Collomb tente une OPA sur le Modem

Il tente de forcer cet avantage à l'occasion de la primaire centriste, en imposant son candidat : Azouz Begag.

Perben ou Collomb ? De quel côté basculera le Modem au soir du premier tour des municipales, le 9 mars prochain. La ligne politique définie par François Bayrou veut que le parti reste "autonome", et ne choisisse ses alliances qu'au dernier moment, en fonction des "convergences" apparues lors de la campagne. On comprend que ni Perben ni Collomb n'ont envie d'attendre aussi longtemps. Le maire de Lyon pense avoir un avantage. Fin août, il avait confié sa conviction d'avoir les faveurs des militants centristes (Lyon Capitale du 28/08) : "Depuis la campagne de Bayrou, il y a des adhérents au Modem, qui sont plutôt jeunes et de centre-gauche. Perben, ce n'est pas leur trip..."

Collomb a donc trouvé dans les primaires du Modem une occasion de lever l'incertitude en imposant un candidat dont on sait qu'il ne s'alliera qu'avec lui : Azouz Begag, l'ancien ministre de Villepin, qui veut faire de Lyon "la capitale de l'anti-sarkozysme". L'offensive Begag a pris de l'ampleur la semaine dernière, quand deux candidats se sont désistés en sa faveur, Eric Lafond et Gilles Vesco, présenté comme l'homme de Collomb au Modem. Derrière Begag, à la notoriété et la popularité incontestable, une dynamique s'est ainsi créée.

Mais cette offensive un peu voyante a mis le feu au poudre. Autant chez les partisans de l'autonomie que ceux d'une alliance avec Perben. Un cadre du Modem confie : "Vesco, on sait qu'il a fait le choix de Collomb depuis longtemps. Le jour de la venue de Bayrou, Collomb annonce sa réconciliation avec Begag et un mensuel dont le patron est l'ami de Collomb sort un sondage pour nous expliquer que Begag est le meilleur candidat... La ficelle était un peu grosse !"

"Perte d'indépendance"
La riposte s'est cependant fait attendre... jusqu'à la dernière minute du dépot des candidatures pour la primaire. Avec une surprise de taille : le retrait d'une des favorites, Anne-Sophie Condemine, et du président des jeunes, Marc Augoyard, au profit du délégué départemental, Christophe Geourjon. S'il est inconnu du grand public, ce proche de Michel Mercier connaît par contre - par sa fonction - tous les adhérents. Un avantage qui fait sans doute de lui le seul capable de battre Begag. Il confirme : "Ce qui m'a interpellé, ce sont les alliances, annoncées lundi, quand Gilles Vesco et Eric Lafond ont rejoint Azouz Begag. J'ai considéré qu'on avait une perte d'indépendance. Ces candidats ont indiqué un positionnement politique clair, en faveur de la gauche. C'est une position respectable, mais ce n'est pas celle du Modem. La position du Modem c'est : Un, l'indépendance. Deux, la liberté de choisir en fonction des projets." Il précise : "Nous avons conduit cette réflexion à plusieurs, avec notamment Anne-Sophie Condemine et Marc Augoyard. Et nous avons décidé que la meilleure solution pour préserver l'indépendance du mouvement, c'était ma candidature. Je suis dans le contexte actuel la personne la mieux à même de rassembler après les primaires".

Le 6 décembre, ce sont les militants du Modem qui trancheront. Tout le monde aura les yeux rivés sur eux, car ils choisiront bien plus qu'une tête de liste : ils adopteront une stratégie, qui pourrait bien décider du sort des prochaines municipales.

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