Entre 2006 et 2012, le photographe lyonnais Cédric Vigneault effectue 4 voyages dans la cité parthénopéenne pour photographier ce qu’il appelle “l’Œil de Naples”. A partir du 12 mai, il exposera ses 23 clichés argentiques à la bibliothèque du 1er arrondissement de Lyon.
Sur la photographie, un homme, seul, marche, la tête baissée. Il regarde droit devant lui. Il ne sourit pas. Dans son grand habit noir, il a l’air d’un fugitif. Et pour cause, "à Naples, on a toujours l’impression que quelqu’un vous observe dans la rue", explique Cédric Vigneault. C’est ce regard omniprésent qu’il appelle "l’Œil de Naples". Pour rendre compte de cette atmosphère qui semble propre à la ville, il photographie, se place là où on ne le voit pas, dans l’ombre, invisible. Au travers de son Leica, l’expression de George Orwell "Big Brother is watching you" prend alors tout son sens.
"J’étais une éponge et j’absorbais l’âme de la ville", confie le photographe. Vigneault s’attache aux détails : des visages pris à l’arrachée, des bras dont on ne sait à qui ils appartiennent, des ombres dans la nuit noire, des crânes morbides, des effigies religieuses, etc. Ses photos sont sombres, énigmatiques, parfois floues, mais toutes en noir et blanc. Dans son travail, le noir et blanc ne fait que renforcer le caractère mystique de Naples. Et on ne peut s’empêcher de penser au travail qu’effectuait le plasticien Ernest Pignon-Ernest à Naples il y a vingt ans. De 1988 à 1995, celui-ci tapissait les murs de Naples de corps décharnés, morts.