Comme transfiguré par un “relooking extrême”, le bof-bof folkeux Hugh Coltman revient dans une autre peau classieuse. Celle de son deuxième album Zero Killed, auquel on a non seulement survécu mais qu’en plus on a aimé.
Sur la pochette (hideuse) de son premier album, Stories from the Safe House, Hugh Coltman apparaissait (mal) dessiné, hirsute et le visage tordu, le tout sur fond vert (il faudra penser à interdire cette couleur un jour, par décret, ce sera plus pratique). On n’avait alors pas eu très envie d’écouter un album aussi laid et, chose faite malgré tout, guère aimé ce qu’on y avait entendu, trouvant l’ensemble gentillet et, à l’occasion, un brin putassier – à l’inverse de beaucoup de monde qui adouba immédiatement cet Anglais exilé à Paris.
Sur la pochette de Zero Killed – visiblement Mr Coltman n’aime pas les dommages collatéraux –, il porte banane (la coupe de cheveux, pas le fruit) impeccable, cravate et costume (dont on croit quand même voir dépasser un fil) et expression grave. On se dit donc que quelque chose a changé. Effectivement, sa musique a gagné en élégance et s’est nappée de bien jolis atours dans cet exercice toujours casse-gueule du deuxième album où il faut confirmer sans lasser. Si l’on peut en outre surprendre, qui s’en plaindra ? C’est peu dire que Coltman l’a fait, nous surprendre.
Plus que d’avoir trouvé son style, l’Anglais semble s’être trouvé tout court, ce qui est encore mieux ; ajoutant la retenue à l’élégance et l’élégance à la retenue. C’est bien simple, on dirait qu’homme et musicien sont passés à la moulinette de Relooking extrême. D’où des morceaux qui ne sont pas sans rappeler certaines des plus belles plumes pop-folk du moment ou du passé (récent), d’Andrew Bird à feu Elliott Smith – ce qui nous aurait paru totalement inconcevable il n’y a pas si longtemps. Plus question ici donc, à quelques (rares) exceptions près, d’appâter le chaland avec du mini-hit à la petite semaine. Coltman peut avoir les moyens de ses ambitions et l’ambition de ses moyens, tout en espérant que le public suivra. Il serait bien bête de ne pas le faire.
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Hugh Coltman. Le 19 décembre 2012, au Transbordeur (Villeurbanne).