Des chercheurs lyonnais ont pratiqué les fouilles "exceptionnelles".
Ils mesurent entre 25 et 30 mètres de long, pèsent jusqu'à 30 tonnes, peuvent atteindre 15 mètres de haut (un immeuble de trois étages) et se déplacent entre 4 et 5 km/h. Les premières analyses des chercheurs lyonnais viennent de tomber. Il y a 150 millions d'années, à Loulle, dans le Jura, des dinosaures de type Diplodocus (quadrupèdes à petite tête et long cou, équilibrés par une lourde et longue queue) sont passés par là. Mieux, selon Jean-Michel Mazin, directeur de recherche au CNRS/Laboratoire paléoenvironnements et paléobiosphère de Lyon 1, "il s'agit d'une zone de passage de ces grands dinosaures, entre ce qu'on appelle aujourd'hui le massif vosgien et le massif central". "Une sorte d'autoroute pour dinosaures" vulgarise Vincent Lacombe, un étudiant dépêché sur place. Dans le jargon, on appelle ça un "mégatracksite", un site mondial majeur d'empreintes. Datant de cette époque, il y aurait à peine dix sur la planète.
187 habitants et 1 500 empreintes de sauropodes
Sur le sol craquelé et fossilisé de la carrière du village, les chercheurs lyonnais et la dizaine d'étudiants venus de toute la France marquent à la peinture les trous béants : des traces ovales ou triangulaires (empreintes de différentes espèces), de quelques centimètres de profondeur, dont le diamètre varie entre 20 cm et près d'1 m. 500 ont été mises à jour, probablement le double attend sous terre. Six pistes bien identifiables apparaissent alors. "On se plaît à imaginer de grands groupes de mastodontes, herbivores et pacifiques, traverser les lieux" s'enthousiasment Eric Abella et Hélène Goubel, occupés à prendre des mesures avec une craie, un compas et un rapporteur.
Des techniques inédites pour un site de fouilles
A deux enjambées de dinosaures, la technologie a fait un bond en avant : un scanner laser 3D numérise les 4 000 m2 de site dans ses moindres détails. Une première en France sur un site de fouilles, et un bijou d'archivage pour les chercheurs. Dans le ciel, un hélicoptère drone du laboratoire de sciences de la terre de Lyon 1, effectue un vol stationnaire au-dessus de la carrière, et prend des clichés des empreintes.
Dimanche 8 juillet, après quinze jours de fouilles, l'équipe de chercheurs a plié bagage. Loulle est désormais l'un des hauts lieux mondiaux de la paléontologie. A côté de la fruitière du village, un petit dinosaure indique le site.