Après l’annulation de son contrat à Dresde, le directeur de l’Opéra Serge Dorny reste finalement à Lyon, dévoilant une saison 2014-2015 qui ne sera donc pas sa dernière.
On attend toujours beaucoup de surprises de la part d’une nouvelle saison de l’Opéra de Lyon. Avouons que ces surprises sont toujours au rendez-vous même si, d’année en année, l’habitude fait qu’on en aurait espéré encore davantage.
On commencera en grande pompe avec un Vaisseau fantôme de Wagner confié au sulfureux metteur en scène Alex Ollé de La Fura dels Baus. Parti il y a longtemps déjà du théâtre de rue pour atterrir avec brio dans le monde de l’opéra, on accordera volontiers le bénéfice de l’iconoclasme au tempétueux Catalan.
L’Opéra de Lyon nous a habitués aux festivals thématiques. Loin de s’en plaindre, on appréciera le côté doucement ésotérique de l’intitulé du prochain. Baptisé “Les jardins mystérieux”, ce tryptique verra l’incontournable Orphée & Eurydice de Gluck (confié pour l’occasion au formidable violoniste baroque Enrico Onofri à la baguette) coincé entre deux curiosités : Les Stigmatisés de l’Autrichien Franz Schreker composé en 1918, avant que son auteur ne se voie considéré par les nazis comme “compositeur dégénéré”, ainsi qu’une œuvre contemporaine due au Néerlandais à tout faire Michel Van Der Aa. À la fois compositeur, metteur en scène et vidéaste, Van Der Aa explorera pour l’occasion les voies de la 3D et les spectateurs de l’Opéra bientôt de se voir remettre les fameuses et aujourd’hui indispensables lunettes ad hoc.
Une reprise du Carmen créé par Olivier Py il y a seulement deux saisons à Lyon, la comédie musicale coloniale Le Roi et Moi ressortie également du même millésime : on aurait aimé un peu plus d’originalité…
On se consolera toutefois avec une curiosité comme on les aime : un Roméo & Juliette composé sous le IIIe Reich par le compositeur allemand Boris Blacher, lui aussi taxé de “dégénéré”, une manie décidément…
Signalons enfin la présence du cinéaste Christophe Honoré, de retour. Après Dialogue des carmélites de Poulenc l’an dernier, c’est au Pelléas & Mélisande de Claude Debussy que notre élégant s’attaque dès à présent pour une création en mai.