Lyon Capitale les a rencontrés sur le tournage du film qui retrace leurs vies.
C'était la grande époque. Celle du gang des Lyonnais, du juge Renaud dit le Shérif, des "beaux mecs", des demi-mondaines, des gros calibres, des flics pourris et de l'argent facile. "Lyon, pour les gangsters, c'était une sorte d'eldorado" raconte Michel Papet, 66 ans, cinquante ans de carrière dans la voyoucratie, dont seize derrière les barreaux. "Ça défouraillait de partout à Lyon-Chicago !" ajoute Bruno Papet, son frère de deux ans son cadet. Les deux frères connaissent particulièrement bien le milieu lyonnais car l'un était flic, l'autre voyou.
Il n'y a que les pétards qui les ont séparés pendant des années.
Michel sévissait alors côté truands, façon grosse frappe : casses, braquages, fausse monnaie, racket et proxénétisme aggravé, avec les bandits les plus recherchés de France. Il était le seul à Lyon à "rouler Camaro" (ndlr : Chevrolet), faisait la tournée des boîtes de nuit, entouré de jolies filles, dépensait sans compter avec son équipe et ses potes de la Croix-Rousse. Bruno, lui, ne connaissait que la loi de la PJ, un 38 Spécial Smith&Wesson accroché au ceinturon.
Michel avait quelques nouvelles de son frère par des connaissances de cellule, arrêtées par ce dernier. Quant à Bruno, il croyait son frère mort dans un règlement de comptes entre truands.
Trois kilos de coke en fin de prison
En 1991, Michel sort de prison. Des anciens lui proposent 3 kilos de coke pour se refaire. Il refuse. C'est terminé, à cinquante piges, il décide de raccrocher pour de bon, comme la plupart de ceux qui ne sont pas sous les verrous ou, pire, tombés sous les balles. Les deux frères se retrouvent. Un soir, ils se rappellent aux bons souvenirs. "Pourquoi vous n'écrivez pas un livre ?" demande la fille de Bruno. Quatre ans plus tard, ce sera "Deux frères : flic & truand", vendu à 20 000 exemplaires.
L'année prochaine, le film – dont quelques scènes ont été tournées la semaine dernière à Lyon – racontera leurs destins croisés. "Un truc qu'on n'oublie pas..." dit l'un,
"... et qui ne sépare pas" complète l'autre. Un sourire "complice" en coin et une pointe de nostalgie dans la voix.
Ça tourne à Chicago-sur-Rhône
Bang, Bang : le tournage des Liens du sang a replongée Lyon dans son glorieux passé des années 70, époque à laquelle on surnommait la ville Chicago-sur-Rhône... En adaptant à l'écran, Deux frères flics et truands, le livre de frères Papet, Jacques Maillot (Milles Bornes, Nos vies heureuses) offre à François Cluzet et Guillaume Canet (qui a finalement remplacé Clovis Cornillac), les rôles principaux de ce polar lyonnais.
Des filles de joie rue Sainte Marie des Terreaux, les Monts d'Or braqués, des vieilles Simca cabossées et des coup de feu au Jardin des Plantes... "Se replonger au coeur du Chicago lyonnais, c'est franchement bandant", avoue François Cluzet, sur un petit nuage, à la fin d'une journée passée à tourner des scènes d'amour et de tapinage. Pour son troisième tournage à Lyon, en moins de 10 mois, l'acteur fraîchement Césarisé – qui commence à avoir "de petites habitude en ville" - jubile : "Je n'avais jamais été un vrai méchant (...) pour ce rôle, la moustache a été déterminante, c'est les seventies, sans elle, je redeviens Cluzet. Avec, je suis Michel Papet, le beau mec, le gangster lyonnais". Et le mimétisme physique est troublant, confirme Michel Papet à la fois "ému et nostalgique", en découvrant sa vie remise en scène. Les deux frangins, consultants pendant le tournage, auront eu leur influence. Bruno, le flic a ainsi aiguillé "Canet vers plus de réalité dans ses postures, dans la façon de tirer, ou de claquer une portière. Si, chacun peut jouer un voyou à sa manière, les techniques policières ne s'improvisent pas". sourit l'ex-membre de la PJ lyonnaise. Leur présence est une preuve de l'authenticité qui a dicté la démarche du réalisateur et qui a immédiatement séduit Cluzet" "J'aime ce projet pour sa densité, sa reconstitution de l'époque, sa richesse. Jacques Maillot a abordé le film comme un auteur. Il a fait des recherches minutieuses, a mis à notre disposition énormément de matériels dans son scénario. J'ai même appris des choses que les Papet avaient oubliées.. Et puis avoir à jouer la fraternité avec Guillaume, c'est assez facile depuis Ne le dis à personne entre nous quelque chose est scellé" ajoute Cluzet.
Ne reste plus qu'à prendre rendez-vous avec cet incontournable duo, début 2008, pour la sortie de ce polar événement. Et peut-être même avant, Michel Papet nous confant "qu'un vrai buzz se faisait autour du film la production semble vouloir accélérer la date de sortie"...
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