Des parents d’enfants victimes de viols dans l’affaire de Villefontaine demandent à être associés à l’enquête administrative. Celle-ci doit étudier les conditions dans lesquelles s’est déroulée la condamnation de Romain F. en 2008. En effet, les auditions révèlent des propos troublants tenus par le directeur d’école. Selon Me Reviron, l’avocat de trois familles, “on aurait pu éviter” ce drame.
“On a le droit à la vérité, nous confie Nidal B., le père d’une petite victime de Romain F. Je ne veux pas que les conclusions du rapport d’enquête. Je veux aussi comprendre comment a fonctionné la justice.”
Le rapport d’enquête concernant Romain F., qui a abouti à sa condamnation en 2008 pour recel d’images pédopornographiques, révèle que l’instituteur était quelque part conscient de ce qu’il était capable de faire.
Abuser d’un enfant ? “Je ne peux pas le concevoir, mais je peux le craindre”
En 2006, l'instituteur avait téléchargé des photos sur une plateforme allemande, apprend-on du dossier. Les enquêteurs allemands préviennent alors leurs homologues français. Romain F. est interpellé une première fois en septembre 2007. Placé en garde à vue, il nie les faits, évoquant un piratage de son ordinateur. Il est relâché, mais les gendarmes procèdent à des vérifications techniques.
Il est de nouveau placé en garde à vue en avril 2008. Là, il reconnaît avoir téléchargé des images et avoue “un problème pour lui”. Interrogé sur d’éventuels gestes commis sur des enfants, il déclare qu’il n’est “jamais passé à l’acte” : “Je n’ai jamais eu de relations avec des mineurs.” Les enquêteurs cherchent à savoir s’il peut “passer à l’acte”. “Je ne peux pas le concevoir, répond-il. Mais je peux le craindre.” Cette affirmation interpelle forcément aujourd’hui.
Un appel au secours ?
“Il y a une forme d’appel au secours, estime Me Reviron. Nous sommes face à un vrai pédophile, véritablement attiré par les enfants. Et il a conscience de ce problème et cherche à être aidé.”
“Finalement, il est très explicite, il ne faut pas sortir de l’Ena pour le comprendre”, assène Nidal B. “Cela me révolte”, ajoute-t-il en accusant les magistrats de “laxisme”. Le père de famille, en compagnie de deux autres familles, souhaite ainsi clairement être associé à l’enquête administrative menée conjointement par les ministères de l’Éducation nationale et de la Justice.
Dans leur requête, il n’y a pas de haine, juste une forme de révolte constructive pour “éviter que l’histoire se répète”, affirme leur avocat.