Critique. La dernière mise en scène so vintage du directeur du théâtre de la Croix-Rousse, Jean Lacornerie, nous fait vibrer au rythme des sonneries d’un standard téléphonique new-yorkais, véritable nœud d’intrigues amoureuses et de situations cocasses.
Comment adapter une comédie musicale sans tomber dans les travers du théâtre de boulevard, tant les ressorts comiques sont parfois proches ? Avec Lady in the Dark ou West Side Story, on connaissait le goût du metteur en scène Jean Lacornerie pour ce répertoire, plus exigeant qu’il n’y paraît.
C’est un défi qu’il a relevé avec brio, en s’emparant de cette comédie qui a eu son heure de gloire à Broadway. Elle nous emmène dans le New York des années 1950, à la rencontre de jeunes femmes naïves en quête d’amour, d’un écrivain en mal d’inspiration, d’un comédien gigolo, de flics tenaces et de mafiosos de pacotille. Des personnages dont le destin ne tient qu’à un fil : celui d’un bon vieux téléphone.
Si cette adaptation est une incontestable réussite, on la doit de toute évidence à la justesse de l’interprétation des comédiens. Car jouer, danser et chanter dans le même temps ne peut se faire sans que le tout soit simplement… parfait. Derrière les badineries ou la légèreté d’un imbroglio amoureux, c’est surtout une véritable mécanique de précision que Lacornerie a mise en place, afin que rien ne soit laissé au hasard. Ni une adaptation du texte – qui conserve miraculeusement les délices de la langue de Shakespeare – ni l’ambitieux dispositif scénique ne souffrent ainsi de la moindre imperfection.
Et puis il y a sans doute ce qui fait le charme de ce répertoire : le chant, la danse, la musique, dont il faut reconnaître la capacité à émouvoir, sans complexe. En cela, l’association avec les Percussions Claviers de Lyon paraît être une évidence, tant le rythme endiablé qu’impose la mise en scène nécessite d’être soutenu musicalement. De ce point de vue, il faut reconnaître que l’ensemble dirigé par Gérard Lecointe a joué sa partition. Tout ceci porte à merveille ce chassé-croisé d’intrigues improbables mais palpitantes, servi par des comédiens dont l’énergie reste intacte durant 2h30.
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Bells are ringing. Jusqu’au 29 novembre, à 20h, au théâtre de la Croix-Rousse, place Joannès-Ambre, Lyon 4e.
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Lire aussi : l’entretien de Lyon Capitale avec le metteur en scène, Jean Lacornerie.
C'est les deux derniers jours de la pièce, je recommande vivement à tous ce spectacle haut en couleur où vous allez rire du début à la fin.