Bureaux de Gérard Collomb au soir du premier tour des Municipales - Mars 2014
Tim Douet – Bureau de Gérard Collomb à l’Hôtel de ville au soir du premier tour – Mars 2014

Gérard Collomb : le printemps n’est pas encore étincelant

Dimanche prochain, Gérard Collomb sera très vraisemblablement le héros indiscuté de la soirée électorale. Les épanchements euphoriques des soirs de victoire céderont alors le pas à ce singulier moment de doute qui a étreint les soutiens du maire sortant dimanche soir. Comme si, par un apprentissage aussi soudain que précipité, une modestie avait irrigué des rangs de jeunes socialistes lyonnais bien plus coutumiers de la morgue et de l'orgueil entretenus par les succès passés.

Car, dimanche soir, après le premier tour, cette sorte de félicité qui récompense les engagements militants dans les triomphes des crépuscules électoraux avait abandonné l'humeur générale des socialistes.

Impressions nauséeuses

Le QG de campagne de Gérard Collomb mit longtemps à se remplir, alimentant une molle sensation d'atonie tout au long de la soirée. Les salons de l'hôtel de ville, eux non plus, ne bruissaient pas de cette effervescence particulière qui accompagne ces soirées qui décident de l'avenir d'une ville et donnent le ton d'un pays. Une poignée de journalistes accueillait des résultats encore chiches pendant que, dans les corridors qui conduisent au bureau du maire, veillaient quelques conseillers épars. On parvenait à les entrevoir à travers les hautes fenêtres qui éclaboussaient de lumière la cour d'honneur de l'hôtel de ville, détrempée d'une pluie froide et cinglante qui annonçait mal le printemps.

Car le résultat de Nathalie Perrin-Gilbert dans le 1er arrondissement allait donner le la des sentiments socialistes du soir, même si la percée inquiétante du Front national à Lyon, comme dans le reste du pays, n'était pas totalement étrangère au partage de ces impressions nauséeuses. Curieuse impression sans doute de connaître la défaite à l'occasion de la victoire de celle qui fut membre de la famille.

Sacrifier le 1er

Vers 22h30, lorsque le pressentiment se mua en conviction, quelques élus traversèrent les grilles de l'hôtel de ville sous ces giboulées glaciales de mars devisant en aparté de la difficulté du moment : “À droite, ils ont peu de réserves, même si on sacrifie le 1er...” La pluie et le vent couvraient la suite de l'échange, qu'on devinait inquiet.

Le QG de campagne était désormais bondé, sans cependant déborder dans la rue qui restait déserte. Gérard Collomb allait faire un discours mais on comprenait que la ville ne communierait pas ce soir avec son maire. À son arrivée, l'on remarqua les yeux rougis et humides d'Odile Belinga, celle à qui incombait la tâche de disputer le 1er arrondissement à Nathalie Perrin-Gilbert. Collomb pénétrait dans le local silencieux, serra des mains dans une tension contenue. Dans ces moments où une assistance reste mutique, où la foule des supporters, n'ayant rien à célébrer, reste hésitante et interdite, le crépitement incessant et multiplié des appareils photo glace un peu plus l'assistance, alourdit un peu plus le contexte.

“On va gagner ! On va gagner !”

Alors, seul au centre d'une foule qui se tenait à distance, muette, Gérard Collomb, bras croisés, battit des mains : “On va gagner ! On va gagner !” À sa suite, son QG tout entier l'imita enfin, rompant une ambiance pesante. Du haut de l'estrade où il prononça son premier discours, il commença par ces mots : “Si nous avons gagné dans ce premier tour...” Précisant immédiatement : “car nous avons gagné”. L'amorce signifie bien que Gérard Collomb avait en tête qu'il ne s'agissait pas d'une évidence.

Une heure plus tard, lorsque le maire gravit les marches de la préfecture, un photographe confondait le tapis rouge avec celui de Cannes : “M'sieur le maire, par ici, un sourire, m'sieur le maire, voilà, bravo ! Encore ! Les bras levés, m'sieur le maire, voilà, super !! Parfait !!”

Les bras levés ne feront pas oublier une soirée triste, qui restera celle des larmes de Belinga. Le printemps n'est pas encore étincelant.

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