Après une saison 15-16 mouvementée, les Subsistances se recentrent sur la création artistique (l’accueil aussi bien que la programmation) et les valeurs sûres. Notamment quatre spectacles créés quai Saint-Vincent qui ont connu un succès international. Les Chiens de Navarre aboient évidemment dans ce Best-Of.
Les Chiens nous apprennent à ouvrir une porte
Dans le collimateur de Jean-Christophe Meurisse, metteur en scène et maître-Chiens de Navarre, pour sa création Quand je pense qu’on va vieillir ensemble, il y a une tendance (très) lourde de notre époque : celle du coaching, des groupes de parole, des stages bidon et hors de prix qui prétendent donner au pigeon qui se laisse berner une nouvelle personnalité. Un nouveau comportement qui l’aidera à trouver un job selon ses rêves, un compagnon (ou une compagne) idéal(e)…
Telle une meute enragée, Les Chiens de Navarre s’emparent de ces thèmes à leur manière, iconoclaste et furieuse. Sur une scène envahie de terre, on assiste à des réunions de groupe où sont tournées en dérision toutes ces fumisteries. Ainsi voit-on dans l’un de ces rassemblements comment de malheureux chômeurs sont soumis à des épreuves ridicules censées leur apprendre à ouvrir une porte et à dire bonjour à leur futur employeur… Suivent d’improbables séances où un charlatan fait répéter inlassablement des gestes de présentation.
C’est d’une drôlerie irrésistible et d’une cruauté incroyable. S’y reflète la détresse de ceux qui cherchent de l’aide devant un quotidien insupportable. Un autre axe de la pièce est en effet une phrase de Stig Dagerman : “Notre besoin de consolation est impossible à rassasier.”
Se mêlent aux moments burlesques des séquences quasi trash qui évoquent le sadisme dans le couple ou la férocité perverse de l’enfance. L’ensemble est décousu, forcément inégal, mais toujours porté par une troupe de comédiens dotés d’une vis comica peu commune.
Ce spectacle créé aux Subsistances est reprogrammé dans le cadre du festival Best-Of. Un événement qui,
Fondant, grinçant, originel
Outre les Chiens de Navarre, les Subs ont programmé dans leur best-of P.P.P., un spectacle envoûtant de Phia Ménard qui mêle cirque et performance. Le décor est fait de masses de glace fondant lentement. Un univers mouvant qui exprime la force poétique de cette artiste, homme devenu femme, en constante transformation.
On retrouve aussi ¡Esmérate! (Fais de ton mieux !), une échappée chorégraphique et théâtrale de Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna. La pièce nous plonge dans un univers ultramoderne saisissant. Le sujet est la quête du bonheur. Huit comédiens et danseurs émérites tentent de trouver le chemin qui mène à la joie absolue. L’humour, parfois grinçant, de ce spectacle singulier est irrésistible.
Enfin, Germinal, performance théâtrale et chorégraphique d’Antoine Defoort et Halory Goerger. Sans aucun rapport avec le roman d’Émile Zola, ce spectacle nous fait remonter aux origines.
L’un des points communs de ces quatre spectacles est le mélange des genres (musique, théâtre, danse), mais le principal est leur qualité artistique. Celle-ci leur a valu de figurer dans ce best-of et de connaître des tournées dépassant nos frontières hexagonales. À voir ou à revoir…
P.P.P – 10, 11 et 12 novembre à 20h.¡Esmérate! – 17, 18 et 19 novembre à 20h.Quand je pense qu’on va vieillir ensemble – 24, 25 et 26 novembre à 20h.Germinal – 1er, 2 et 3 décembre à 20h.Tous les spectacles ont lieu aux Subsistances. |