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TGI de Vienne @Google Maps

Procès de 5 gendarmes à Vienne : les chahuts de trop ?

Cinq gendarmes de la brigade de Roussillon, en Isère, comparaissaient ce mardi devant le tribunal correctionnel de Vienne pour des violences aggravées envers l’une de leurs collègues, tout juste âgée de 20 ans. L’enjeu de l’audience était de mieux saisir la complexité de l’affaire : les faits étaient-ils de réelles violences commises par les gendarmes ou de simples jeux entre adultes consentants ?

Le procureur de Vienne s’était saisi de l’affaire à la suite d’une enquête interne diligentée par l’inspection générale de la gendarmerie.

Six cas précis concernaient les cinq gendarmes poursuivis notamment pour violences aggravées. Ces faits, relatés entre 2013 et début 2014, concernent plusieurs actes sur la victime : gazée à la lacrymogène, enfermée dans une cellule de sûreté, menottée à un arbre, le poignet tordu, une “béquille” réalisée à sa jambe, le tout dans un contexte particulier, comme l’a souligné Pierre Viard, le président du tribunal.

Une ambiance “potache”

Visiblement, "une ambiance chahuteuse régnait" dans cette brigade, le fait de quelques militaires parmi les 35 gendarmes en poste. "On riait fort dans les couloirs, on faisait la fête", selon les témoignages dans le dossier. "Chamailleries", "chahuts" et autres "turlupinades" sont autant de termes qui se sont succédé à la barre pour qualifier les rapports qu’entretenaient certains gendarmes entre eux.

Seulement voilà, ont-ils su tenir une limite entre eux et la jeune gendarme adjointe, tout juste sortie d’école et qui rêvait de faire carrière dans la gendarmerie ? Non, répond l’accusation. La jeune femme, brune aux cheveux courts, a gardé le regard fixe durant tous les débats. Le parquet a souligné sa fragilité psychologique, reconnaissant également qu’elle participait à ces "chahuts et en était parfois même l’investigatrice".

“Je ne condamne pas les hommes, mais les actes”

"Je ne condamne pas les hommes, dit-elle à la barre, d’une voix douce. Mais je condamne les actes." Le président Viard essaie de cerner son comportement. "Pourquoi ne pas en avoir parlé avant ?" lui demande-t-il. "Je le reconnais, je voulais me faire accepter, je devais le prendre à la légère. La limite, je n’ai pas réussi à la fixer", ajoute-t-elle en faisant référence à des gestes déplacés qu’elle pouvait elle-même avoir. Sur les faits, elle avoue "avoir eu peur".

“Une femme d’honneur dans Loft Story”

Dans sa plaidoirie, l’avocat de la jeune femme, Me Grabarczyk, relève : "C’est une femme d’honneur, qui est rentrée dans Loft Story", en faisant référence aux programmes télévisés. D'une part, il y a une femme gendarme reconnue par tous, de l'autre, il y a un lieu voyeur avec son lot d'histoires sexuelles. Il décrit une femme qui s’est "éteinte depuis son arrivée à la brigade".

"Elle ne souriait plus, elle était dans un état dépressif", décrit l’avocat en citant les propos de la propre mère de la victime. Depuis l'enquête judiciaire, la jeune femme est en arrêt maladie, et a accepté un soutien d'un psychologue.

Ne pas vouloir lui faire du mal

En face, sur le banc des prévenus, les cinq hommes, âgés de 27 à 37 ans. Tous sont reconnus dans leur métier, même le procureur a fait référence à leurs brillants états de service. Ils réfutent tous avoir volontairement voulu faire du mal à leur collègue. "Elle était mon amie", dira l’un. "Ce n’était pas notre souffre-douleur", affirme un autre. S’ils reconnaissent certains jeux déplacés, ils affirment que la jeune femme était consentante. Ils évoquent aussi l’ambiance, "potache", souligne leur propre avocat, Me Gabriel Versini.

De 800 euros d’amende à 4 mois de prison avec sursis requis

Dans sa plaidoirie, l’avocat de la défense a demandé la relaxe de ses clients, invoquant notamment "un mobile inopérant en droit pénal". Pour lui, une instance disciplinaire aurait suffi. Mais la plaisanterie est-elle allée trop loin vis-à-vis de cette jeune femme "qui oscille entre fille de joie et fille de peine", de l’aveu même du procureur ?

Celui-ci a requis des peines mesurées, entre 800 euros d’amende et 4 mois de prison avec sursis pour le gendarme le plus impliqué dans les faits. Le jugement du tribunal est attendu pour le 30 septembre.

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