À ma gauche, Ton Koopman, chef d’orchestre, claveciniste et pionnier, dans les années 1970, de la seconde génération d’interprètes sur instruments historiques (aux côtés de Jordi Savall notamment). Ses atouts : une personnalité tempétueuse sans égale, conférant à ses lectures des œuvres un souffle qu’on oserait qualifier de mystique, le tout associé à l’excellence d’un orchestre de solistes aguerris aux répertoires des XVIIe et XVIIIe siècles – l’Amsterdam Baroque Orchestra.
À ma droite, Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre, institution ô combien plébiscitée dans le domaine de la musique baroque pour son sens de la dramaturgie et du spectacle et des visions souvent enlevées des œuvres qui ne négligent pas le spectaculaire.
Au centre, les deux Passions de Bach : celle selon saint Matthieu, confiée à Koopman, celle selon saint Jean à Minkowski... Et deux salles : l’Auditorium de Lyon et la chapelle de la Trinité qui, comme en avril 2013, accueillent à moins de deux jours d’intervalle ce qui s’apparente diablement à un match retour.
Au-delà du résultat, si tant est que “match” il y ait, saluons l’occasion d’entendre de nouveau les deux chefs-d’œuvre de Bach : plus de cinq heures au total de la musique la plus spéculative et spirituelle qui soit ! Quant au pronostic, accordons tout de même aux Hollandais un léger avantage en ce qui concerne l’interprétation et aux Français le bénéfice de la salle, la chapelle de la Trinité étant plus adaptée à la représentation de fresques liturgiques...