Subsistances : une gestion pointée par la Chambre des comptes

La chambre régionale des comptes a rendu un rapport plutôt sévère sur l’activité et la gouvernance des Subsistances, lieu de production et de diffusion artistique ouvert à Lyon en 1998.

Les Subsistances la nuit

© Romain_Etienne
Les Subsistances la nuit

Le rapport de la chambre régionale des comptes de Rhône-Alpes-Auvergne étudie la gestion des Subsistances par l'association Les Nouvelles Subsistances sur la période 2008-2013. Financée à plus de 90 % par des fonds publics, l'association reçoit notamment 3,1 millions d’euros (1,83 million en numéraire et 1,26 million en nature) de la Ville de Lyon. Dotées de plusieurs espaces de représentation, les Subsistances sont principalement un lieu de résidence et de création artistique.

Dans les grandes lignes, la chambre s'inquiète des faibles retombées économiques sur l'association des spectacles créés aux Subsistances, ainsi que d'une gouvernance qu'elle juge peu transparente. "Cela démontre une grande méconnaissance du milieu artistique", regrette Cathy Bouvard, directrice déléguée des Subsistances. Zoom sur 5 points problématiques.

Le coût des productions

Les Subsistances accueillent des artistes dans leurs locaux, leur offrent un soutien technique et un apport financier, afin qu'ils développent leurs créations. Mais, "en tant que coproducteur, les Subsistances ne prévoient au contrat aucun droit financier sur la création, en cas de tournée de celle-ci, relève le rapport. Au contraire, certains contrats l’excluent expressément. Autrement dit, la réussite et l’exploitation d’un spectacle créé aux Subsistances n’entraînent aucune retombée financière pour l’association. Pourtant, un partage des droits sur la coproduction est juridiquement envisageable".

Les Subsistances

© Romain_Etienne
Les Subsistances

Face à cette absence de "retour sur investissement", Cathy Bouvard rétorque que "l'avant-garde, l'expérimentation dans les formes les plus contemporaines, à qui les Subsistances sont dédiées, est rarement rentable". "Pour toucher des recettes sur des spectacles créés chez nous, il faudrait établir à chaque fois des contrats complexes et monter une SEP [société en participation]. Cela coûterait trop cher, en personnel notamment, pour des revenus proches du néant. Mais on pourrait commencer à l'envisager pour certaines compagnies qui commencent à mieux marcher. Toutefois, cela restera à la marge."

Étant davantage un lieu de création et de travail des artistes qu'un lieu de diffusion (sa plus grande salle ne peut accueillir que 550 personnes), les recettes générées par la billetterie demeurent modestes, malgré "un taux de remplissage de 85 %".

La gouvernance de l’association

La chambre régionale des comptes constate une vie associative assez pauvre et floue. Des membres peu nombreux (10 membres "qualifiés" et non adhérents, qui n'ont jamais payé leur cotisation), un objet associatif "très vague", des organes peu décisionnaires... "Là, la chambre a tout à fait raison, répond Cathy Bouvard. Notre conseil d'administration, composé de membres très qualifiés, travaille dur, mais c'est vrai que nos comptes rendus sont assez sommaires, faute de secrétaire..." Concernant les statuts, la directrice déléguée reconnaît qu'ils n'ont pas évolué depuis 2004 et qu'il serait légitime de les revoir.

La collaboration avec la Ville de Lyon

"La Ville de Lyon semble formellement peu investie dans le suivi des actions menées par l’association, malgré l’importance du soutien financier et matériel qu’elle lui accorde." Ainsi, résume la chambre, le manque de traces d'un véritable regard municipal sur l'action de l'établissement.

"C'est vrai qu'il manque sans doute un véritable comité de pilotage, plus formel, concède Cathy Bouvard. Mais ça ne veut pas dire que la Ville ne sait pas ce que l'on fait ! On a travaillé toutes ces années dans l'élan de la confiance et l'envie urgente de faire naître des choses... Nous aurions dû être davantage formalistes."

Les choix artistiques

Les Subsistances

© Bertrand Gaudillie
Les Subsistances

C'est le point qui choque le plus la direction des Subsistances : la chambre régionale s'interroge sur la programmation artistique et sa pertinence, et un processus de sélection qui serait "peu transparent". "Si les Subsistances affichent une répartition équilibrée des résidences quant à la provenance des compagnies et aux disciplines, le renouvellement des artistes est relativement faible."

"Mais c'est quoi la transparence ? demande Cathy Bouvard. Les choix se font sur des projets, des artistes émergents ou plus confirmés, régionaux ou internationaux... On nous reproche de ne faire venir qu'une bande de copains ? Dans ce cas, j'aurais plusieurs centaines d'amis !"

La directrice déléguée déplore une "position idéologique" de la chambre, position qui voudrait que chaque projet artistique ait une rentabilité immédiate.

L’absence de convention collective pour les salariés

La chambre relève aussi que les salariés des Subsistances ne bénéficient pas de la convention collective nationale du secteur, pourtant d'application obligatoire. Cathy Bouvard reconnaît une lenteur dans sa mise en place, mais promet qu'elle sera effective dans les six prochains mois.

Le rapport de la chambre régionale des comptes est disponible ici.
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