Après le succès du festival hip-hop Karavel, Mourad Merzouki poursuit sa conquête des publics avec sa programmation à l’espace Albert-Camus. Cette semaine c’est Abd Al Malik qui est à l’affiche, en attendant les Cartes blanches du chorégraphe en juin.
Il a lancé sa première programmation artistique à l’espace Albert-Camus il y a à peine quelques mois et les résultats sont déjà là, avec 20 % d’abonnés en plus par rapport aux années précédentes. Si tout n’est pas encore acquis, Mourad Merzouki poursuit son chemin avec toujours autant d’enthousiasme et de conviction. “Créer une programmation à Bron, dit-il, représente un véritable défi à plusieurs titres, car mon souhait est avant tout de montrer des spectacles qui soient à la croisée des arts, qu’il n’y ait pas que de la danse ou du cirque, mais aussi du théâtre et de la musique. N’étant pas forcément un spécialiste en la matière, cela m’a amené à découvrir des choses nouvelles. D’autre part, il nous faut continuer encore à chercher le public et surtout le diversifier. C’est ce que l’on fait avec toutes nos actions de transmission.”
Bron, “une histoire de vingt ans”
Mourad Merzouki n’en a pas encore véritablement les moyens, mais son rêve est de transformer l’espace Albert-Camus – à l’instar du centre chorégraphique national de Créteil, qu’il dirige depuis 2009 – en un lieu de création qui accueille les artistes, en “relookant” aussi son architecture pour le rendre plus accueillant, lui donner une âme et faire en sorte que chacun s’y sente bien. Après avoir mené un incroyable travail de fond à Créteil, on se demande s’il n’est pas fatigué de recommencer un tel projet. “Ce n’est pas la même chose, répond-il. J’ai une histoire de vingt ans à Bron, avec un public qui est fidèle, tout comme les partenaires. C’est un territoire auquel je suis très attaché et mon souhait, lors de la fin de mon mandat à Créteil en 2019, serait, pourquoi pas, de prendre la direction de Camus.”
Des corps engagés
En attendant, la saison se poursuit, qui nous permet de voir à partir de vendredi Abd Al Malik et quelques jours plus tard la compagnie Madani, créée par dix femmes non professionnelles qui montrent comment elles se battent pour exister dans les quartiers.
Mais on ne ratera surtout pas Cartes blanches, une pépite de hip-hop que Mourad Merzouki a créée en 2016 pour fêter les vingt ans de la compagnie Käfig. Cette pièce, qui se situe dans un salon, célèbre une complicité avec des interprètes – ils sont six sur scène, tous exceptionnels – que le chorégraphe a fait danser, qu’il a vu évoluer pour prendre leur envol avec leur compagnie. Elle nous avait époustouflés par le charisme fantastique des danseurs, la chorégraphie et les lumières révélant la complexité de cette danse que Mourad Merzouki avait délestée d’effets scéniques. On y voit le hip-hop à nu, dans ce qu’il exige de force et d’inventivité, des corps engagés qui ne trichent pas et qui captivent. Une émotion chorégraphique intense.