Firminy : la ville verticale de Le Corbusier

L’unité d’habitation de Firminy a été construite par Le Corbusier selon une nouvelle organisation spatiale, alliant avantages de l’habitat collectif avec ceux de l’habitat individuel. Lyon Capitale vous propose une présentation de cette unité de vie fonctionnelle et originale, qui portait en son sein un véritable projet politique coopératif.

"L’unité d’habitation, c’est un navire. Chacun y aura la liberté complète de ses gestes, l’isolement de son foyer, chacun sera libre", déclare Le Corbusier lors de la pose de la première pierre de l’unité d’habitation de Firminy en mai 1965.

L’unité d’habitation de Firminy a été construite entre 1965 et 1967. C’est la cinquième déclinaison de ce type de bâtiment, dont le premier est la célèbre "Cité Radieuse" de Marseille, édifiée en 1952. L’unité d’habitation de Firminy est la plus importante en termes de nombre de logements jamais construite par Le Corbusier.

Une ville verticale

L’unité d’habitation de Firminy est conçue comme une unité de vie de 130m de long, qui abrite 414 logements pouvant accueillir pas moins de 1 800 habitants.

Le Corbusier organise l’édifice comme une véritable ville, dans laquelle on retrouve des logements, mais aussi toute une gamme de services comme une école maternelle ou un théâtre sur le toit-terrasse, qui a été pensé comme étant la place de la ville où se retrouvent les habitants. Les couloirs qui desservent les appartements sont appelés les "rues". D’ailleurs, chaque porte est peinte d’une couleur différente, ce qui permet aux enfants de retrouver facilement leur appartement.

En s’approchant de cet édifice, la première chose remarquable est le contraste entre l’aspect imposant du bâtiment en béton et l’espace produit par la construction sur pilotis. Un des principes chers à Le Corbusier, la construction sur pilotis permet à la fois de dégager la vue du piéton et de produire de l’espace, pour que les habitants puissent se retrouver au pied de l’immeuble pour discuter. Cette ouverture de la vue permet de mieux mettre en valeur les grandes étendues de verdures qui entourent l’unité d’habitation, car pour Le Corbusier, ce "navire" devait flotter dans "le soleil, l’espace et la verdure".

Un lieu de vie fonctionnel

Chaque espace du village vertical est adapté selon les besoins des habitants, tandis que l’inutile est évacué. Le Corbusier s’est concentré sur l’aspect fonctionnel par exemple du mobilier, qui doit avant tout être pratique pour les habitants. Pour l’architecte, "une maison est une machine à habiter" qu’il faut construire avec rationalité.

Par exemple, deux chambres d’enfants peuvent communiquer grâce à un tableau coulissant composé de deux faces en ardoisine, afin qu’ils puissent dessiner "sur les murs". De même, dans tous les logements de l’unité d’habitation est installé un meuble passe-plats qui permet de conserver les ustensiles de cuisine tout en délimitant la cuisine. L’espace de la cuisine, surnommé le "laboratoire", est optimisé au maximum afin de permettre à celui qui cuisine de pouvoir voir les gens dans le salon, et ainsi de participer à la vie commune.

Le projet politique de Le Corbusier : le vivre ensemble

L’homme est placé au centre des préoccupations de l’architecte, qui souhaite permettre le bonheur et le bien-être des habitants. C’est un véritable projet politique coopératif que sous-tend le concept même de l’unité d’habitation.

Pour créer ce vivre ensemble au sein de sa ville verticale, Le Corbusier développe un certain nombre de services et de lieux collectifs. Dix-sept clubs, allant de la couture à l’aide aux devoirs, situés à des niveaux différents, sont destinés aux habitants et sont gérés par l’association des habitants de l’unité d’habitation, constituée dès 1968. Les habitants peuvent aussi se retrouver sur la "place" du toit-terrasse, dans les "rues" ou bien au pied de l’immeuble sous les pilotis et dans le hall d’entrée.

L’école maternelle et le toit-terrasse

Les façades, le toit-terrasse et l’école maternelle ont été classés Monuments Historiques en 1993. L’école a été placée sur le toit de l’immeuble, comme à l’unité de Marseille et à celle de Rezé, et elle se déploie sur les trois derniers niveaux.

Cette école de 3 000 m2 est adaptée aux besoins des enfants. Les huit salles de classe sont conçues comme des espaces autonomes, en étant séparés de portes coulissantes en ardoisine faisant aussi office de tableau pour les élèves. Pour les plus petits, la salle de classe est organisée autour d’un bac en béton aux usages évolutifs, selon l’âge des enfants.

La façade ouest est agrémentée de claustras de diverses couleurs, qui projettent sur le sol des taches colorées, créant ainsi un jeu de marelle mouvant selon l’emplacement du soleil.

Enfin pour les beaux jours, Le Corbusier a prévu deux salles de classe en plein air sur le toit-terrasse. Ce toit possède aussi des équipements collectifs, dont le plus important est le théâtre de plein air qui a été conçu à l’antique. Les gradins, parfaitement rectilignes, sont semblables à ceux du stade et de la Maison de la Culture de Firminy.

L’unité d’habitation de Le Corbusier constitue finalement l’archétype d’un nouveau mode d’habitat, inspiré du mouvement moderne et fondé sur l’équilibre entre l’individuel et le collectif.

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