Représentante des Tunisiens de France à l’Assemblée constituante de Tunisie (2011-2014), Karima Souid était jugée ce vendredi, à Lyon, pour outrage envers la commissaire de Vénissieux.
Liberté d'expression contre accusation d'outrage. Karima Souid était convoquée ce vendredi au tribunal de grande instance de Lyon. L'ex-députée tunisienne y comparaissait pour outrage. En cause, un message publié le 4 juillet dernier sur Facebook. Interpellant le député de la circonscription, Yves Blein (LREM), elle y assurait avoir été "agressée verbalement et physiquement" alors qu'elle était "venue déposer plainte en tant que victime". Karima Souid évoquait encore "un commissariat avec une commissaire démissionnaire et incompétente" - c'est sur cette allégation qu'elle est jugée -, "des agents de police qui vous manque(nt) de respect et qui vous violente(nt) quand vous êtes victime alors que vous venez pour déposer plainte" ou encore "des agents de police français qui ne maîtrisent pas la langue de Molière".
Trois mois de prison avec sursis requis
L'avocate de la commissaire mise en cause dans le message demande un euro symbolique de dommages et intérêts. Me Solenn Riou trouve les propos tenus par Karima Souid "écoeurants". Quant à la commissaire elle a tenu à prouver sa compétence en précisant les statistiques de ses agents, en matière de stupéfiants notamment. Karima Souid avait pointé les difficultés de Vénissieux sur cette question. Solidaire des forces de police, la procureure a pour sa part pointé des conditions de travail "atroces" au commissariat de Vénissieux. "Qui est Madame Souid pour nous faire la leçon et nous expliquer comment doit fonctionner la police ?", a-t-elle interrogé. Pour la magistrate le message de Karima Souid est "insultant", de nature à "à rabaisser les policiers".
L'avocat de Karima Souid a défendu "la liberté d'expression" de sa cliente. "Ce que fait le procureur, c’est la police de la pensée", a tonné Me Hervé Banaste. "Cette opinion, c’est la mienne", a réaffirmé Karima Souid. "Ses propos sont de nature à mettre le feu aux poudres et à être repris par des gens qui ont moins de conscience politique qu’elle", a estimé la procureure. Elle a donc requis trois mois de prison avec sursis. Le jugement a été mis en délibéré au 6 avril.