Le conseil métropolitain a adopté ce lundi le plan de mandat de la métropole de Lyon. 3,5 milliards d'euros seront investis par la collectivité publique d'ici 2020, répartis sur 1 175 projets. Gérard Collomb a voulu inscrire ce document fondateur dans sa vision politique, celle d'un monde régi par la compétition entre les grandes métropoles.
À l'heure de présenter un plan de mandat, attendu depuis 15 mois comme n'a pas manqué de le rappeler son opposition, Gérard Collomb a voulu y mettre les formes. En préambule de l'inventaire des grands projets que va impulser la métropole d'ici 2020, le sénateur-maire de Lyon s'est donc livré à une sorte de discours de politique général, de l'état de l'agglomération. Gérard Collomb a tenté de donner du sens aux chiffres : 1175 projets pour une enveloppe de 3,5 milliards d'euros. "Programmer ses investissements, c’est faire des choix, c’est acter des priorités, c’est se projeter vers le futur. Programmer ses investissements, c’est s’engager sur le long terme, c’est esquisser un chemin, c’est dire où doit aller le territoire dont nous avons la responsabilité. La Métropole de Lyon, parce qu’elle est une "collectivité complète ", a désormais en charge le destin de tout un territoire", entonne le président de la collectivité. Dans un plaidoyer pour la métropole qu'il a créée avec Michel Mercier, il évoque la métropolisation du monde : "nous vivons en effet dans ce que Pierre Veltz appelle une "économie d’archipel" où les flux économiques, mais aussi les grands mouvements d’échange intellectuel et culturel, se font entre les grandes métropoles du monde. Lyon ne pouvait rester à l’écart d’un tel mouvement".
"La métropole face brillante et face sombre"
Après l'exercice de style littéraire, l'agrégé de Lettre de formation a entonné la rengaine de son plan de mandat : défi économique, social et environnemental. "Pour exister face aux autres métropoles, il faut créer des richesses, attirer les investissements (…) Si les grandes métropoles attirent, si les grandes métropoles génèrent de la richesse, si les grandes métropoles ont partout dans le monde une face brillante, elles ont aussi une face plus sombre. Elles sont souvent le lieu où cohabitent la plus grande richesse et la plus extrême pauvreté. Avec le risque permanent que cette coexistence se mue en fracture, que le "côte à côte" ne dégénère en "face à face". C’est pour contrecarrer cette tendance à l’éclatement de la ville, à sa fragmentation, que, depuis près de quinze ans, nous avons fait le choix de bâtir une ville de la mixité sociale, pour éviter qu’elle ne se stratifie", poursuit le président de la métropole avant de citer les quartiers de l'agglomération qui seront rénovés durant le mandat : Duchère, Bron, Mermoz, Vénissieux, Vaulx-en-Velin. Dans les grands projets qui seront financés d'ici 2020, Gérard Collomb insiste sur la Part-Dieu, le Carré de Soie, Gratte-Ciel Nord à Villeurbanne, la phase 2 de la Confluence, Gerland.
L'opposition cherche une vision
L'exercice de style n'a pas suffi à lever les doutes de son opposition qui votera tout de même pour le plan de mandat. Philippe Cochet, président du groupe Les Républicains raille : "une liste de course qui ne donne pas une vision de la construction de la Métropole. La PPI est un empilement de projets certes utiles et parfois nécessaires, mais sans vision globale de développement. Nous conservons une logique intercommunale et non métropolitaine". Le député-maire Les Républicains de Caluire-et-Cuire s'est aussi étonné du manque de précision du plan de mandat sur le calendrier et le financement des 1175 opérations. Une remarque aussi formulée par Christophe Geourjon, président du groupe UDI : "Nous ne pouvons cependant que regretter que votre plan brille par son imprécision. En effet vous avez dressé une liste exhaustive des 1175 projets, mais vous n’avez mis aucun chiffre en face de chacun de ces projets. J’espère que ce n’est pas pour réaliser une partie de ces projets au rabais !".
À quand le TOP ?
L'élu centriste a aussi interpellé Gérard Collomb sur la promesse de boucler le périphérique lyonnais : "Nous apprenons au détour de cette PPI que le projet de contournement par l’Anneau des Sciences ne va pas voir le jour prochainement. C’est à peine si l’on assiste à la phase timide des préliminaires avec des crédits pour des études. Monsieur le Président osez ici, devant la représentation métropolitaine, assumer le fait que ce projet ne sera jamais entrepris tant que vous serez en responsabilité". Les écologistes ont effectivement fait de ce projet un casus belli. Le groupe Europe Écologie-Les Verts a voté le plan de mandat en soulignant "une PPI encourageante". Le Gram de Nathalie Perrin-Gilbert s'est abstenu. La maire du 1er arrondissement a notamment regretté de ne pas voir la transposition dans le plan de mandat du passage à la métropole : "le projet territorial et politique de notre métropole est bien plus selon nous que la somme des intérêts communaux".