Manfred Pernice Fiat IAC
Manfred Pernice

Expo : Manfred Pernice le vénérable à l’IAC

L’Institut d’art contemporain de Villeurbanne démarre fort l’année, avec la superbe exposition monographique consacrée à l’artiste berlinois.

Manfred Pernice, Fiat V, 2008 – Vue de l’exposition à l’IAC © Blaise Adilon

Manfred Pernice, Fiat V, 2008 – Vue de l’exposition à l’IAC © Blaise Adilon

Manfred Pernice (né en 1963, il démarre sa carrière dans les années 1980) a entièrement restructuré l’espace de l’IAC avec ses sculptures et installations faites de bric et de broc. À commencer par cette sculpture monumentale à l’entrée des salles, promontoire soutenu par un échafaudage métallique dont on voit les coulisses, qui obstrue autant qu’elle invite le visiteur à y grimper. Sorte de toit reconstitué avec ses garde-corps et son banc, cette première œuvre crée de manière ironique une vue sur… rien. De même que les prospectus, photocopies, impressions jet d’encre… constituant un imagier cheap semblent aussi dérisoires et aléatoires, et de fait deviennent le lieu d’interprétations et de projections possibles.

Un cheval omniprésent

L’œuvre est bien plus complexe qu’il n’y paraît. L’exposition démontre d’abord l’obsession de certaines formes chez Pernice (en attestent les petites séquences vidéo). L’omniprésence du cheval sous ses atours les plus triviaux (jouets d’enfant), les tentatives de représenter avec des matériaux peu nobles, proches du geste amateur (papier mâché, céramique) des sujets figuratifs et abstraits, peuvent rappeler la beauté et la naïveté des temps immémoriaux où l’homme commençait à figurer le monde.

Manfred Pernice, Independance, 2013 – Vue de l’exposition © Blaise Adilon

Manfred Pernice, Independance, 2013 – Vue de l’exposition © Blaise Adilon

Pourtant, nous sommes bien au XXIe siècle. Enfin, plutôt au XXe, circa 1980-1990, car l’artiste aime à glisser çà et là, parmi ses fameux modules aux coins biseautés façon cheval d’arçon ou colonnes en bois aggloméré brut ou peint, des objets modernes de consommation, domestiques, des emballages plastiques quotidiens, ou issus d’un savoir-faire artisanal kitsch, typiques de cette époque.

Des ruines modernes

Manfred Pernice, vue de l’exposition.

S’inspirant de l’architecture, du mobilier urbain et des transports berlinois, Pernice en reprend les motifs de manière grossière et minutieuse à la fois, comme cette mise aux carreaux quasi systématique de ses modules boisés, réinterprétant les murs carrelés des espaces publics. Ruines modernes reposant sur une pratique assez instinctive de la transformation d’objets usuels en œuvres d’art ou de gestes simples (empilement, assemblage, collage), Pernice développe un vocabulaire formel riche, semblant aller à l’infini, et devient, une fois l’exposition parcourue, l’aîné vénérable de toute une tendance de la sculpture contemporaine à l’esthétique lo-fi, définitivement.

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Fiat(lux) – Manfred Pernice. Jusqu’au 23 février, à l’IAC, 11 rue Docteur-Dolard, Villeurbanne. Ouvert du mercredi au dimanche de 13h à 19h.

Ci-dessous en vidéo, Manfred Pernice présente lui-même l’exposition :

 

Manfred Pernice, "fiat(lux)", Institut d'art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes from Institut d'art contemporain on Vimeo.

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