Du 13 septembre au 5 mars 2017, le musée des Confluences accueille “Corps rebelles”, une exposition interactive qui plonge le visiteur au cœur de la danse contemporaine.
"Les chorégraphes arrivent à s’imprégner de l’air du temps", soutient Agnès Izrine, commissaire de l’exposition “Corps rebelles” du musée des Confluences.
Alors que la modernité, dans l’histoire des arts, correspond à un certain affranchissement des codes imposés, le contemporain, lui, s’autorise tout. La danse est touchée par ces changements de paradigme. Dans sa période moderne, elle s’est affranchie de la codification des pas de la danse classique. Dans sa version contemporaine, les chorégraphes s’emparent de tous les styles existants pour créer une danse totalement personnelle.
Liés à l’histoire et à ses bouleversements, ce sont les enjeux esthétiques et sociaux de la danse contemporaine que le musée des Confluences et Agnès Izrine ont choisi de présenter.
Scénographie de l’immersion
Que les néophytes soient rassurés, cette exposition est accessible à tous, et les choix ont été faits dans le but d’offrir au public "des clés de lecture des grands mouvements qui ont traversé l’histoire de la danse contemporaine". La scénographie a été pensée pour être interactive par une forte présence de l’image et de la musique. Le résultat est très réussi. Le visiteur est muni d’un casque audio dont le son se synchronise selon les lieux où il se trouve. Il déambule ainsi dans une grande pièce plongée dans l’obscurité, qui confère aux témoignages des chorégraphes, diffusés sur des écrans disposés en triptyque, une impression d’immersion dans le monde de la danse.
Chaque témoignage s’inscrit dans une thématique : "Danse virtuose", "Danse vulnérable", "Danse savante, danse populaire", "Danse politique", "Danse d’ailleurs" et "Lyon, terre de danses". Des photos, des textes, des vidéos présentent en complément des images d’archives dansées, des explications, des illustrations. Un vrai travail de médiation a été réalisé afin que chacun puisse s’approprier les notions de la danse contemporaine et comprendre les enjeux qui y sont liés.
Enjeux sociaux de la danse contemporaine
Et quels enjeux... On découvre par cette exposition que la danse contemporaine a une forte dimension politique. "La danse est toujours politique, car le corps est ce qui transmet ce que l’on vit. Les corps sont toujours les premiers touchés", explique Agnès Izrine. Chaque thème de l’exposition permet au visiteur de découvrir un aspect différent de l’inscription de la société du XXe siècle dans la danse contemporaine.
Il saisit par exemple, dans "Danses d’ailleurs", l’influence que l’immigration ou la colonisation ont eue sur les pratiques corporelles de la danse durant le siècle dernier. Dans un témoignage poignant, Raphaëlle Delaunay, une danseuse métisse, éclaire le visiteur sur sa façon de dénoncer, par sa danse, l’exclusion des gens de couleur du monde du ballet. Elle analyse également en quoi certaines danses, comme le charleston, sont l’héritage de mémoires douloureuses.
La thématique "Danse vulnérable" met en avant, quant à elle, l’impact que des événements tels qu’Hiroshima ou la Shoah ont eu sur l’image du corps triomphant en danse. Une nouvelle forme esthétique s’est à l’époque développée, celle de l’apparition de nouveaux types de corps sur scène. Raimund Hoghe, un danseur et chorégraphe allemand, témoigne dans ce contexte de sa volonté de faire de sa différence – une malformation du dos – un art de questionner ses semblables.
Une véritable réflexion est donc posée tout au long de l’exposition sur les bouleversements et traumatismes du XXe siècle et leur impact sur la danse. On y découvre, comme le décrit Agnès Izrine, que "la danse est le sismographe du monde". La danse et ses acteurs, danseurs et chorégraphes, entretiennent un lien intime avec la société, insoupçonnable lorsqu’on est novice dans le domaine, captivant lorsqu’on le comprend. C’est donc un pari réussi pour le musée des Confluences et Anne Izrine.
Un atelier pour expérimenter
Pour ceux souhaitant expérimenter la danse, un atelier intitulé “Danser Joe” est proposé à la sortie de l’exposition. Le public, revêtu de bottes, chapeau et grand imperméable (prêtés par le musée), y comprendra “l’interprétation et l’enjeu de la transmission du geste chorégraphique”.
Séances toutes les 30 minutes de 14h à 18h / Jusqu'à 21h le jeudi (interruption de 18h30 à 19h30). Se présenter 15 minutes avant chaque séance. Dès 10 ans.
Corps rebelles – Du 13 septembre au 5 mars 2017, au musée des Confluences.