Ambiance électrique ce jeudi devant les assises de Lyon. Alors que débutait une nouvelle journée d’audience dans l’affaire des évadés de Moulins, l’un des accusés s’est jeté sur un autre. L’audience a immédiatement été suspendue.
Il y avait quelque chose d’électrique ce jeudi matin au palais des 24 Colonnes. À tel point qu’un des accusés s’est jeté sur un autre. Depuis plus d’une semaine, se tient devant les assises de Lyon le procès sous haute tension des évadés de Moulins.
Évasion spectaculaire
À l’origine de ce procès, il y a une histoire d’évasion. Une des plus spectaculaires jamais vue en France. Le 15 février 2009, Christophe K. et Omar T., armés d'un couteau et d'une arme à feu, prennent deux surveillants en otage et parviennent à s’échapper de la centrale de Moulins-Yzeure en faisant sauter deux portes à l’explosif. Sur le parking du centre pénitentiaire, ils volent une voiture et se font la belle avec leur deux otages. Dans leur fuite, les deux compères provoquent plusieurs collisions. Ils libèrent finalement les surveillants et prennent un grand-père et son petit-fils en otage, qu’ils relâcheront un peu plus tard. Repérés le lendemain, ils seront interpellés dans un tunnel routier après un long échange de tirs au cours duquel Christophe K. sera grièvement touché au thorax.
Des explosifs scotchés entre les omoplates
Aujourd’hui, comparaissent à leurs côtés trois autres protagonistes, soupçonnés de complicité : Sylvie P., la compagne de Christophe K., Eugène B., codétenu suspecté d’avoir facilité leur évasion, et sa compagne Nadia K. Cette dernière a joué un rôle crucial, puisque c’est elle qui a introduit les armes et les explosifs dans la prison, scotchés entre ses omoplates, lors de ses visites à son compagnon. La jeune femme, âgée de 28 ans à l’époque des faits, possède des broches métalliques dans la colonne vertébrale et était donc dispensée de passer sous le portique de sécurité. Elle subissait uniquement une vérification avec un détecteur manuel.
Eugène B "explose"
Mercredi 10 avril, elle a livré sa version des faits devant le président du tribunal Dominique Brejoux. Après cette intervention, Christophe K. aurait tenu quelques propos “péjoratifs” à l’encontre de Nadia K., qui entretient toujours une relation compliquée avec Eugène B. Des mots qui ont visiblement énervé ce dernier, qui clame depuis le début son innocence. Alors que les accusés faisaient leur entrée dans la salle d’audience, il s’est jeté sur Christophe K. Les policiers sont immédiatement intervenus et le président, particulièrement surpris, a immédiatement suspendu la séance. Les pompiers ont été appelés, mais aucune blessure sérieuse n’est à déplorer.
“On le voyait tendu depuis ce matin”, raconte un policier qui avait repéré quelques signes de nervosité chez Eugène B. Entre eux, certains représentants des forces de l’ordre avaient même pressenti qu’il pourrait ”exploser”.
Après 15 minutes d’interruption de séance, le procès a pu reprendre avec l’audition des témoins de moralité de Sylvie P. Elle est suspectée d’avoir recruté et payé Nadia K.