Réfugiés albanais plan froid © Tim Douet
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Migrants : un centre d’hébergement “utilisé comme centre de rétention”

Suite à l’ouverture d’un centre d’hébergement, dédié à l’aide au retour, dans le 7e arrondissement, le collectif Jamais sans Toit dénonce “un centre de rétention qui ne dit pas son nom” et lance un appel au rassemblement ce soir. La préfecture nie ces accusations.

Jean-Paul Vilain connaissait cette famille venue de Bosnie depuis un moment. Quand, un vendredi de décembre, le couple vient le voir un papier à la main – un courrier leur enjoignant de quitter l'hôtel où ils étaient logés à Solaize pour se rendre dans les locaux de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) à Lyon –, il ne comprend pas tout de suite. Avec des enfants scolarisés à Lyon, dans le 7e et le 8e arrondissements, la famille pensait d'abord à une bonne nouvelle. C'est en décryptant le courrier, délivré en main propre quelques jours plus tôt, que Jean-Paul Vilain s'aperçoit que ce centre de la rue de l'Effort fait en fait partie du dispositif d'aide au retour de la préfecture.

La famille décide tout de même de s'y rendre, accompagnée de M. Vilain et d'une traductrice. Au centre, ils décrivent un accueil “glacial” : “Il y avait des policiers de la police aux frontières (PAF) partout.” Les accompagnateurs ne sont pas autorisés à assister au rendez-vous. On remet au couple une assignation à résidence ainsi qu'une obligation de quitter le territoire français ; il refuse de signer les papiers d'aide au retour. “Ils ont perdu d'un seul coup tous leurs droits à l’hébergement”, déplore Jean-Paul Vilain, qui a dû héberger un temps la famille chez lui.

Le cas ne serait pas isolé

Cette famille n'est pas la seule dans ce cas. Trois familles d'origine albanaise dont les enfants sont scolarisés à l'école Gilbert-Dru ont dû faire face au même processus. Allan Maria explique : “Ces familles ont été placées dans le centre, sans qu'on leur explique qu'il s'agissait d'un dispositif d'aide au retour.” Une assignation à résidence ainsi qu'une obligation de quitter le territoire leur ont également été remises ensuite. “C'est une fois sur place qu'elles ont compris.”

Le collectif Jamais sans Toit, réunissant des enseignants, des parents d'élèves et des habitants riverains d'école, dénonce depuis des pressions pour accepter l'aide au retour. Pour Jean-Paul Vilain, la situation est claire : “Leur volonté est de faire partir le plus de monde possible.” Le collectif dénonce “un centre de rétention qui ne dit pas son nom et un chantage abject”.

Un simple accompagnement, d’après la préfecture

La préfecture du Rhône nie ces accusations. Constatant l'important nombre de personnes déboutées du droit d'asile en situation précaire, elle a mis en place en novembre dernier ce dispositif d'aide au retour. C'est dans ce cadre que ce centre a été ouvert pour les personnes “en bout de droit”, qui n'ont plus d'autre solution que le retour au pays d'origine.

La préfecture du Rhône insiste : il s'agit avant tout de faire de l'accompagnement. “C'est un contrat que l'on propose.” Pour elle, il s'agit sûrement d'un malentendu. “On parle d'humains ici, on l'a bien compris.” Malgré ces justifications, le collectif organise ce jeudi à 18h un rassemblement devant les locaux de l'OFII, 22 rue de l'Effort (Lyon 7e).

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