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Crise sociale au Grand Lyon : Collomb vise "l'orientation philosophique" des agents

Suite à l'immolation survenue cet été au Grand Lyon, Gérard Collomb a expliqué "la difficulté" à manager les agents de la propreté du fait, notamment, de leur "orientation philosophique". Stupeur des syndicats, dans un service où, selon la Licra, les tensions sont fréquentes entre les éboueurs et ceux qui les dirigent. Les premiers étant "principalement des personnes d'origine maghrébine", et les seconds "des Français d'origine".

Lundi soir, la crise sociale qui couve au service propreté du Grand Lyon s'est invitée en conférence de presse au Grand Lyon, avant la séance plénière. Depuis la première immolation, le 19 juillet dernier, puis la tentative d’immolation survenue le 4 septembre, "le Grand-Lyon n'est pas resté inactif", a assuré Pierre Crédoz, le vice-président aux ressources humaines, qui a rédigé un cahier des charges en vue de recruter un expert indépendant d'ici le 2 octobre. Celui-ci auditera l'ensemble des 2.000 agents du service propreté. "Les rapports entre agents et avec leur hiérarchie seront passés au crible", précise Gérard Collomb. Revendication de longue date des syndicats. La mission d'expertise rendra ses conclusions avant l'été.

Deux mille agents au service propreté

Gerard-Collomb ()

Mais le président du Grand Lyon semble avoir déjà son explication au malaise au sein de ce service, comme il l'a expliqué lundi soir : "On comprend que ces équipes soient plus difficiles à manager que la direction des grands projets, a-t-il déploré devant les journalistes interloqués. Si vous ne le comprenez pas vous-mêmes, je vais vous l'expliquer : ce sont des gens qui ont des orientations politiques et philosophiques différentes. Des personnes embauchées avec un niveau de qualification beaucoup moindre, pas forcément les populations les plus favorisées. (...) Des gens qui ont des problèmes familiaux, personnels, financiers. C'est très compliqué à gérer pour le Grand Lyon." L'argument du nombre a également été évoqué : "Il y a deux mille agents au service propreté, pas dix comme à la direction des grands projets."

"Les traditions n'ont rien à voir là-dedans !"

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Lotfi Ben Khelifa, secrétaire général du syndicat FNACT-CFTC se dit "choqué" par les propos de Collomb : "Les fonctionnaires du service propreté sont avant tout des Français, ni plus ni moins que les autres. Je comprends qu'ils soient plus difficiles à gérer que des fonctionnaires de catégorie A, mais les traditions, les origines, n'ont strictement rien à voir là-dedans !" Le problème vient plutôt, selon le responsable syndical, de "l'opacité dans la gestion des effectifs, des responsables qui n'ont pas le courage de faire respecter les règles de service, et des excès de pouvoir de certains petits chefs" notamment au moment de l'affectation des postes à la collecte le matin. Selon la Licra, les tensions seraient en effet fréquentes entre les éboueurs, "principalement des personnes d'origine maghrébine", et ceux qui les dirigent, "des Français d'origine". L’association a ainsi eu à gérer quatre dossiers de discrimination entre agents au service propreté du Grand Lyon depuis 2008.

Un service "très difficile à manager"

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L’affectation des postes le matin cristallise apparemment tous les conflits. Certains éboueurs se plaignent d'être systématiquement envoyés aux quatre coins de l'agglomération, alors que d'autres sont affectés à leur secteur d'habitation et, grâce au "fini-parti", terminent plus vite leur travail et peuvent rejoindre leur domicile… ou un autre job, la pratique du double emploi étant assez répandue. La LICRA constate que ces pratiques de petites faveurs exacerbent les tensions dans ce service "très difficile à manager", comme le confirme le président régional Roger Benguigui. Il ne souhaite cependant pas polémiquer sur les propos de Gérard Collomb : "Quand il parle d'orientation philosophique, la formule est ampoulée, mais je comprends qu'il parle de leur engagement politique, syndical. de leur vision du travail." Il ajoute cependant : "Ce n'est pas pour autant que nous sommes contents de la façon dont sont gérés les problèmes de racisme au Grand Lyon." Les syndicats déplorent eux aussi des "discriminations devenues monnaie courante". Armand Creus, de la CGT, conseille à Gérard Collomb d'attendre les conclusions de l'expert avant de se prononcer sur les raisons des problèmes de management au Grand Lyon.

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