Entre 1978 et 1991, le père Preynat a violé et agressé sexuellement 13 enfants de moins de 15 ans dans le cadre de ses fonctions de prêtre au sein de la paroisse Saint-Luc à Sainte-Foy-les-Lyon.
Si d'autres victimes restent à identifier, le prêtre se trouve aujourd'hui face à la responsabilité de ses actes, commis plusieurs dizaines d'années plus tôt sur un groupe de scouts du groupe Saint-Luc. Sur les 13 victimes déjà identifiées par la brigade de protection de la famille, quatre sont concernés par des faits qui ont eu lieu moins de 20 ans après leur majorité. Les actes du prêtre ne seront donc pas prescrits par la justice civile. Pour les neuf autres, l’ancienneté des faits pourrait les faire passer sous le coup de la prescription.
"Le jour où un fils de député se fera tripoter, ils vont reconsidérer la question"
François Devaux, victime du prêtre et président de l'association "La Parole libérée", souhaite briser les tabous et relancer le débat, notamment sur les délais de prescription des agressions sexuelles sur mineurs. Une mesure pour les faire passer de 20 à 30 ans après la majorité des victimes avait été adoptée par le Sénat dans le passé, mais elle avait finalement été rejetée par les députés. François Devaux ne compte pas en rester là : "je serai pour la suppression du délai de prescription pour les agressions sexuelles sur mineurs. Je vais bientôt rencontrer une sénatrice pour discuter de ce sujet. Je pose le débat sur la table, car il faut réfléchir à ce genre de questions. Le jour où un fils ou un neveu de député de l'Assemblée nationale se fera tripoter, je pense qu'ils vont considérer la question."
Le diocèse était au courant des agissements du prêtre
Dans les locaux de la brigade de protection de la famille, la garde à vue du père Preynat a été prolongée. La deuxième journée, consacrée à des confrontations avec les victimes, continuer à soulever certaines des interrogations de François Devaux : "je considère cet homme comme quelqu'un qui a des dérives, il a commis des actes très graves. Je m'interroge sur ce qu'il a dit hier lors de l'interrogatoire, sur le fait que tous ses supérieurs étaient au courant de son passé. Pourtant, ils l'ont remis au contact d'enfants alors qu'un prêtre n'est pas forcé d'enseigner du catéchisme, il peut aussi avoir une mission où il n'est pas en contact avec des mineurs."
Effectivement, Monseigneur Decoutray était bien au courant des plaintes pour agressions sexuelles sur les jeunes scouts de la paroisse Saint-Luc. Décédé en 1994, il emporte avec lui ce dossier épineux, à l'époque géré en interne pour éviter le scandale. Le cardinal Barbarin affirme avoir été mis au courant beaucoup plus tard. Aujourd'hui, le diocèse de Lyon souhaite attendre le travail de la justice avant de s'exprimer. Le cardinal Barbarin envisage toujours la tenue d'un procès canonique, qui ne peut cependant pas avoir lieu pendant que la justice civile travaille sur le dossier.
François Dervaux, lui, "n'attend plus rien du diocèse de Lyon". Depuis plusieurs mois, il s'active pour obtenir une réaction du Vatican et contacte pour cela tous les cardinaux de France. Si le site internet de l'association reçoit plus de 2000 visites par jour et confirme l'intuition de François Devaux sur la nécessité de briser certains tabous, il reste convaincu que "l'attentisme - de l'Eglise- sur l'affaire aura des conséquences dramatiques pour son image en France."