La résistante Hélène Berthaud, décédée en 2014, aura une rue à son nom dans le 9e arrondissement de Lyon.
Un moineau se posera dans le 9e arrondissement de Lyon. La résistante Hélène Berthaud aura les honneurs d’avoir une rue à son nom entre la rue Denise Joussot et la rue Albert Jacquard, au sud de la rue Françoise Giroud. Hélène Berthaud dit "moineau" durant la Seconde Guerre mondiale est morte en 2014. D’une humilité sans pareil, elle avait accepté que Lyon Capitale adapte une partie de sa vie dans la BD Histoires de Lyon tome 1. La seule condition qu’elle nous donna fût : "d’être belle". Lors de son décès, nous lui avions rendu hommage à travers un texte que nous reproduisons ci-dessous.
—
La résistance était également une affaire de femmes, Lucie Aubrac l’a prouvé à plusieurs reprises. Mais cette grande figure de la Seconde Guerre mondiale ne doit pas masquer toutes celles qui sont parfois restées dans l’ombre, même une fois le conflit terminé.
Hélène Berthaud, née Dubois, faisait partie de ces femmes qui, malgré une résistance héroïque, ont préféré rester discrètes par la suite. Aînée d’une famille de dix-huit enfants, originaire de l’Ain, Hélène Berthaud est entrée en résistance en 1941, après en avoir parlé avec le vitrier qui venait régulièrement réparer les dégâts causés par ses frères.
Cette fille de caractère, ancienne joueuse de rugby, devient agent de liaison dès 1942, la famille nombreuse étant l’alibi idéal pour transporter d’imposantes valises entre Bourg et les maquis de l’Ain, du Jura et de Saône-et-Loire, avant d’être affectée à Lyon.
Trahie par l’une de ses “amies”
Le plan est sans faille et fonctionne pendant un temps jusqu’à ce que l’une de ses amies ne décide de la trahir par amour pour un soldat allemand avec “une cicatrice en forme de baiser sur la joue”. Le 3 août 1944, Hélène Berthaud est arrêtée et envoyée à la prison de Montluc.
Torturée à plusieurs reprises par Klaus Barbie et ses sbires, elle ne craquera jamais, même lorsqu’elle apprendra qu’elle est condamnée à mort. Le destin en voudra autrement : le 24 août, la prison de Montluc est libérée. Mais la ville de Lyon est toujours occupée, et Hélène Berthaud, qui a déjà versé un lourd tribut à la guerre, retourne pourtant combattre – avec cette force qu’on lui connaissait encore soixante-dix ans plus tard.
À la Libération, Hélène Berthaud retrouvera celle qui l’avait dénoncée, capturée par des résistants de la dernière heure qui souhaitaient faire justice eux-mêmes. Elle refusera alors la vengeance, allant jusqu’à protéger son ancienne amie pour qu’elle ait un véritable procès et menaçant les arrivistes de les retrouver en cas de problème. Elle ne s’était pas “battue pour cela”, selon ses propres mots. Le procès arriva, Hélène Berthaud pardonna celle qui l’avait dénoncé, mais refusa de faire de même pour tous ceux qui étaient morts à cause d’elle.
Une parole précieuse
Nous avons rencontré Hélène Berthaud pour la première fois, à la prison de Montluc, en 2011. Régulièrement, elle témoignait devant les visiteurs et groupes scolaires, racontant sa vie, tout en conservant une humilité exemplaire.
Hélène Berthaud ne voulait simplement pas sortir de la mêlée, par respect pour toutes ses sœurs et tous ses frères d’armes morts durant la guerre. Ainsi, elle a toujours accepté de témoigner pour nous, de partager son histoire et celle des autres résistants, à condition de ne pas être trop mise en avant. Fière et humble à la fois, elle usait toujours d’un humour ravageur et plaisantait régulièrement sur le monde d’aujourd’hui. Sa parole était comme un livre ouvert vers une époque qui semble parfois lointaine pour les nouvelles générations, et pourtant tellement d’actualité.