La première salle de cinéma 4DX de la région vient d’ouvrir ses portes à Lyon, au Pathé Carré de Soie. Cette nouvelle expérience se veut ultra immersive avec des sièges sur vérins, mais aussi la possibilité de ressentir le vent, la pluie, les coups, la trajectoire des balles, ou encore les odeurs. Le cinéma 4DX vaut-il les 20 euros demandés par personne ? Verdict.
Face à une concurrence toujours plus forte du cinéma à la maison, les salles doivent se renouveler pour conserver leur attractivité. Le groupe Pathé a décidé de miser sur l'innovation technologique avec l'arrivée des salles Dbox et leurs fauteuils individuels sur vérins ou le Dolby Atmos et ses haut-parleurs au plafond pour un son toujours plus enveloppant. À Lyon, Pathé poursuit son offensive technologique. La chaîne ouvrira avant la fin d'année une salle Dolby Cinéma à Vaise, offrant la meilleure qualité de projection actuellement sur le marché. Ce vendredi 17 novembre, Pathé lance sa quatrième salle 4DX de France, au Pathé Carré de Soie. Cette expérience joue la carte de l'immersion absolue grâce à des fauteuils sur vérins permettant de reproduire les mouvements et coups visibles à l'écran, tout en ajoutant plusieurs effets comme le vent, la fumée, la pluie, la vapeur, la neige, des projections d'eau, ainsi que les odeurs. Cette technologie sud-coréenne qui sied parfaitement aux blockbusters américains a cependant un coût pour le spectateur : une place pour la 4DX est vendue 6 euros de plus qu'une séance classique, soit autour de 20 euros. Ce tarif en vaut-il la peine ?
Grisant et excitant
Nous avons pu tester la 4DX en avant-première lors de la projection du film Justice League. Nous ne reviendrons pas sur les qualités du long-métrage, œuvre Frankenstein où se mélangent la vision très cinématographique du réalisateur Zack Snyder et une approche plus télévisuelle de la part de Josh Whedon, missionné pour terminer le film. Paradoxalement, après deux heures passées dans la nouvelle salle de Pathé, on se plaît même à penser que le plus mauvais des films pourrait être excellent tant l'expérience 4DX transfigure tout. Avec cette technologie, le cinéma se fait grand huit et offre des sensations fortes que l'on n'avait pas l'habitude de retrouver dans les multiplexes. Première réussite : la retranscription des mouvements grâce à des fauteuils sur vérins (offrant au passage une bonne assise). Même si on n’atteint pas toujours la précision des salles Dbox, car les fauteuils sont réunis par groupe de quatre, la 4DX ne démérite pas et permet de ressentir toute l'action à l'écran. Elle prend même le dessus grâce aux vibrations qui reproduisent les coups portés et chocs, sans être douloureux heureusement. Sur l'ensemble de ces points, la 4DX réussit un sans-faute. Il faudra simplement être au fait que l'intensité des mouvements ne peut pas être réglée et ils pourront parfois être trop forts pour les personnes les plus sensibles, surtout si elles sont assises aux extrémités du groupe de quatre places, là où l'amplitude est la plus importante. Par ailleurs, pour ceux qui aiment manger durant un film, le pop-corn risque de valser (ce qui pourrait vite s'imposer comme une qualité pour les allergiques au bruit de mastication).
De l’excellent et quelques gadgets
Pour les autres effets, cela va de l'excellent... à l'inexistant. Les projections d'eau fonctionnent parfaitement, et pourront être désactivées si besoin. Le vent est lui aussi une réussite et fait son petit effet, même si on va finir par croire qu'il faut venir avec son coupe-vent imperméable pour tout long-métrage se passant en mer. Quant aux stroboscopes pour simuler les éclairs, ils sont mieux gérés que certaines autres salles dites immersives et ne nuisent pas à… l’immersion ! De leur côté, brouillard, fumée et neige apportent un vrai plus, même si les places à l'avant en profiteront davantage. La projection d'air, à l'avant et l'arrière est sympathique, cependant le bruit du souffle dirigé vers les oreilles pourra parfois sortir du film et faire manquer quelques dialogues dans l'action. Au rayon des déceptions et gadgets, on retiendra les odeurs, inexistantes durant Justice League. Nous avons humé l'air attentivement à plusieurs reprises : seul le parfum des fauteuils neufs envahissait la salle. De même, l'air chaud s'est fait très discret. Dans ces deux derniers cas, rien de grave, la technologie a encore le temps de s'améliorer et la somme des autres qualités prend largement le dessus.
Verdict : on veut maintenant des classiques en 4DX !
Alors, la 4DX vaut-elle les 20 euros demandés ? Oui, sans aucune hésitation ! Jamais le cinéma à grand spectacle n'aura été si immersif et grisant. Les spectateurs qui voudront tenter l'expérience devront garder en mémoire que la 4DX est loin d'être de tout repos : on ne voit plus un film, on vit le film. Les deux heures de Justice League se sont bien déroulées, mais qu'en sera-t-il d'un film de trois heures ? La question reste ouverte, tout comme l'envie de voir des classiques en 4DX qui existent dans ce format, à l'image de Mad Max Fury Road et ses deux heures d'action ininterrompue. Alors que beaucoup regrettent une 3D au cinéma souvent inutile, la 4DX, elle, s'impose comme une nouvelle forme de projection capable de créer une rupture, quitte à faire passer au second plan les qualités artistiques ou l'émotion d'un film en le transformant en manège à sensations fortes. La 4DX ne remplacera pas la séance classique de cinéma, elle lui permet seulement de franchir une nouvelle étape, plus immersive, plus charnelle. À l'heure des blockbusters qui se suivent, se ressemblent et s'oublient rapidement, une expérience 4DX marque durablement la mémoire.