Emeutes de gens du voyage près de Grenoble

Soirée agitée ce mardi à Moirans, en Isère, où des dizaines de personnes armées de barres de fer ont bloqué la gare et incendié des voitures.

Des scènes d'émeute. La colère de la communauté des gens du voyage s'est traduite par des actions violentes et des dégradations, ce mardi soir, à Moirans, dans la grande banlieue grenobloise.

Gare bloquée, véhicules incendiés jusque sur les voies et routes coupées. Rien n'a été épargné par les émeutiers, qui protestaient contre le refus du juge d'application des peines d'Albertville d'accorder une permission à un détenu de leur communauté pour assister aux obsèques de son frère. Les menaces envoyées au maire de la ville à la mi-journée ont donc été mises à exécution en début de soirée.

Perturbation des trafics routier et ferroviaire

La protestation a commencé par le blocage de la gare dans l'après-midi par des individus armés de barres de fer. De nombreuses dégradations ont été constatées et un véhicule a même été incendié sur les voies de train, paralysant le trafic de l'axe Lyon-Grenoble. La voiture incendiée pourrait provenir d'une casse voisine, pillée dans la journée.

 

Les véhicules garés sur le parking de la gare ont également été incendiés, tout comme une vingtaine d'autres sur la RD 1085, à proximité de laquelle réside la communauté de gens du voyage. Des images qui ne sont pas sans rappeler celles du blocage de l'A1 en Picardie cet été.

La peur s'empare alors de la ville. Les enfants des centres de loisirs de la ville sont évacués vers un gymnase alors que "les résidents d'une maison de retraite [sont] confinés dans l'établissement", relate Le Progrès.

 

Live En Mode Voiron : les bruits d'explosions des véhicules qui brûlent se multiplient ... #Moirans

Posté par En Mode Voiron sur mardi 20 octobre 2015

Un “chantage insupportable”

Vers 18 heures, la quarantaine d'hommes déjà en place est rejointe par une soixantaine de gendarmes mobiles et une vingtaine de policiers grenoblois. Un important dispositif grâce auquel la situation était sous contrôle deux heures plus tard, selon la préfecture.

Le préfet de l'Isère a précisé que les interpellations auraient lieu dans les prochains jours sur la base des informations récoltées par l'hélicoptère qui a survolé la zone. "Ce chantage est tout simplement insupportable", a dénoncé le préfet, réclamant, à l'instar de Manuel Valls, une fermeté exemplaire vis-à-vis des fauteurs de trouble.

D'autant que le climat de soulèvement s'est propagé à la prison d'Aiton, où est incarcéré le frère du défunt. Les détenus ont refusé de réintégrer leur cellule et commencé à incendier le mobilier. Tous les accès à la prison ont été bloqués, de peur de voir les émeutiers rappliquer.

 

“C’était la seule solution pour qu’on m’entende”

"Le but n'était pas d'en arriver là”, déclarait ce matin la mère du détenu au micro de BFM TV, alors que le calme semblait revenu dans la petite ville iséroise. Derrière les images de voitures incendiées se cache en effet la douleur d'une mère. Une mère dont le premier fils, âgé de 17 ans, est en prison et qui vient de perdre le second.

Les obsèques de ce dernier, décédé dans un accident de voiture en rentrant d'un cambriolage, ont finalement été repoussées à jeudi. Cela dans l’espoir que le fils aîné, qui a réitéré sa demande de permission, sous escorte cette fois-ci, puisse être présent. "C'était la seule solution pour qu'on m'entende", a poursuivi la mère de famille.

Raté, la seconde demande de permission du grand-frère a également été rejetée, selon son avocat. La mère de la famille a réagi en déclarant qu'elle ferait venir le cercueil dans le camp des gens du voyages, annulant les obsèques, "il ne bougera pas tant que mon autre fils ne pourra pas venir", a-t-elle dit.

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