5e saison aussi réjouissante que les précédentes pour le festival créé par la Maison de la danse lyonnaise. Qui nous propose de découvrir sept artistes qui se démarquent par des créations libérées de tout formalisme, à la recherche du risque et de l’invention.
Aux côtés de la chorégraphe grecque Patricia Apergi, qui crée Cementary au Toboggan ce mercredi (entretien à lire ici), on trouve dans l’édition 2017 du festival “Sens dessus dessous” (lancée le 5 mars) six artistes, connus pour certains et beaucoup moins pour d’autres.
Suspension, collision et politique
Le circassien Yoann Bourgeois propose Minuit, un programme qui poursuit son travail autour du trampoline et du point de suspension (celui qui se situe au sommet de la projection du corps dans l’espace, juste avant qu’il ne retombe) sur une musique jouée live par Laure Brisa.
Philip Connaughton et Ashley Chen se jouent d’un trio (Whack !!) qui met en œuvre deux corps en collision dans l’espace autour des notions de contrainte, d’empêchement, d’endurance et de pouvoir.
Originaire du Burkina Faso, Serge Aimé Coulibaly présente une pièce dont le titre, Kalakuta Republik, est celui de son programme politique. Artiste très engagé, il pose ici la question de l’engagement des artistes au travers d’une danse moderne qui trouve encore ses ancrages dans la tradition mais cherche à dialoguer avec les cultures de tous les continents.
Avec Éloge du puissant royaume, Heddy Maalem nous fait découvrir une danse de rue peu connue en France, qui est née aux États-Unis dans les années 1990 : le krump. Pratiquée sous forme de battles dans un contexte de guerre des gangs, d’apparence violente, elle s’avère libératrice et poétique.
Il vient de s’installer à Lyon (on en reparlera) : le Biélorusse Arkadi Zaides, qui a vécu en Israël, a travaillé avec des références comme la Batsheva Dance Company et Yasmeen Godder. Sa pièce Talos reflète ce qui porte son travail depuis de nombreuses années : la situation socio-politique israélo-palestinienne.
Chanteuse, auteur et chorégraphe, Dorothée Munyaneza a choisi avec Samedi détente d’évoquer son enfance paisible avant qu’elle ne bascule, en 1994, dans l’horreur du génocide des Tutsis, l’exode et la violence faite aux femmes. Elle danse pour faire entendre les silences des hommes et de l’histoire.
À l’évidence, la programmation de ce festival cherche l’originalité chorégraphique mais également la danse comme un lieu de réflexion politique. Le pari est à ne rater sous aucun prétexte !
Festival Sens Dessus Dessous – Jusqu’au 18 mars, à la Maison de la danse et au Toboggan.
Yoann Bourgeois / Minuit – Lundi 6 mars à 19h30 et mardi 7 à 20h30Philip Connaughton & Ashley Chen / Whack !! – Vendredi 10 à 19h15 + samedi 11 à 17h et 19h15Serge Aimé Coulibaly / Kalakuta Republik – Vendredi 10 et samedi 11 à 20h30Heddy Maalem / Éloge du puissant royaume – Mardi 14 à 20h30 et mercredi 15 à 19h30Arkadi Zaides / Talos (étape de travail) – Samedi 18 à 18h15Dorothée Munyaneza / Samedi détente – Samedi 18 à 20h30Les spectacles ci-dessus ont tous lieu à la Maison de la danse. |