QUE SONT-ILS DEVENUS ? - Chaque lundi, nous vous présentons une personnalité lyonnaise qui a fait l'actualité et ne la fait plus. Cette semaine,le chanteur Kent. Il faut être né dans les années 60 pour se rappeler de ses débuts, être né dans les années 80 pour se souvenir de son tube avec Enzo Enzo, et encore être né dans l'univers du rock pour aimer son dernier album, Panorama. A toutes les époques, le chanteur croix-roussien a marqué. Retour en arrière pour les plus jeunes.
Kent Cokenstock a aujourd'hui 53 ans dont 33 de carrière artistique derrière lui. Un passé qu'il a foncièrement aimé. Il se jette dans la mêlée dès 1977 où il fonde le groupe de rock lyonnais Starshooters qui connait rapidement un succès d'estime. 1977, l'année rêvée pour lancer son groupe, l'an zéro du punk, l'effervescence des Seventies. De tout cela, Kent, alors chanteur du groupe, en profite. Si lui et ses trois acolytes réalisent ensemble une carrière éclair, il n'en reste pas moins qu'ils s'imposent dans les charts avec des titres comme Betsy Party, ou 35 tonnes. Get baque, une reprise plus que controversée du titre éponyme des Beatles achève de façonner la réputation de mauvais garçons de Starshooters.
Puis le groupe se sépare au bout de 6 ans de tournée et quatre albums studios. Le vent tourne, Kent se sent capable de se lancer seul dans la chanson. Plus posés, plus âgés, plus mûrs, les albums qui suivront sont témoins d'un nouveau Kent. Dans les années 90, il écrit pour des grands noms de la chanson française comme Johny Hallyday, Zazie ou encore Michel Fugain. Puis vient la collaboration avec Enzo Enzo et le tube ''Juste quelqu'un de bien'', très grand succès français.
''Il faut toujours se réinventer''
Aujourd'hui, il est un peu sorti des écrans radars, mais il n'arrête pas pour autant. Kent écrit, dessine, compose. Lorsqu'on lui demande le lien entre ces différentes activités artistiques, il répond, un brin de sarcasme dans la voix que le point commun, c'est sa ''main droite, parce que c'est elle qui écrit, qui joue de la guitare, c'est elle qui dessine''. 16 opus, 6 albums de bandes dessinées, et une douzaine de romans entre 1983 et 2009, telle est la prolifique œuvre de Kent qui, entre temps, ajoute un patronyme à son nom. En hommage au père de Tintin, Hergé, il se nomme Kent Cokenstock. Et de développer l'idée avec humour: ''ça aurait pu être Kent Picaros, Marchésurlalune ou Objectiflune, mais non, ça a été Kent Cokenstock.''
Kent n'est pas du genre à se contenter de ce qu'il a déjà construit. Il lui faut toujours créer, rester actif. ''Il faut toujours se réinventer, surtout dans la chanson, sinon on devient vite objet de nostalgie, explique-t-il, les gens vivent dans le moment présent, qui a une certaine couleur, une certaine odeur, un certain son. '' En 33 ans, Kent n'a pas vieilli, il a mûri. Sa démarche est plus sereine, plus paisible, et en ressortent des textes d'une douce violence, d'une impétueuse sagesse que seul un homme qui a vécu pleinement sa vie peut écrire. Son dernier album, Panorama, est un hommage qu'il rend aux décennies passées, un respectueux tribut offert aux générations à venir.
Justement, lorsqu'on le questionne sur ses projets futurs, l'élégant quinqua reste discret : ''Je ne suis pas superstitieux à collectionner les trèfles à quatre feuilles ou à avoir une patte de lapin dans ma poche, mais je n'aime pas parler de quelque chose qui n'est pas abouti.'' Le calme tempétueux de Kent Cokenstock aura raison de notre curiosité.
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