La détention de Tariq Ramadan mise en cause à Lyon et à Villeurbanne

Les recteurs des mosquées de Lyon et Villeurbanne ont signé un communiqué en faveur de la "libération immédiate" de Tariq Ramadan, incarcéré dans le cadre d'une enquête pour viol et viol sur personne vulnérable. Le recteur de la mosquée de Villeurbanne, Azzedine Gaci, explique cette prise de position par "des raisons humanitaires et au regard de la dégradation de la santé" de l'islamologue.

Alors que la cour d'appel de Paris doit examiner ce jeudi le recours de Tariq Ramadan et se prononcer sur son éventuelle remise en liberté en rapport avec sa santé, les recteurs des mosquées de Lyon et Villeurbanne ont demandé dans un communiqué sa "libération immédiate". "Les demandes que nous avons faites sont pour des raisons humanitaires. Trois médecins ont dit que les conditions de détention n'étaient pas compatibles avec sa santé", explique Azzedine Gaci, le recteur de la mosquée de Villeurbanne. Incarcéré à Fleury-Mérogis depuis le début du mois de février, Tariq Ramadan a fourni des certificats établis à Londres et à Genève faisant état d'une sclérose en plaques et d'une neuropathie. Tandis qu'une première expertise médicale considérait que la détention de Tariq Ramadan était compatible avec son état de santé, la défense de l'islamologue aurait dénoncé le fait que le médecin ne disposait pas de son dossier médical complet et aurait effectué l'examen "sommairement".

"S'il est jugé coupable, il sera condamné et nous prendrons nos responsabilités"

Pour les recteurs des mosquées de Lyon et de Villeurbanne, l’islamologue serait "victime d'un lynchage médiatico-politique où les convictions personnelles et les rancœurs prennent souvent le pas sur la sacro-sainte présomption d'innocence à laquelle on ne songe pas un instant". Sa détention provisoire après plusieurs plaintes pour viols et le récit de scènes "d'une grande brutalité" était pourtant motivée par le juge des libertés et de la détention : conservation des preuves, garanties du maintien à la disposition de la justice du mis en cause et trouble à l'ordre public que pourrait engendrer sa remise en liberté. Les réquisitions du procureur évoquaient également la nécessité "d'empêcher toute pression sur les témoins et les victimes". "Notre état d'esprit n'est pas de se mettre à la place des juges ou d'entraver le cours de la justice, mais le personnage a été condamné par certains journalistes et politiques avant qu'il ne soit jugé" estime Azzedine Gaci. S'il est coupable des faits qui lui sont reprochés, il sera condamné et nous prendrons nos responsabilités. Nous demandons à ce que Tariq Ramadan soit traité comme les autres, ni plus ni moins". Et d'ajouter que l'islamologue pourrait être placé en résidence médicale surveillée pour permettre à la justice de "travailler en toute sérénité pour statuer sur sa culpabilité ou sur son innocence".

"Ne pas laisser s'installer le ressenti d'une justice à deux dimensions"

Au sein de la communauté musulmane de Villeurbanne, l'affaire Tariq Ramadan agite les discussions. "Ça va dans tous les sens et la communauté n'est pas unanime sur ces questions" indique Azzedine Gaci. "Mais certains se demandent pourquoi il y a cette sévérité de traitement pour lui et pas pour les autres, d'autres disent que c'est plus l'islam que l'on juge ou encore que ce sont les idées de Tariq Ramadan qui sont jugées. Nous ne voulons pas laisser s'installer le ressenti selon lequel il y aurait une justice à deux dimensions, c'est le but de notre démarche", conclut le recteur de la mosquée de Villeurbanne, récemment élu porte-parole du conseil des imams du Rhône.

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