Si on arrive à la trouver.
Installations/ La première page de l'histoire de l'Institut d'art contemporain (IAC) de Villeurbanne étant désormais tournée, avec la fin de l'exposition programmée par le fondateur Jean-Louis Maubant, Nathalie Ergino, directrice depuis deux ans maintenant, trouve enfin la place de s'exprimer. Mais choisit pour autant de dissimuler l'IAC, au sens propre du terme. En effet, pour l'événement baptisé " Fabricateurs d'espaces ", toute la façade de l'institut est camouflée par une palissade de bois, signée par l'artiste autrichien Hans Schabus. Il faut savoir, pour mieux considérer la froideur de l'accueil, que les extrémités de la palissade reprennent la partition d'une Polka de Johann Strauss, composée à la suite d'un bombardement sur la ville de Vienne. " Tout un symbole ", estime Nathalie Ergino, qui suggère un parallèle avec le renouveau qu'elle souhaite insuffler à l'Institut. Et si on a finalement réussi à trouver l'entrée du lieu, c'est alors toute une jeune génération d'artistes, plutôt talentueux, plutôt européens, et plutôt situés sous la barre des 35 ans, que l'on découvre ici.
Guillaume Leblon a, pour sa part, planté les quatre ailes gigantesques d'un moulin à vent, transperçant même un mur de l'Institut pour faire de la place à ce volume mort, ramené d'une époque déchue. Décidément torturé bien que caché, l'Institut a même ouvert l'un de ses velux, pour laisser passer jusqu'au ciel cinq kilomètres d'un rayon lumineux que le jeune Michael Sailstorfer présente avec beaucoup de fierté. Une attitude conquérante qui se révèle également dans une autre de ses œuvres : un réacteur nucléaire vrombissant, et dont la dimension politique semble toutefois moins importante que son potentiel purement énergétique, qui semble fasciner l'artiste. C'est enfin la pièce de Rita Mc Bride qui, elle, a l'audace d'avoir plus de 45 ans et de sortir de la collection de l'IAC, qui est sans doute la plus frappante dans cette exposition. Deux des salles de l'institut, pour une fois utilisé à plein, sont tranchées horizontalement dans leur volume, par une grille de métal sous laquelle il faut s'aventurer, en apnée, pour avoir une nouvelle vision des choses.
L'ensemble tient donc un discours cohérent mais manquera peut-être de cheminement pour le visiteur. Bien que, comme Nathalie Ergino aime à le rappeler, le lieu est un " institut " et " n'a donc pas vocation à s'adresser au monde entier ", le manque de didactisme de cette exposition peut rebuter jusqu'au plus vaillant des amateurs d'art contemporain.
Fabricateurs d'espaces. Jusqu'au 4 janvier. A l'Institut d'art contemporain, 11 rue du Docteur Dolard, Villeurbanne. 04 78 03 47 00.
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