Mardi 15 mai, le jeu vidéo Diablo III débarque dans le monde entier. Au-delà de l’attente engendrée par ce nouveau best-seller du développeur de World of Warcraft, sa sortie entraine une vague de RTT et de congés payés dans les entreprises. "Je prends mes RTT pour jouer à un nouveau jeu" va-t-il devenir une norme ?
Lundi 14 mai, au soir, un supermarché parmi tant d’autres. Un groupe de jeunes gens se pressent à la caisse avec pizzas, chips et autres boissons énergisantes. Les discussions fusent, ils ne se préparent pas à suivre un match de foot, mais bien à passer leur nuit sur le jeu Diablo III. Brisons les clichés. Une rapide conversation permet de se rendre compte qu’ils ne vivent pas chez leur mère et ont tous un emploi stable avec parfois des hautes responsabilités. Ces geeks ne travailleront simplement pas mardi. Ils se sont arrangés pour prendre des RTT. Certains profiteront même du pont du jeudi de l’Ascension pour terminer le jeu le plus rapidement possible.
Week-end à Londres remplacé par "A la semaine prochaine, je vais finir Skyrim!"
Aujourd’hui, en France, aucune étude n’a été faite sur l’impact des sorties de jeux majeurs sur les prises de jours de congés ou de RTT. Pourtant, à chaque événement de la sorte, les réseaux sociaux débordent de messages témoignant du phénomène. "Demain, je ne travaille pas, il y a la nouvelle extension de Word of Warcraft", "J’ai pris une semaine pour tenter de finir Skyrim". Les propos deviennent courants et pourraient bien rentrer dans les mœurs au même titre que le célèbre : "Nous partons en week-end à Londres". A aucun moment les joueurs ne cherchent à mettre leur entreprise en danger, posant parfois leurs vacances plusieurs mois à l’avance et s’adaptant aux calendriers des sorties.
Jeune programmateur pour une chaine de la TNT, Julien a décidé de s’accorder 15 jours de vacances pour profiter du jeu avec ses amis. Depuis plusieurs jours, il a consciencieusement préparé son absence : "Je le fais car on est plusieurs potes à se donner rendez-vous dès l'ouverture des serveurs. On va jouer toute la nuit et les journées suivantes. C’est une aventure humaine, pour des gens qui n'habitent pas forcement la même ville, voir le même pays". Julien est déjà rôdé à l’exercice, il prend régulièrement ses vacances en fonction des dernières sorties et n’hésite pas à faire des provisions pour être tranquille (cf photo).
Quand le législateur japonais s’en mêle
Le phénomène reste encore marginal en Europe et semble loin de mettre la productivité de notre économie en danger. Les choses sont différentes au Japon. L’absentéisme dans les écoles et les entreprises, engendré par chaque sortie du jeu de rôle Dragon Quest, a tout simplement poussé le parlement à agir. Ainsi, depuis 1988, tout nouvel épisode de ce monument de la culture nipponne ne peut être lancé sur le marché que lors des jours fériés ou le week-end. En attendant, patrons, managers et autres directeurs, si vous voyez vos geeks prendre leurs jours en même temps, jetez un coup d’œil sur le calendrier des sorties. Évitez simplement de faire n’importe quoi avec vos ordinateurs ou de les planter pendant ce temps : personne ne risque de vous répondre durant quelques jours.