Marie Odile Fondeur
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Conflits d’intérêts à la sauce lyonnaise

Enquête. Copinage, favoritisme, double-casquette… Lyon Capitale a dressé une liste - non exhaustive - des conflits et mélanges d’intérêts dans les milieux politico-économiques lyonnais.

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Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, la soirée du Fouquet’s et ses vacances sur le yatch de Bolloré, toutes les barrières de prudence en matière de conflit d’intérêts en France ont semblé s’effondrer. Jusqu’à l’overdose, symbolisée par l’affaire Woerth-Bettencourt. Une certaine moralisation semble indispensable, et réclamée par les Français qui s’émeuvent désormais à chaque nouvelle “affaire”.

À Lyon comme ailleurs. Mais à Lyon, les circuits sont parfois courts. Et Gérard Collomb, dans l’intention de mobiliser les “forces vives” de l’agglomération, dans “l’intérêt général”, a multiplié les rapports privilégiés avec certains chefs d’entreprises, intégré à ses équipes des conjoints, avocats et collaborateurs des plus influents. Dans une ville où les réseaux se recoupent sans cesse, les situations de conflits d’intérêts se sont multipliées. À tel point que l’on ne sait plus dire quelles sont les motivations réelles de certains choix politiques stratégiques, comme la construction d’un stade pour l’OL à Décines, ou l’attribution à GL évents d’un monopole de fait sur l’activité de congrès.

Lyon Capitale a enquêté pour lister quelques conflits d’intérêts ou mélanges des genres, qui ont souvent suscité la polémique ces derniers mois. Cela va du petit soupçon de favoritisme, à la grande collusion d’intérêts, sachant qu’infiniment plus de situations ont probablement échappé à notre vigilance. Les notions de morale et d’éthique étant avant tout question d’appréciation, nous laissons au lecteur le soin de se faire son opinion sur chacun des cas exposés.

À travers ce petit tour d’horizon, se dresse malgré tout le portrait d’une ville qui se rêve métropole européenne, mais qui retrouve des réflexes de sous-préfectures, où les réseaux sont tellement courts, qu’ils rendent parfois l’intérêt général introuvable.

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Repères

Qu’est-ce qu’un conflit d’intérêts ?
Un conflit d’intérêts n’est pas, en soi, un délit. Il s’agit d’une situation qu’il convient d’éviter, pour ne pas créer de doutes sur les motivations qui ont conduit à prendre une décision, ni donner l’apparence ou créer les conditions d’une action frauduleuse, comme la prise illégale d’intérêt ou la corruption. L’association Transparancy International relève deux définitions utiles des conflits d’intérêts, la première concernant les fonctionnaires, la seconde plus générale.

• “Un conflit d’intérêts naît d’une situation dans laquelle un agent public a un intérêt personnel de nature à influer ou paraître influer sur l’exercice impartial et objectif de ses fonctions officielles. L’intérêt personnel de l’agent public englobe tout avantage pour lui-même ou elle-même ou en faveur de sa famille, de parents, d’amis ou de personnes proches, ou de personnes ou organisations avec lesquelles il ou elle a ou a eu des relations d’affaires ou politiques. Il englobe également toute obligation financière ou civile à laquelle l’agent public est assujetti.”

• (Conseil de l’Europe, Recommandation n° R (2000)10 du Comité des ministres sur les codes de conduite pour les agents publics, 11 mai 2000)
“Un conflit d’intérêts naît d’une situation dans laquelle une personne employée par un organisme public ou privé possède, à titre privé, des intérêts qui pourraient influer ou paraître influer sur la manière dont elle s’acquitte de ses fonctions et des responsabilités qui lui ont été confiées par cet organisme”.
(Service central de prévention de la corruption, Rapport 2004).

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Marie-Odile Fondeur (PS)

L’adjointe de GL Events

Marie Odile Fondeur ()

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C’est sans doute le conflit d’intérêt le plus troublant et le plus choquant de l’agglomération. Bien que Lyon Capitale le dénonce régulièrement, il semble n’émouvoir personne à la mairie de Lyon. Marie-Odile Fondeur est adjointe au maire de Lyon en charge du commerce et de l’artisanat mais elle dirige également le pôle agroalimentaire de Sepelcom, une filiale du géant des foires et salons GL Events qui organise le Sirha, le salon des métiers de bouche dont Odile Fondeur est d’ailleurs la directrice. Et il arrive souvent que les deux casquettes se confondent. Par exemple en octobre 2009, Mme Fondeur fait voter une subvention de 10 000 euros à la Chambre Syndicale Patronale de la Boulangerie du Rhône. Très pratique puisque cette même Chambre organise pour le Sirha, que Mme Fondeur dirige, la Coupe de France de Boulangerie. Et on ne compte même plus les conférences de presse, les voyages et les rencontres pendant lesquels “Marie-Odile” vend un salon dirigé par “Fondeur”...

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Christophe Cizeron

La récompense chez GL Events

L’affaire a un an désormais. Christophe Cizeron a quitté ses fonctions de directeur de cabinet du Grand Lyon pour filer chez GL Events. Cizeron a passé six années au Grand Lyon pendant lesquelles il a eu à “regarder” comme il le disait lui-même les passations de marché et les contrats que GL Events signait avec le Grand Lyon ou la ville de Lyon. Et ce n’étaient pas de petits contrats. Pendant le premier mandat a été négocié avec GL Events le contrat de concession de ce qui ne s’appelait pas encore l’Amphitéâtre de la Cité Internationale, mais la Salle 3000 ou encore la privatisation d’Eurexpo accordée à GL. Dans ce genre d’affaires, les suspicions l’emportent sur les précautions. GL Events garantissait que Christophe Cizeron ne s’occuperait pas des affaires lyonnaises. Mais qu’est-ce qui garantit que le recrutement de Christophe Cizeron n’est pas une récompense pour services rendus ? Plusieurs acteurs politiques nous assuraient de la qualité et du professionnalisme de M. Cizeron. Soit ! Mais ça n’a jamais constitué une garantie...

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Françoise Grossetête (UMP)

Les lobbyistes de la pharmacie récompensent l’eurodéputée

En novembre 2009, la députée européenne, Françoise Grossetête, recevait le prix de l’eurodéputé de l’année dans le domaine de la santé par un magazine européen, Parliament Magazine. Et Grossetête de se féliciter, de faire état du bilan de sa politique et de son activisme zélé en faveur de la déréglementation de l’industrie pharmaceutique. Problème, ce prix était sponsorisé par la puissante Fédération Européenne de l’Industrie Pharmaceutique (EFPIA) et Françoise Grossetête l’a reçu des mains du directeur général de ce regroupement de lobbying en faveur des plus puissants laboratoires européens.

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Robert Thévenot (Gauche Moderne)

L’élu qui dirige des journalistes

Robert Thévenot est un élu de Caluire qui siège également au Grand Lyon. Et chose incongrue, il dirige également France 3 Sat à Écully qui est l’entité qui diffuse les décrochages régionaux de France 3. France 3 Sat réalise des journaux tout images composés de reportages réalisés par toutes les stations régionales de France 3, y compris les stations de Lyon et Rhône-Alpes. Un élu local qui dirige une rédaction de journalistes censés traiter de l’information locale, voilà qui semble surprenant. Mais Robert Thévenot n’y voit aucun conflit d’intérêts et s’explique : “il y aurait eu conflit d’intérêts si j’avais été en fonction en tant que directeur de l’antenne à Lyon ou en tant que directeur régional, mais le service d’Écully était essentiellement une rédaction de desk (comprendre de bureau) où les journalistes reboutiquaient des reportages qui avaient déjà été tournés”. Robert Thévenot nous indique qu’il n’y aura de toute façon plus de problèmes puisqu’il a quitté ses fonctions depuis le 31 août.

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Guy Mathiolon

Que faire de la proximité au pouvoir ?

Guy Mathiolon est président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) mais il est également le patron d’un groupe de BTP qui a pour navire amiral la société Serfim. Pour ne pas mélanger les genres, M. Mathiolon a demandé aux structures qui dépendent de la CCI telles que l’aéroport ou Eurexpo de rejeter systématiquement toute offre émanant de sociétés de son groupe dans les réponses aux appels d’offres. En revanche, les sociétés de M. Mathiolon détiennent des marchés publics d’autres collectivités comme le Grand Lyon par exemple. Si M. Mathiolon n’a aucune responsabilité au sein du Grand Lyon, sa fonction à la CCI lui confère le privilège d’avoir une proximité avec le président du Grand Lyon. C’est le jeu de la proximité des pouvoirs et de la notabilité. Cela dit, les relations entre Guy Mathiolon et Gérard Collomb ne sont pas toujours excellentes...

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Thierry Braillard (Parti Radical)

Au barreau de la ville de Lyon

Thierry Braillard est adjoint aux sports auprès du maire de Lyon mais il exerce également le métier d’avocat. Et il arrive que les deux fonctions se chevauchent. Lorsque par exemple, Braillard est l’avocat de Sydney Govou dans l’affaire de proxénétisme qui touche quelques joueurs de l’équipe de France de football. Lorsqu’on est adjoint aux sports, que le club le plus important de la ville est l’OL, peut-on défendre les intérêts d’un de ses principaux joueurs ? Mais ce n’est pas tout. Quand en octobre 2009, une petite société menace la société GL Events de poursuites devant le conseil de la concurrence pour abus de position dominante, c’est encore Thierry Braillard qui défend les intérêts de cette petite société. GL Events était défendu par Richard Brumm qui est également l’adjoint aux finances de la ville de Lyon. Le seul problème c’est que le patron de GL Events est l’ami du maire de Lyon, Gérard Collomb, et que GL possède de nombreux contrats et marchés avec la ville de Lyon. Sans parler de Marie-Odile Fondeur, adjointe à la ville qui dirige l’une des principales filiales de GL Events (voir ci-dessous). Ah que le monde est petit dans cette ville de Lyon !

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Richard Brumm

Adjoint aux conflits d’intérêts ?

Avant l’élection municipale de 2008, quand le bruit a circulé que Gérard Collomb voulait faire de l’avocat d’affaires Richard Brumm son adjoint aux finances, personne n’y a vraiment cru. Parce qu’il était sarkozyste, bien sûr. Mais surtout parce que vu la clientèle de cet avocat d’affaires assez bling-bling, beaucoup considéraient que le placer à un tel poste, était forcément synonyme de conflits d’intérêts. Jean-Michel Aulas, Olivier Ginon… Tout le gotha lyonnais semble être passé par le cabinet de Brumm ! “Bonjour la confusion des intérêts si un avocat d’affaires s’occupe d’économie !” nous confiait alors un de ses confrères. Il faut rappeler que la déontologie d’un avocat lui interdit naturellement d’intenter d’une manière ou d’une autre aux intérêts de ses clients… et même durant un certain laps de temps, dit de “bienséance”, à ses anciens clients. Or les rapports entre la ville et par exemple l’OL sont, par nature, sources de conflits : le montant du loyer payé par le club pour Gerland s’est ainsi réglé devant les tribunaux… Et pourtant, Collomb n’a pas hésité à nommer Brumm. Outre l’économie, il lui a même confié le très sensible contrôle des marchés publics, auparavant suivi par le très intègre Étienne Tête (Verts). Le cabinet de Collomb expliquait lors de la nomination de l’adjoint qu’il n’y aurait pas de conflit d’intérêts avec l’OL, dont Brumm est l’un des avocats (Aulas semble recruter ses avocats en priorité parmi le personnel politique local… ça peut toujours servir !), puisque l’OL a vocation à partir à Décines… Vu comme ça ! Mais il n’y a pas que l’OL dans le carnet de Brumm : adjoint, il a continué à travailler pour GL Events (lire Thierry Braillard), société qui dépend étroitement des commandes et marchés de la ville…

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François Turcas (UMP)

Go-between

Patron de la CGPME du Rhône et élu au Grand Lyon ainsi qu’à la ville de Lyon, François Turcas possède ainsi plusieurs casquettes. D’autant qu’il est également administrateur de sociétés à qui il a interdit de répondre aux appels des collectivités dans lesquelles il a des intérêts. En revanche, François Turcas estime qu’il n’y a pas assez de “passerelles entre le monde économique et le monde politique et il est nécessaire que l’on se parle. Il nous faut de la complémentarité dans l’intérêt général”. Ce qui signifie qu’il peut faire jouer son carnet d’adresses pour ses adhérents de la CGPME ou de ses amis. C’est en effet François Turcas qui a conseillé au président de la CCI, Guy Mathiolon, d’embaucher Christian Barthélémy, élu Divers droite au Grand Lyon. Mathiolon et Barthélémy se sont alors retrouvés en garde-à-vue dans les locaux de la brigade financière en juin dernier après qu’ait fuité le contenu d’un rapport de la Chambre Régionale des comptes qui mettait en doute la qualité et la réalité du travail de Christian Barthélémy pour la CCI.

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Les Dognin-Sauze

Le numérique en partage

C’est une situation qui n’est plus d’actualité notamment depuis que Philippe Sauze a quitté ses fonctions de directeur général d’Electronic’s Art pour rejoindre l’Olympique Lyonnais en juillet dernier. Mais lorsqu’il était le principal manager du leader mondial du jeu vidéo dont le siège Europe est installé sur les bords de Saône à Vaise, Philippe Sauze a vu son épouse prendre du galon en politique. En 2008, Karine Dognin-Sauze (PS) est devenue Vice-présidente du Grand Lyon à l’innovation et aux nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC). Ça tombait bien, innovation et NTIC, c’est pile poil le secteur d’Electronic’s Arts.

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Michel Havard (UMP)

Le député qui aime bien Suez

Avant d’être député Michel Havard travaillait pour l’entreprise Degrémont, une filiale de Suez. En juin 2010, le député lyonnais signe, avec deux autres parlementaires UMP, un amendement sur la loi qui vise à réduire le monopole d’EDF et de la CNR sur la production d’électricité. Michel Havard aimerait que la CNR passe sous le contrôle d’une entreprise privée… en l’occurrence GDF-Suez. Manière de renvoyer l’ascenseur à son ex-boîte, qui lui a offert pendant ses années de disette politique, un poste confortable ? Havard réfute : “Quand on tombe dans ce genre de soupçons, ça veut dire que lorsqu’on est député, on a le droit de ne parler que de sujets que l’on ne connaît pas. Je suis de nature trop prudent pour tomber dans ces pièges qui généralement n’amènent que des ennuis. Dans mon esprit, il n’y a aucune collusion d’intérêts”. Si dans son esprit tout est clair…

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Emmanuel Hamelin (UMP)

Une décoration pour celle qui réclame 30 millions aux Lyonnais

À Lyon, l’opposition est souvent mollassonne. Alors quand l’un des candidats potentiels à la mairie s’empare d’un dossier et monte régulièrement au créneau, on est forcément attentif. Emmanuel Hamelin a ainsi pris le dossier SACVL à bras le corps. L’affaire des emprunts toxiques bien sûr. Mais aussi l’affaire Dahan-Lévy. Marchand de biens, cette dernière réclame 30 millions d’euros à la SACVL, suite à la rupture d’un contrat d’exclusivité. Emmanuel Hamelin estime que la SACVL a négligé ce dossier et est intervenu pour que la SACVL provisionne la somme demandée par Agnès Dahan-Lévy… Problème, cette dernière est une amie personnelle. Et il a notamment œuvré pour qu’elle soit faite chevalier de l’ordre du mérite. “Si j’ai poussé pour qu’elle ait ce titre, je n’en ai pas fait la demande” nuance-t-il avant d’assurer que s’il a “souvent parlé de cette affaire”, c’est uniquement parce qu’elle “fait partie des dossiers qui vont mal” et qu’en tant “qu’administrateur de cette société, il est de mon devoir de mettre le doigt sur des difficultés.” Juste une question : si Dahan-Lévy obtient ses 30 millions, ira-t-il sabrer le champagne avec elle ? Ou pleurer avec les contribuables lyonnais qui ne manqueront pas d’être sollicités pour renflouer la SACVL ?

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Christiane Demontès (PS)

Difficile d’attaquer ses amis en justice
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En décembre 2010 va s’ouvrir le procès de l’affaire de Saint-Fons, qui concerne le financement des activités du PS dans les années 1980 et 1990, à travers des associations satellites, des fausses factures et des emplois fictifs (l’un d’eux au bénéfice de Gérard Collomb d’ailleurs, comme l’a révélé Lyon Capitale). La Justice a été saisie par l’ancien maire de Saint-Fons, Michel Denis (divers droite). Or ce dernier a été battu aux dernières municipales par Christiane Demontès. L’ancienne patronne des socialistes du Rhône se trouve ainsi dans une position délicate, sa mairie étant partie civile dans une affaire contre des amis socialistes, comme le maire de Feyzin Yves Blein. Elle le reconnaît d’ailleurs : “Je suis dans une situation affectivement difficile mais je ne voulais pas me retirer de la partie civile. Je fais la différence entre les relations amicales que j’entretiens avec mes camarades et ce qui s’est déroulé avant 2001. Je le fais en mon âme et conscience”. Mais tout en restant partie civile, la mairie a révoqué son avocat pour en choisir un nouveau en concertation avec l’avocat des prévenus, comme l’a révélé Lyon Capitale. C’est une collaboratrice de Demontès qui s’est chargée d’organiser les rendez-vous… collaboratrice qui n’est autre que la sœur d’un des prévenus ! Dans ces conditions, nul ne sera surpris de constater un changement de cap : la mairie, qui a porté plainte, estime désormais que la réalité de son préjudice n’est pas avérée…

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Bernard Rivalta (PS)

Rien ne l’arrête !

Peut-on comme simple citoyen attaquer une décision que l’on a prise comme responsable politique ? C’est ce qu’a fait Bernard Rivalta (PS), président du Sytral, dans l’affaire de ses indemnités illégales. Comme il n’a pas démissionné suite à sa condamnation à rembourser ces fameux 120 000 euros, il s’est retrouvé dans la situation inconfortable où il a dû en tant que président du Sytral se demander à lui-même de rembourser en émettant des titres de paiement. Et en tant que citoyen, il a attaqué la décision du Sytral qui avait mal fixé ses indemnités…
Quand il s’agit d’argent, Bernard Rivalta, qui s’estime injustement sous-rémunéré, n’a pas peur des situations troubles. Il a un temps cumulé ses indemnités d’élu - 7300 euros à l’époque - avec des indemnités chômage. Légal mais moralement discutable. Il a ensuite failli devenir l’assistant parlementaire de Gérard Collomb. Devant la polémique, le sénateur-maire a renoncé à lui accorder cet “emploi bidon”, qui l’aurait placé sous sa tutelle directe, une situation légale mais encore une fois des plus-malsaines. Ce n’est pas Rivalta qui aurait peur d’un conflit d’intérêts, il semble n’avoir peur de rien… Même de recruter le fils du maire Thomas Collomb. Ou de voir sa fille recrutée en 2005 par Irisbus, principal fournisseur du Sytral, au moment même où une nouvelle commande de bus, payés au prix fort, était passée auprès de ce dernier.

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Jean-Louis Ubaud (PS)

Élu ou salarié ?

Dans le civil, il fait partie du cabinet de Gérard Collomb à la mairie de Lyon. Mais il est par ailleurs conseiller général à Oullins et siège à ce titre aux côtés de son “patron” au Sytral. Si la situation n’a rien d’illégal, est-il bien sain qu’il y ait une telle relation de dépendance entre deux élus ? Le dérapage n’est jamais loin. Ainsi lorsque Jean-Louis Ubaud monte au créneau pour défendre le recrutement par le Sytral de Thomas Collomb, fils du maire, est-il dans son rôle d’élu qui “soutient toujours le recrutement de gens compétents”, comme il l’affirme, ou tente-t-il avant tout de faire plaisir à son patron dans le civil… ce qui pourrait être considéré comme une prise illégale d’intérêt ? “C’est une situation complexe qui se gère. Cela demande une certaine prudence, mais ce n’est pas incompatible” expliquait l’intéressé à Lyon Capitale de mars 2010. Vu le nombre d’affaires qui ébranlent le Sytral, il faut croire que certains manquent parfois de prudence…

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Bruno Gentilini (UMP)

À l’insu de son plein gré

Il y a décidément quelque chose de pourri au royaume du Sytral, l’organisme de tutelle des TCL. Les mélanges des genres sont tels, que cela ne choque plus personne, et que certains arrivent à commettre des infractions “par inadvertance”. C’est le cas de Bruno Gentilini, élu UMP d’Oullins. Dans le privé, il est directeur commercial de SPIE Sud-Est, société qui a multiplié par trois son chiffre d’affaires réalisé avec le Sytral depuis que Gentilini en est élu. Le 16 juillet 2009 il a même voté pour attribuer un marché à sa boîte. Une “erreur” plaide-t-il, mais une erreur qui pourrait être qualifiée de prise illégale d’intérêt, comme il le reconnaît lui-même. Il n’a pourtant pas démissionné après la révélation de l’affaire et a reçu le soutien public de “son” président, Bernard Rivalta (PS). Avoir un élu redevable à l’UMP, ça peut toujours servir…

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Patrick Nicole-Williams

Élu et lobbyiste

Vice-Président en charge de la culture de l’agglomération de Bourgoin-Jallieu (CAPI), Patrick Nicole-Williams était aussi jusqu’à peu “responsable des relations extérieures” de Bouygues Télécom. Ce n’est pas pour rien que les opérateurs téléphoniques aiment recruter des politiques, comme l’explique un lobbyiste : “Le plus compliqué pour un opérateur, c’est d’implanter son réseau d’antennes. Le mieux, c’est d’être le plus discret possible pour éviter les levées de bouclier. Et pour ça, il n’y a rien de mieux que des élus qui parlent aux élus…. Patrick Nicole-Williams assure qu’il n’y a “aucun conflit d’intérêts” : “Vous n’allez pas me dire qu’on peut cacher quelque chose à la presse aujourd’hui ! Avant même que le permis soit déposé, l’information est publique ! Ce qui pose d’ailleurs parfois des problèmes…” Et de défendre l’activité des lobbyistes : “Tous les groupes industriels qui travaillent avec les collectivités locales, ou qui font des prestations publiques, ont des gens qui sont chargés de faire en sorte que leurs relations avec leurs interlocuteurs se passent bien. C’est une pratique normale et courante. (…) Cela se fait dans tous les pays du monde. Il n’y a qu’en France que cela pose des problèmes moraux apparemment.”

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Michel Mercier (Centre)

Népotisme ?

Disons le très simplement : en recrutant sa propre fille Véronique Gomez comme “conseillère parlementaire” au sein de son ministère, Michel Mercier s’est mis dans la situation de conflit d’intérêts la plus répandue au sein de la classe politique française. Nous n’avons même pas cherché à faire la liste des députés ou d’élus qui embauchent des membres de leur famille, ou parfois même leur maîtresse… On comprend qu’un élu ait besoin de travailler avec des collaborateurs de confiance, mais quand il prend quelqu’un de sa propre famille, est-ce bien l’intérêt général qui dicte ce choix ? Le chef de cabinet du ministre, Patrick Martinez, a assuré en mars dernier au Progrès qu’en l’espèce “les seuls critères qui comptent sont ceux de l’efficacité et de la compétence. Après Sciences-Po Paris et un DEA en économie, Véronique Gomez a travaillé sept ans au groupe centriste-UDF du Sénat et connaît les relations avec les parlementaires. Elle est donc parfaitement compétente pour ce poste”. Sauf que, son poste au Sénat, “la jeune femme, le tient aussi de son père” répond notre consœur Sophie Majou, qui conclut en rappelant une promesse de campagne du candidat Nicolas Sarkozy : “Je vous propose une République fondée sur le mérite et où chacun aura sa chance !”

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Raymond Durand (Nouveau Centre)

Une collaboratrice gâtée

Un maire ne peut pas se servir de sa casquette d’élu pour arranger ses affaires de candidat à sa propre succession. Outre que cela fausserait la compétition démocratique, cela pourrait être considéré comme une prise illégale d’intérêt. Raymond Durand, député maire de Chaponnay, n’a pourtant pas hésité à attribuer personnellement à une très proche collaboratrice un logement appartenant à la mairie, et ce à un tarif défiant toute concurrence (278 euros pour un T2). Cela afin de lui permettre de s’inscrire sur les listes électorales et de se présenter sur sa liste aux dernières municipales.

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Paul Vidal (UMP)

Il est contre mais vote pour

C’est dans les assemblées les plus discrètes, que l’on découvre parfois des choses étonnantes. Ainsi au SEPAL, chargé d’établir le très important schéma de cohérence territoriale (SCOT) de l’agglomération lyonnaise, on découvre que le président Gérard Collomb reverse ses indemnités au profit d’un élu UMP, le maire de Toussieu Paul Vidal. Ayant atteint le “plafond”, Gérard Collomb ne peut en effet pas toucher les 594,86 euros mensuels prévus par le SEPAL et peut décider de les faire reverser à un autre élu. Qu’il choisisse un élu d’opposition ne manque déjà pas de sel. Mais on ne peut que s’interroger lorsque l’intéressé est connu pour son “opposition viscérale” au contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise (CFAL), un point clé du SCOT voulu par Gérard Collomb… Ce qui, à la grande surprise des membres de l’association anti contournement “PARFER”, dont Paul Vidal a même été président, ne l’a pas empêché de voter le projet de SCOT fin 2009. “L’élaboration d’un SCOT, c’est 5 ans de travail. Le CFAL, c’est un millionième du document. On ne peut pas tout remettre en cause sur une toute petite partie” défend-il. Une position qu’il n’a pas réussi à faire partager à son propre conseil municipal, qui a lui voté contre le SCOT. Et certains lui ont reproché ses indemnités. “Que je touche l’écrêtement, tant mieux pour moi, parce que je travaille beaucoup. Ce n’est pas avec ça qu’ils m’ont acheté !” jure-t-il.

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Bernard Fontanel

Le patron des patrons qui sait en faire profiter sa boîte

Attention, cas caractérisé de conflits d'intérêts ! Bernard Fontanel est le patron du groupe de BTP éponyme, mais il est également le président du MEDEF Lyon-Rhône. À ce titre, il est administrateur au sein du COFIL (Comité pour la Foire de Lyon), la structure qui est propriétaire du parc des expositions de Lyon, Eurexpo. Pourtant, la société de travaux publics de Bernard Fontanel a décroché deux lots dans un appel d'offres du COFIL justement afin de réaménager le hall d'accueil d'Eurexpo. Les travaux doivent être terminés dans le courant du mois de septembre 2010. L'octroi de ce marché d'un montant total de 1,7 million d'euros pour les deux lots à un administrateur du COFIL n'a suscité, semble-t-il, PAS la moindre protestation d'autres administrateurs du COFIL parmi lesquels on trouve tout de même le Grand Lyon ou le président du Conseil Général du Rhône, Michel Mercier. “Je ne suis que président du conseil de surveillance de de l'entreprise Fontanel, donc, ce n'est pas moi qui décide” argumente M. Fontanel avant d'ajouter “que de toute manière j'ai fait faire une étude par un cabinet d'avocats qui n'a conclu à aucun conflits d'intérêts” avance-t-il sans pouvoir donner le nom du cabinet d'avocats en question.

De plus et d'après nos informations, un autre conflit d'intérêts toucherait Bernard Fontanel. En tant que dirigeant du MEDEF, il verserait entre 500 000 et 1 million d'euros selon les années à la SEPR, l'un des tout premier centre de formation professionnelle en région Rhône-Alpes. Et c'est pourtant sa propre société de travaux publics qui a été choisie afin de réaliser le bâtiment de ce centre de formation. Bernard Fontanel avance les mêmes arguments : “Je ne suis que le président du conseil de surveillance de Fontanel ! Il n'y a donc pas de conflits d'intérêts” avant de finir en indiquant que dans ce dossier “notre rapport qualité-prix a étonné le Conseil Régional. Du coup, grâce à nos prix, la SEPR a pu bénéficier d'un amphithéâtre de plusieurs centaines de places”. Alors, merci qui ?

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Christian Barthélémy

Travaille-t-il pour le Grand Stade ou vote-t-il pour l’OL Land ?

Christian Barthélémy, élu au Grand Lyon dans le groupe Lyon Métapolis où l’on retrouve d'anciens millonistes, est, dans le civil, consultant auprès d’entreprises ou de la CCI. Parmi ses clients, il y a notamment Alain Landais, le propriétaire d’un supermarché Leclerc à Meyzieu. Christian Barthélémy a rencontré avec Alain Landais des élus de l’Est lyonnais pour les convaincre d’agrandir le supermarché de son client. Plus tard quand le projet de Grand Stade s’est ancré à Décines, la commune voisine de Meyzieu, Alain Landais a greffé son supermarché au projet de Jean-Michel Aulas. Christian Barthélémy, conseiller communautaire d’opposition à Gérard Collomb, s’est alors positionné politiquement en faveur du Grand Stade.

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Gérard Angel

Les infos impubliables

Peut-on être un patron de presse et le meilleur ami du principal personnage politique de l’agglomération ? L’amitié de Gérard Angel et Gérard Collomb est un secret de polichinelle. Ils se sont rencontrés lorsque le premier animait la rubrique politique du Progrès et que le second n’était encore que le patron de l’opposition. Angel est aujourd’hui le patron et principal rédacteur du journal satyrique les Potins d’Angèle. Son amitié pour le maire, dont il ne se cache pas, ne l’empêche pas de sortir régulièrement des infos dérangeantes pour ce dernier. Mais jusqu’à un certain point seulement : premier informé du recrutement au Sytral de Thomas Collomb, qu’il considère “comme un fils”, Angel n’a rien écrit. Premier informé aussi de l’affaire non prescrite d’emploi fictif qui pourrait rattraper le maire de Lyon, Angel n’a rien publié non plus. Il a même tenté de dissuader l’emploi fictif en question de parler. Et quand Lyon Capitale a publié une enquête sur la corruption qui gangrène le Grand Lyon, ce fin limier de Gérard Angel a mené une contre-enquête et n’a, jure-t-il, “rien trouvé”.

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Gérard Collomb

Des amis riches et désintéressés
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Si Gérard Collomb n’a pas la chance d’avoir des amis aussi riches que Bolloré pour lui prêter un yatch, les vacances du maire de Lyon peuvent néanmoins laisser planer quelques suspicions. Le maire assure qu’il lui faut entretenir une certaine proximité avec les grands patrons lyonnais, pour le bien de la ville. Mais parfois, on se demande si ce n’est pas le contraire. Il est par exemple arrivé au maire de Lyon de partir en week-end avec Olivier Ginon, patron de GL Events, ou de profiter de son jet privé pour aller suivre des matchs de l’OL. Gênant quand on constate dans le même temps que GL Events a obtenu de la ville un monopole de fait sur l’événementiel d’affaires… Collomb n’a pas peur non plus de s’afficher sur un bateau à Saint-Tropez avec Jean-Michel Aulas, le président de l’Olympique Lyonnais. La petite histoire du grand stade veut d’ailleurs que ce soit au large de Saint-Tropez, sur un bateau loué par Jean-Michel Aulas, que le projet de nouvelle enceinte sportive du président de l’OL soit aussi devenu celui du maire de Lyon et président du Grand Lyon. À la fin de l’été 2006, Gérard Collomb annonce que la priorité n’est plus à construire un stade de rugby mais de football, celui de l’OL. Le projet de Grand Stade est donc né ainsi. Aujourd’hui, il pourrait voir le jour à Décines et les collectivités publiques, qui se retrouveront pourtant avec un stade de Gerland vide sur les bras, concourront à la réalisation de ce projet à hauteur de 200 millions d’euros minimum. Pour le bien de Lyon, naturellement. Ou le bien d’Aulas ?

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