Politique du mort-vivant

Celle de l'exclu, de la majorité silencieuse à qui on en a trop fait baver dans un monde déjà au bord du chaos. Mais aussi le symptôme d'une Amérique exsangue : la guerre du Vietnam et de la ségrégation (La Nuit des Morts-Vivants, 1970), le consumérisme cinglé (Zombie, 1978), le reaganisme bunkerisé dans ses certitudes (Le Jour des Morts-Vivants, 1983), le 11 septembre (Le Territoire des Morts, 2005) et celle de la dictature de l'image au service de mensonges d'Etat (Chronique des Morts-Vivants). Au gré des films, le zombie acquiert une conscience tout court et surtout une conscience politique. Au sens propre dans Le Territoire... qui matérialise l'échec du sentiment d'invulnérabilité de la puissance américaine : les zombies ghettoïsés investissent une cité surprotégée, comme animés par une conscience collective. Mieux, dans un épisode hommage à Romero, de la série horrifique Masters of Horror, Homecoming, Joe Dante pousse la veine politique du zombie romerien dans ses ultimes retranchements : les soldats américains morts au combat au cours des multiples conflits menés par l'Amérique reviennent à la vie. Pas pour bouffer de la cervelle, non, mais pour aller voter contre le pouvoir républicain et sa politique belliciste. Faire voter les morts (méthode Tibéri), ça s'est déjà vu. C'est quand ils viennent voter d'eux-mêmes qu'il faut commencer à s'inquiéter.

KM

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