avec Salman Rushdie.
À la fois ludiques et sérieuses, telles seront, si l’on en croit le programme, les Assises internationales du roman (organisées par la Villa Gillet et le journal Le Monde) qui s’ouvrent ce lundi 29 mai aux Subsistances. Soit une semaine de rencontres, de tables rondes, de débats, d’entretiens… avec une trentaine d’écrivains (32, exactement) venus de l’Hexagone et du monde entier. Il y aura comme chaque année un espace librairie, où seront proposées les dernières publications des auteurs invités, mais le but premier de ces Assises reste de créer la discussion, de confronter les points de vue, sur des thématiques qui traversent les œuvres des auteurs attendus. Parmi eux, citons Isabelle Autissier, Frédéric Beigbeder, Ali Benmakhlouf, Boubacar Boris Diop, Benoît Duteurtre, Mariana Enriquez, William Finnegan, Arthur H, Inaam Kachachi, Henri Leclerc, Maxim Leo, Valter Hugo Mãe, Alain Rey, Violaine Schwartz, Leïla Slimani, Chloé Thomas, Diego Trelles Paz, Éric Vuillard, A Yi…
L’engagement politique,et plus largement citoyen, sera au cœur des préoccupations. Salman Rushdie, tête d’affiche de la manifestation, à qui nous avions ouvert nos colonnes, n’a pas voulu y aborder la question de la liberté d’expression bridée par l’extrémisme islamiste, qui continue de sévir dans la vie intellectuelle. Mais il le fera certainement dans son “grand entretien” avec la journaliste du Monde Raphaëlle Rérolle. Il disait au Figaro il y a moins d’un an : “Vous, Français, employez l’étiquette Daech, ce qui neutralise les choses, alors que partout dans le monde on appelle ce mouvement Isis, Islamic State of Iraq and Syria, pour faire entendre le mot islam”… Une question qui sera certainement aussi évoquée dans la conversation entre l’Algérien Kamel Daoud et la Turque Ece Temelkuran. Tout comme différentes questions qui renvoient à la violence du monde seront creusées par l’écrivaine rwandaise Scholastique Mukasonga, le Franco-Rwandais Gaël Faye ou le Britannique Harry Parker au cours d’autres tables rondes. On trouvera également des questions plus singulières comme l’utilisation de souvenirs personnels dans le roman ou encore la “généalogie d’un crime” avec Simon Liberati et Kate Summerscale.
L’orientation ludique de l’événement sera surtout déclinée avec des ateliers participatifs sur les métiers de bouche ou l’artisanat qui seront accessibles aux plus jeunes. Signalons la rencontre avec le chef triple-étoilé Régis Marcon (samedi 3 juin) qui nous rappellera les nombreuses passerelles entre la gastronomie et la littérature, notamment par l’inventivité que l’on trouve aussi bien en cuisine que dans la langue. Si l’humour sera de la partie, le sérieux ne sera pas absent du volet des Assises consacré à des domaines comme la justice ou la dispute philosophique, avec une épreuve de joute oratoire ouverte aux participants, avis aux amateurs !
Mais cette manifestation qui doit tellement aux traducteurs sera certainement marquée aussi par le chagrin de la perte d’un grand, Bernard Hoepffner – traducteur de Martin Amis, Nicole Krauss, Jerome Charyn, Will Self, William T. Vollmann, pour citer des contemporains –, dont nous avons appris la disparition vendredi. Bernard Hoepffner avait été invité à la Villa Gillet pour la traduction qui l’a fait connaître, L’Anatomie de la mélancolie, de Richard Burton (éd. José Corti, 2000) et aux Assises en 2009 pour une table ronde sur la re-traduction. Il est revenu à Lyon, ou plutôt à Bron, en 2015 pour intervenir à la (passionnante) journée de réflexion sur la traduction organisée par la Fête du livre (podcast ici).