Ce jeudi, l'Olympique lyonnais s'est lancé dans une nouvelle opération boursière, avec l'émission d'obligations convertibles en actions, les OSRANE. Objectif : glaner 65 millions d'euros de fonds propres pour la construction du Grand Stade.
C'était la botte secrète de Jean-Michel Aulas lors de la conférence de presse de mardi, quand il a présenté les détails du plan de financement du Grand Stade (405 millions d'euros). OL Groupe a lancé ce 1er août et durant 13 jours une opération boursière : les OSRANE, des obligations subordonnées remboursables en actions nouvelles ou existantes. Une trouvaille qui permet au club de réunir 65 millions supplémentaires (1) pour gonfler ses fonds propres. Ces obligations sont d'une valeur unitaire de 100 euros, rémunérées et remboursées au 1er juillet 2023. Compter 45 actions pour 1 OSRANE quant au remboursement, et 20 actions de plus pour la rémunération. L'opération ne devrait pas connaître de déroute : ICMI, la holding personnelle de Jean-Michel Aulas, et Pathé, actionnaires majoritaires d'OL Groupe, se sont engagés à souscrire à eux deux 513 857 obligations (sur 802 502 au total).
"Les investisseurs n'ont pas de point de comparaison"
Des obligations échangées contre des actions : le procédé n'a rien de nouveau. "Ce sont des obligations convertibles. Ici, la durée est longue : habituellement, on vise plutôt cinq ans", décrypte Guillaume Bayre, journaliste spécialisé au Figaro. Celui-ci opère un calcul : l'opération est "blanche" pour le souscripteur si l'action termine cotée à 1,54 euro à échéance. Aujourd'hui, elle s'établit à 2,10 euros. N'est-ce pas un risque très modéré, alors que le cours d'OL Groupe s'est effondré (il était de 24 euros à son lancement, en février 2007) atteignant un seuil plancher ? De plus, la réalisation du Grand Stade ne peut-elle s'apparenter à un investissement juteux, générant des retombées pour le club estimées à "50 ou 100 millions d’euros annuels" selon JMA ?
"Ca reste risqué : c'est la glorieuse incertitude du sport, tranche Guillaume Bayre. Les investisseurs n'ont ici pas de point de comparaison. Jusqu'ici, ces opérations restaient dans le giron des municipalités ou conclues par un accord entre groupes. C'est un pari avec beaucoup d'inconnues". Un pari qui dépend des résultats de l'OL sur le terrain et notamment de sa qualification pour la Ligue des Champions, qui génère d'importants droits télé. L'analyste qui avait anticipé la mise sur le marché d'obligations convertibles le 22 février dernier recommandait déjà à ses lecteurs "de demeurer à l'écart du titre et des club de foot côté en général, quasiment aucun n'ayant réussi en Bourse".
Des "quasi-fonds propres" : l'autre astuce de JMA
Ces OSRANE permettent toutefois à Jean-Michel Aulas d'afficher 135 millions de fonds propres, lui qui n'en amène que 50. L'astuce de son business plan consiste aussi à présenter les deux prêts obligataires de 112 millions de Vinci et la Caisse des dépôts et consignations comme des "quasi-fonds propres", lui permettant d'atteindre ainsi les 260 millions attendus par les banques pour prêter les 144,5 millions d'euros restants. "Attention, corrige notre confrère du Figaro. Jusqu’à conversion, cela reste de la dette dont le remboursement est subordonné à celui des autres instruments financiers". Il juge aussi le taux d'endettement important. OL Groupe compte enfin sur 13,5 millions de revenus générés pendant la phase de construction, tirés d'opérations commerciales - notamment le naming de l'équipement.
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(1) Le montant prévu des OSRANE est de 80 millions d'euros, 15 millions servant de remboursement.